Quatre partis, quatre candidats autochtones: Tunu Napartuk

« Ullaakkut ! » La qualité de la communication en visioconférence entre Montréal et le Nunavik n’est pas constante, mais la fierté et la bonne humeur de Tunu Napartuk, candidat libéral dans Ungava, sont très nettes. Sa salutation matinale enjouée en inuktitut, sa langue maternelle, en est le reflet.
Quand il a reçu un appel du Parti libéral, plus tôt cette année, celui qui a été maire de Kuujjuaq de 2012 à 2018 n’a pas hésité à revêtir ses couleurs.
« Les Inuits ne veulent pas se séparer du Canada. Le nationalisme québécois affecte notre lien avec le gouvernement du sud. Le Parti libéral est fédéraliste, ça fait longtemps que je le suis. Il peut représenter nos besoins », dit-il dans un excellent français, sa troisième langue.
Tunu Napartuk a toujours eu l’impulsion de représenter son peuple. « J’ai commencé dans un conseil étudiant à l’école pour représenter ma classe », précise-t-il en riant. Il a ensuite travaillé dans le milieu du cinéma, coréalisant notamment le documentaire Ullumi, au sujet des défis de développement pour les Inuits.
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« C’était une façon de donner notre point de vue, de dire qui on est, ici, au Nunavik », dit l’homme aux yeux rieurs et au visage rond orné d’une moustache et d’une barbiche.
Après quatre ans à travailler pour la commission scolaire Kativik, il se sent fin prêt à retourner à la vie politique. « Je sens que je peux être élu et que je peux bien représenter les miens à Québec, affirme-t-il. Il y a une déconnexion entre le gouvernement actuel et nos réalités. »
Ces réalités, c’est le manque criant de logements, au point que jusqu’à trois générations de familles nombreuses doivent s’entasser dans de petits bungalows. C’est être forcé de prendre l’avion pour recevoir nombre de soins médicaux. C’est l’insécurité alimentaire qui tenaille trop de ménages. C’est la crainte de perdre sa langue et sa culture.
« La loi 96 va affecter notre capacité à garder notre identité, estime le candidat à la voix très calme. Être forcé d’apprendre une troisième langue, ça peut avoir des conséquences. »
Les changements climatiques dans la toundra préoccupent aussi beaucoup le père de famille, qui a six enfants et un petit-fils d’un an. « On voit ses effets d’une année à l’autre. Les modifications à l’environnement touchent beaucoup les animaux dont on a besoin comme chasseurs-pêcheurs. Sans cette connexion à l’environnement, on ne serait pas là aujourd’hui comme peuple », déclare-t-il d’un air inquiet.
Une autre chose qui a permis aux Inuits de survivre aux épreuves des dernières décennies, c’est la force des liens communautaires et familiaux élargis. « Je dois m’assurer que mon petit-fils a une bonne qualité de vie », plaide le candidat libéral.
Et pour cela, il est temps qu’un premier député inuit entre à l’Assemblée nationale, croit-il, puisque beaucoup de dossiers chers à ses yeux sont de compétence provinciale. Il dit avoir reçu un énorme soutien au Nunavik depuis l’annonce de sa candidature.
« Je vais envoyer le message aux gens du Nunavik et aux Cris : il faut sortir voter ! C’est une chance qu’il ne faut pas manquer de faire enfin entendre nos voix. »