Le PQ paierait les médecins moins cher

Un gouvernement du Parti québécois (PQ) réduirait la rémunération des médecins pour réinvestir les fonds ailleurs dans le système de santé. C’est ce qu’a laissé entendre le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, en entrevue éditoriale avec Le Devoir.

Le candidat au poste de premier ministre s’était déjà engagé à revoir la rémunération des médecins, sans jamais préciser comment. Il compte sur une baisse des salaires des praticiens, en plus d’une meilleure utilisation des ressources, dit-il dans les bureaux du Devoir, à Montréal.

« Ça va générer une baisse des coûts. Et donc, on aura plus d’argent pour réinvestir dans le système de santé », indique M. St-Pierre Plamondon.

Pour le moment, au Québec, les médecins font la plus grande partie de leur argent en effectuant des actes médicaux. En 2019, les omnipraticiens québécois engrangeaient en moyenne 274 000 $ par année, selon l’Institut canadien d’information sur la santé. En 2021, plus de 7,5 milliards de dollars ont été investis pour payer le corps médical.

Dans des endroits comme l’Ontario, une part de la rémunération est liée à la prise en charge de patients. Le chef caquiste, François Legault, s’était engagé en 2018 à imiter la province voisine en instaurant un système mixte ; il ne l’a pas encore fait.

« Le système à l’acte n’a jamais été réformé », observe « PSPP ». « Ça nous coûte beaucoup plus cher que si on [fonctionnait] par capitation. »

À noter

À l’aube des élections, Le Devoir a invité les chefs à s’asseoir à sa table éditoriale pour défendre le programme de leur parti. Ils ont tous accepté notre invitation. L’ordre de publication des entrevues a été déterminé en fonction des disponibilités des chefs de parti. Paul St-Pierre Plamondon est le second à avoir pu participer à ces tables éditoriales.

Un gouvernement St-Pierre Plamondon négocierait de nouvelles ententes avec les ordres professionnels des médecins pour fixer de nouveaux taux de prise en charge, sans toutefois abandonner entièrement la rémunération à l’acte. Il assure qu’une telle proposition ne découragerait pas les professionnels qui souhaitent se lancer en médecine. « Il y a plusieurs médecins en faveur d’un système public et accessible », constate-t-il.

« En gros, ça va nous coûter moins cher », résume le chef du PQ, qui s’engage par ailleurs à réduire la part du privé dans le réseau de la santé.

Voyez l'entrevue éditoriale complète dans la vidéo ci-dessous:
 

 

Un nouveau budget de l’an un

Avec plus d’argent dans ses coffres, Québec aurait les moyens d’investir plus d’argent dans les CLSC et les soins à domicile, la priorité de cette campagne électorale pour le PQ. Ce serait aussi l’occasion pour que les finances publiques se refassent une santé, observe M. St-Pierre Plamondon. Il présentera d’ailleurs une mise à jour des finances d’un Québec souverain — un « budget de l’an un » — d’ici le premier débat de la campagne électorale, a appris Le Devoir.

« Je pense que les gens vont lire ça avec beaucoup d’intérêt. Y compris [François] Legault », qui avait écrit un budget de l’an un en 2005. M. St-Pierre Plamondon n’a pas voulu donner plus de détails, hormis que le document, dont la diffusion était d’abord prévue pour la fête nationale, est approuvé par des experts.

PSPP maintient qu’il n’y a pas meilleur véhicule pour l’indépendance sur la scène politique actuelle que le PQ. « Nous, on s’assume totalement. »

Il attaque frontalement Québec solidaire (QS), qui a inscrit sa proposition souverainiste à l’avant-dernière page de sa plateforme, observe-t-il. « Le programme de Québec solidaire en matière d’indépendance, c’est la manière de s’assurer que ça n’ait jamais lieu », lance le chef péquiste.

« C’est un débat sur une constitution dans le cadre duquel tu as des fédéralistes et des indépendantistes. Des gens qui ne pensent pas la même chose […] sur plein [d’affaires] », enchaîne-t-il. « Ensuite, le vote, il n’a pas lieu sur si on veut décider par nous-mêmes si on veut un pays, il a lieu sur l’ensemble de ce document-là. Voyez-vous la quantité d’occasions de dire non ? »

M. St-Pierre Plamondon balaie de nouveau du revers de la main l’idée de s’allier au parti de gauche, qui récolte six points de pourcentage de plus que sa formation dans les intentions de vote des Québécois, selon le dernier sondage Léger. « Il y a un seul [parti] qui fait de la publicité, des messages pour promouvoir le fait qu’on devrait décider par nous-mêmes comme un État normal », soutient-il.

Le chef péquiste estime mener une campagne « plus avant-gardiste » et « plus ambitieuse » que QS à certains égards. Il souhaite investir deux milliards de dollars par année de plus en soins à domicile et n’offrirait pas de congé de taxes comme les solidaires le proposent. « Des fois, je suis surpris de voir qu’on est le seul parti à dire des choses comme “protégeons nos services publics”. »

En matière climatique, PSPP convient qu’il existe plusieurs similarités entre les programmes des deux formations. Interrogé sur sa décision d’attendre avant d’imposer des taxes à l’achat de véhicules polluants — contrairement à QS —, il se justifie : « Même si je mets [une surtaxe] demain matin sur tous les véhicules à vendre, le consommateur n’a pas d’options. […] S’il est prisonnier de cette option-là, on a beau monter le prix du gaz, taxer, surtaxer, tout ce qu’on fait, c’est l’appauvrir. »

« Je n’ai pas peur »

Le moins connu de tous les chefs de parti, Paul St-Pierre Plamondon garde le cap, même si le PQ tire de l’arrière dans les intentions de vote : c’est en faisant campagne de manière « positive » qu’il gagnera le coeur des Québécois, croit-il.

« J’essaie le moins possible d’être dans [un] concours de superlatifs », lance le chef péquiste, qui souhaite s’appuyer sur le principe « qualité avant quantité » pour mener sa tournée électorale.

« Sur l’indépendance, on m’a dit : “Vous comptez appuyer l’indépendance du Québec, n’avez-vous pas peur ?” “Vous nous dites vouloir faire de la politique sans attaquer les autres, n’avez-vous pas peur que ça vous enlève de la visibilité ?” » soulève le chef péquiste.

« Je n’ai pas peur », rétorque-t-il.

PSPP promet d’avoir « du fun » d’ici la fin de la campagne, peu importent les tendances observées dans les sondages. Questionné sur ses intentions s’il n’était pas élu, le chef du PQ a répondu qu’il s’en remettrait aux membres du parti. « Je suis dans un parti de membres. Je me suis engagé auprès des membres [à] servir aussi longtemps que mes services seront requis », dit-il. « Je serai toujours loyal. »

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