La campagne électorale en marche avant même d’être lancée

À ceux qui faisaient remarquer vendredi à François Legault que la campagne électorale n’était pas encore déclenchée, il avait rétorqué qu’il «y avait toujours une avant-campagne électorale».
Ryan Remiorz La Presse canadienne À ceux qui faisaient remarquer vendredi à François Legault que la campagne électorale n’était pas encore déclenchée, il avait rétorqué qu’il «y avait toujours une avant-campagne électorale».

Les élections québécoises ne sont pas encore déclenchées, mais c’est tout comme. La Coalition avenir Québec (CAQ) a dévoilé mercredi une autre promesse électorale, alors que caquistes, libéraux et solidaires dénonçaient tour à tour des propos des conservateurs.

En matinée, Christian Dubé dévoilait un premier engagement électoral en santé : la création d’une nouvelle agence pour épauler le ministère. Résolument partisane, l’annonce n’avait pas lieu au parlement et deux nouveaux candidats caquistes étaient présents. Toutefois, M. Dubé s’exprimait alors en tant que « ministre ».

La CAQ n’en est pas à sa première annonce préélectorale. Vendredi dernier, François Legault promettait la construction de 11 000 logements abordables s’il était réélu. À ceux qui lui ont fait remarquer que la campagne électorale n’était pas encore commencée, il avait alors rétorqué qu’il « y avait toujours une avant-campagne ».

« C’est peut-être le défaut de la qualité des élections à date fixe. On ne peut pas dire que les gouvernements profitent de l’effet de surprise, tout le monde sait qu’il y a une élection le 3 octobre. […] Mais effectivement, on le voit — et ce n’est pas seulement la CAQ —, on est déjà en précampagne électorale », avait-il soutenu. En vertu de la Loi électorale, le gouvernement Legault ne peut déclencher les hostilités qu’entre les 25 et 29 août prochains.

À la fin de la dernière session parlementaire, le premier ministre s’était d’ailleurs engagé à ne pas faire d’annonces gouvernementales avant les élections, « à part exception ».

Vérification faite auprès du Directeur général des élections, « il n’y a pas de disposition [de loi] qui empêche les partis politiques de prendre des engagements électoraux avant le déclenchement de la campagne ».

Les annonces préélectorales doivent par contre être payées par les partis politiques, pas par le gouvernement. Ils ne peuvent pas non plus se faire rembourser les dépenses engagées avant le déclenchement des élections.

Le Parti conservateur du Québec (PCQ) a d’ailleurs déposé une plainte en ce sens auprès de la commissaire à l’éthique, mercredi, dans laquelle il avance que le gouvernement québécois a financé des publicités à saveur préélectorales sur la page Facebook de François Legault.

Les conservateurs dans le viseur

 

Signe de l’intensité de ladite « précampagne », le PCQ a annoncé mercredi qu’il tiendrait un grand rassemblement « pour le lancement de campagne Liberté 22 » à Québec dimanche.

Le parti d’Éric Duhaime s’est d’ailleurs retrouvé au centre des tirs croisés de ses adversaires en raison du vocabulaire de son dirigeant, ainsi que des déclarations passées d’un de ses candidats.

Le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a jugé que le chef conservateur versait dans l’agressivité lorsqu’il a vanté dimanche dernier les électeurs qui veulent « régler [le] cas » du premier ministre François Legault. « Régler le cas à quelqu’un, pour moi, en fin de compte, c’est lui faire un mauvais tribut, a-t-il dit. C’est quelque chose qui est plus agressif en réalité que de dire : “On va avoir de bonnes discussions et on va pouvoir discuter de sujets à bâtons rompus.” »

L’attaché de presse de M. Duhaime, Cédric Lapointe, a invité les caquistes à faire preuve de bonne foi. « En imaginant des messages cachés dans le discours de notre chef de manière aussi rocambolesque, ce sont plutôt eux qui contribuent à donner des idées à des personnes instables », a-t-il dit.

Le chef conservateur s’est également retrouvé sur la sellette en raison d’une apparente prise de position de son candidat dans L’Assomption.

En mai dernier, quelques jours après la fusillade à l’école primaire Robb, dans la ville texane d’Uvalde, le porte-étendard du PCQ dans la circonscription, Ernesto Almeida, a publié puis retiré des réseaux sociaux une caricature montrant une enseignante protégeant ses élèves à l’aide d’une arme à feu, a rapporté mercredi Radio-Canada.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a demandé à M. Duhaime de clarifier la position de sa formation politique à ce sujet. « Le PCQ et Éric Duhaime qui semblent penser, à tort évidemment, que c’est une bonne chose d’armer les profs. C’est totalement inacceptable », a-t-il tonné.

La cheffe libérale Dominique Anglade a quant à elle accusé M. Duhaime de cautionner cette publication de son candidat. « On ne veut pas voir d’armes dans nos écoles », a-t-elle tranché.

Le député de Québec solidaire, Sol Zanetti, a de son côté fait un parallèle entre ce discours et celui du lobby américain des armes à feu, la National Rifle Association. « C’est très inquiétant. En tout cas, moi je ne voterais pas pour ça », a-t-il dit.

L’attaché de presse du chef conservateur a par la suite affirmé qu’Éric Duhaime et le PCQ sont contre le port d’arme à feu par les enseignants. « M. Almeida ne souhaite pas plaider sa cause au sein du caucus conservateur », a-t-il précisé.

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