Des chantiers pour répondre à la demande, dit Legault

Le chef caquiste, François Legault, a endossé ses habits de grand bâtisseur, mardi, en proposant de relancer la construction de nouveaux barrages hydroélectriques, l’occasion de chantiers historiques.
À Bécancour, M. Legault a déclaré que cette initiative visait un double objectif : éliminer les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 et faire disparaître l’écart de richesse qui sépare le Québec de l’Ontario.
« Je pense que c’est le plus grand chantier économique et le plus grand chantier écologique de l’histoire du Québec, rien de moins », a-t-il lancé devant un parterre de gens d’affaires.
Dans un deuxième mandat, la Coalition avenir Québec (CAQ) relancerait notamment la construction de grands barrages hydroélectriques pour répondre à une reprise de la demande.
Je pense que c’est le plus grand chantier économique et le plus grand chantier écologique de l’histoire du Québec, rien de moins
Selon le chef caquiste, Hydro-Québec doit augmenter sa production après des années où des surplus d’électricité s’accumulaient. « Je vous annonce ce matin que je vais demander à Hydro-Québec de regarder la possibilité de construire de nouveaux barrages pour avoir de l’énergie propre additionnelle », a-t-il dit.
Emplois payants
Selon M. Legault, cet accroissement de la demande provient d’entreprises qui veulent venir s’établir au Québec pour réduire leur bilan carbone en profitant de l’hydroélectricité. Il faudrait ajouter une capacité annuelle de 100 TWh de plus à la production actuelle de la société d’État, qui est de 200 TWh.
M. Legault s’est dit persuadé que la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, saura s’entendre avec les communautés autochtones et inuites.
S’en remettant à Hydro-Québec pour les endroits potentiels où des constructions seraient possibles, il s’attend à des propositions au cours des prochains mois. L’horizon de construction d’un barrage est d’une quinzaine d’années. « On va essayer de raccourcir ça », a dit le chef caquiste.
Le premier ministre sortant n’a pas donné d’indication des investissements qui seront nécessaires pour mener à bien tous ces chantiers.
Hydro-Québec a confirmé au Devoiravoir « réalisé dans le passé des évaluations afin de documenter le potentiel hydroélectrique à différents endroits au Québec », refusant par ailleurs de mentionner les sites en question.
Pour répondre à la demande d’électricité, Hydro-Québec avance devoir augmenter sa capacité de production, qui ne sera plus suffisante dès 2027. Et selon la société d’État, 100 TWh devront être ajoutés au réseau rien que pour atteindre l’objectif de carboneutralité du Québec d’ici 2050.
Éolien
M. Legault a aussi annoncé 3000 MW d’énergie éolienne, ce qui viendrait presque doubler la capacité d’Hydro-Québec, approvisionnée actuellement par 3700 MW d’électricité produite dans des parcs éoliens.
« La beauté de l’éolien, c’est que ça se construit rapidement », a-t-il dit.
Le chef caquiste veut aussi récupérer 8 TWh grâce à des programmes d’efficacité énergétique.
La CAQ investira également 50 millions pour ajouter 1200 bornes de recharge rapides pour les automobiles et 15 000 bornes de niveau 2.
Les caquistes veulent aussi investir 40 millions dans la création d’un centre de recherche sur les batteries électriques en Mauricie et dans le Centre-du-Québec.
En noir et blanc
Faisant de l’hydrogène vert l’énergie de l’avenir, la cheffe libérale Dominique Anglade a accusé M. Legault de vivre dans le passé avec ses projets de barrages. « François Legault joue dans un film en noir et blanc tandis que la réalité est en couleurs », a-t-elle dit en excluant la grande hydraulique de ses priorités.
En annonçant ses intentions d’ouvrir de nouveaux chantiers, François Legault « pellette le problème par en avant », a martelé le co-porte-parole solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, en direct de Gatineau.
« Si on veut l’atteindre, la carboneutralité en 2050, on ne peut pas se fier sur des barrages qui vont être construits dans des dizaines et des dizaines et des dizaines d’années », a-t-il analysé.
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a accusé la CAQ de brûler les étapes. Selon lui, il faudrait d’abord atteindre des objectifs d’efficacité énergétique avant de se lancer dans la construction de nouveaux barrages. « Il faut ouvrir la porte aux barrages électriques, mais il ne faut pas brûler les étapes », a-t-il dit dans le cadre de sa tournée en Gaspésie.
De passage à Montréal, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, s’est interrogé sur les coûts du projet historique de M. Legault.
« On parle de 15 milliards de dollars, c’est énormément d’argent », a-t-il dit.
Le chef conservateur a répété son engagement d’exploiter les hydrocarbures québécois.
Avec Ulysse Bergeron, François Carabin et Florence Morin-Martel