La FQM exige que les régions soient «maîtres chez elles»

La Malbaie, dans Charlevoix. Selon la FQM, il faut laisser aux régions le soin de définir et de combler elles-mêmes leurs besoins en habitation et en main-d’œuvre.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir La Malbaie, dans Charlevoix. Selon la FQM, il faut laisser aux régions le soin de définir et de combler elles-mêmes leurs besoins en habitation et en main-d’œuvre.

La Fédération québécoise des municipalités (FQM) réclame une décentralisation massive de l’État et une couverture cellulaire complète du Québec d’ici la fin du prochain mandat.

Ces demandes font partie des neuf mesures présentées à l’attention des partis en lice aux élections provinciales du 3 octobre prochain.

Le regroupement municipal, à titre de « porte-parole des régions », déplore le statut de parent pauvre qui colle encore à celles-ci à son avis. Soins de santé déficients, réseau cellulaire incomplet, transport collectif quasiment absent : les régions et leurs habitants jouent à armes inégales par rapport aux grandes villes, et c’est tout le Québec qui en souffre, maintient la FQM.

La Fédération présente jeudi neuf mesures à mettre en place par le prochain gouvernement pour pallier ce déficit. Plusieurs demandes se déclinent d’ailleurs autour d’un même thème : la décentralisation des services et du gouvernement québécois.

« L’État québécois est l’un des gouvernements les plus centralisés », déplore la plateforme, qui demande aux partis « d’aller plus loin » que le transfert de 5000 postes en région entamé en début d’année par la CAQ. La FQM leur demande de morceler les centres de décision, souvent concentrés à Montréal et à Québec, pour les rapprocher des réalités régionales.

Il faut, selon l’organisation, laisser aux régions le soin de définir et de combler elles-mêmes leurs besoins en habitation et en main-d’oeuvre. Les pénuries de logements et de personnel frappent durement plusieurs d’entre elles. Or, les solutions préconisées au sommet des grandes structures sont souvent mal adaptées aux impératifs du terrain.

« On est en train de regarder le Québec comme si toutes ses régions étaient pareilles », se désole Jacques Demers, président de la FQM. « Les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais réalisé leurs promesses en matière de logements sociaux, communautaires et abordables », rappelle l’organisation, qui voit dans le dossier du logement « une preuve de plus que les programmes nationaux uniques gérés par une seule entité n’arrivent jamais à s’adapter aux besoins et à atteindre les objectifs fixés ».

Idem pour les soins de santé. « La centralisation vécue ces dernières années a engendré la disparition de services de proximité », écrit la FQM, obligeant parfois les habitants éloignés des grands centres à parcourir de longues distances pour obtenir des soins prodigués seulement en ville. « La pandémie a démontré plus que jamais les limites de cette approche », déplore le regroupement municipal, qui estime que le ministère de la Santé aurait avantage à ce que les régions aient « les leviers et les ressources » pour organiser elles-mêmes les services.

La centralisation vécue ces dernières années a engendré la disparition de services de proximité

 

La FQM réitère aussi une demande qu’elle formulait déjà en 2018, soit l’extension du réseau cellulaire à l’ensemble du territoire québécois. « C’est une demande historique, comme l’accès à Internet, que nous exigions depuis 2003, rappelle M. Demers. Ce dossier est en voie de se régler, mais pour ce qui est de la couverture cellulaire, nous en sommes encore à cartographier les endroits où le réseau ne fonctionne pas. »

Environnement et transport

 

Sur le front environnemental, la FQM critique le manque de moyens mis à la disposition des régions pour faire face aux changements climatiques. « Le processus en aménagement doit être revu, la cohérence des interventions des ministères fait défaut et les moyens financiers manquent cruellement », stipule la plateforme présentée jeudi.

La Fédération réclame notamment la mise en place d’un programme de reboisement sous l’égide des régions, la création de parcs régionaux et un investissement massif pour aider les municipalités à faire face aux effets du réchauffement de la Terre.

En matière de transport collectif, la FQM résume les dernières décennies à une érosion constante des services. « Les options de transport interrégional diminuent et les citoyens doivent utiliser davantage l’automobile pour avoir accès aux services », constate le regroupement municipal.

Le président de la Fédération milite d’ailleurs pour qu’une offre de transport interurbain plus importante soit mise en place dans les régions. « La source de gaz à effet de serre la plus importante, c’est le transport », rappelle Jacques Demers. « Nous ne demandons pas nécessairement des circuits avec des autobus aux 15 minutes, ce serait irréaliste à plusieurs endroits. Les gens, par contre, devraient avoir d’autres options que la voiture. »

La FQM milite également pour que les régions participent davantage aux grands chantiers de production d’énergie renouvelable. Jacques Demers croit que les municipalités et les MRC pourraient tirer des revenus supplémentaires sous forme de redevances lorsque des éoliennes s’implantent dans un territoire. « Ça nous permettrait de nous éloigner de notre dépendance aux taxes foncières, souligne-t-il. De toute façon, nous le savons : l’énergie renouvelable va venir des régions. »

La plateforme présentée jeudi découle d’une consultation auprès de plus de 1000 personnes, notamment des élus locaux. La FQM et son président tirent par ailleurs un bilan positif des quatre années caquistes, saluant notamment les progrès réalisés en matière de couverture à Internet haute vitesse et la redistribution des revenus tirés de la TVQ. « Il reste, par contre, encore beaucoup de travail à faire », conclut M. Demers.

À voir en vidéo