Legault s’inquiète du recul du français au Québec

Le premier ministre François Legault s’est inquiété, mercredi, de nouvelles données montrant un recul du français au Québec ces dernières années.
« Ce que je vois est inquiétant, on a eu raison d’agir avec le projet de loi 96 », a-t-il déclaré en se rendant au conseil des ministres.
Le ministre de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a ensuite accusé ses adversaires d’être irresponsables en remettant en question en tout ou en partie la « loi 96 », adoptée en juin pour réformer la Charte de la langue française.
« Ces chiffres montrent que la loi 96 était nécessaire pour inverser la tendance, a-t-il dit. On se retrouve à la croisée des chemins et j’espère que les oppositions réalisent le péril du français pour les prochaines années. J’espère qu’ils vont revenir sur leurs propositions de charcuter la loi 96. »
M. Jolin-Barrette a soutenu que les libéraux sont responsables de ce plus récent recul constaté par Statistique Canada à partir des données du recensement, pour la période allant de 2016 à 2021.
« Les libéraux ont baissé les bras et ça a poussé les néo-Québécois à choisir l’anglais », a-t-il dit.
M. Jolin-Barrette a affirmé que la nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français est suffisante. Il n’a donné aucune indication que la CAQ pourrait faire de nouvelles propositions du même ordre pour la protection du français.
« Tout ce qui est dans le projet de loi 96 est utile pour freiner le déclin du français, on a les outils dans la loi telle qu’adoptée, a-t-il dit. Le dossier est réglé. »
En mai, M. Legault avait exprimé la crainte que le Québec soit la prochaine Louisiane pour justifier une demande de nouveaux pouvoirs en immigration au gouvernement fédéral.
Trop de divisions
La cheffe libérale, Dominique Anglade, n’a pour sa part exprimé aucune inquiétude face à ces données montrant que le pourcentage de Québécois parlant le français à la maison est passé de 79 % à 77,5 % depuis le recensement de 2016.
« M. Legault continue d’alimenter toujours la même question par rapport à la langue française pour défendre son projet de loi 96, a-t-elle dit mercredi. On a voté contre “96” parce que ça va trop loin dans la division. »
Les libéraux veulent notamment éliminer les dispositions de dérogation aux chartes et le délai de six mois imposé aux immigrants pour communiquer en français avec l’État. Mme Anglade a également dénoncé la volonté du gouvernement caquiste de geler de façon permanente le nombre de places dans les cégeps de langue anglaise.
Mercredi, Mme Anglade a rappelé que son parti a fait 27 propositions pour protéger le français, en avril 2021.
« On n’est pas obligés, pour protéger la langue française, de faire le projet de loi 96 », a-t-elle soutenu.
Préoccupé par les plus récents chiffres sur le déclin du français, le député de Québec solidaire (QS) Sol Zanetti a soutenu que les solutions avancées par la CAQ s’avéraient incomplètes.
« La solution structurelle pour sécuriser le français au Québec, bien, c’est de faire l’indépendance du Québec », a-t-il dit.
La formation politique, qui a voté pour le projet de loi 96, veut toutefois abolir la disposition prévoyant que les immigrants installés au Québec depuis plus de six mois recevront des communications de l’État exclusivement en français.
« On trouve que la loi 101 devrait être appliquée dans un plus grand nombre d’entreprises qu’elle ne l’est dans le cadre du projet de loi 96 », a également avancé M. Zanetti.
Le déclin s’accélère
Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a affirmé que le plus récent constat sur le recul du français est récurrent.
« Année après année, on constate que le déclin du français s’accélère sans que les gouvernements aient le courage de proposer des mesures à la hauteur du défi de renverser cette tendance », a-t-il dit.
Le PQ, qui a voté contre le projet de loi 96, propose notamment de réduire les cibles d’immigration, d’étendre la loi 101 au collégial pour renforcer l’éducation en français et d’exiger le français à tous les immigrants économiques.
Le Parti conservateur du Québec s’oppose de son côté à la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. Son chef, Éric Duhaime, croit qu’elle ne sert qu’à « déranger la communauté anglophone ».
M. Duhaime n’a pas donné suite à une demande d’entrevue sur le sujet.
Avec Isabelle Porter