La Coalition avenir Québec seule au sommet des intentions de vote

Le gouvernement caquiste vogue vers le 3 octobre en toute sérénité, récoltant 44 % d’appuis auprès des Québécois.
Ryan Remiorz La Presse canadienne Le gouvernement caquiste vogue vers le 3 octobre en toute sérénité, récoltant 44 % d’appuis auprès des Québécois.

La Coalition avenir Québec (CAQ) caracole toujours en tête des intentions de vote, à deux mois du rendez-vous électoral québécois, selon le plus récent coup de sonde de Léger, qui montre aussi les conservateurs d’Éric Duhaime en recul pour la première fois depuis avril.

Le gouvernement de François Legault vogue vers le 3 octobre en toute sérénité, récoltant 44 % des appuis, selon le sondage commandé par Québecor et réalisé en ligne du 29 au 31 juillet auprès de 810 répondants. L’ascension du Parti conservateur du Québec (PCQ), constante depuis cinq mois, semble quant à elle s’essouffler : il obtient 13 % des intentions de vote, en recul de 2 % depuis juillet.

« Avoir le positionnement d’Éric Duhaime en temps de confinement, c’est plus facile qu’au moment où les règles sanitaires sont minimales et où la pandémie pèse moins lourdement sur la société », observe Philippe Dubois, professeur de communications publiques et politiques à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

Le chef conservateur a réussi à s’imposer rapidement dans le paysage politique grâce à un discours qui s’inscrivait en faux contre la gestion de la crise de la COVID-19, note le politologue de formation. Son défi s’annonce désormais double : il devra « sortir de sa zone de confort », c’est-à-dire aller au-delà d’une position toujours contraire à celle de tous les autres partis, analyse M. Dubois.

Il devra aussi traduire les intentions de son électorat, « très cynique face à la chose publique et politique », en « votes sonnants et trébuchants » le jour du scrutin. « C’est un défi d’amener ces gens-là à participer au système qu’ils critiquent », souligne le professeur de l’ENAP.

Éric Duhaime, pour sa part, relativise les plus récents résultats. « J’ai assez d’expérience pour savoir que la politique, ce sont des montagnes russes. Notre recul se situe dans la marge d’erreur », note le chef conservateur. Celle-ci se situe à 3,1 %, 19 fois sur 20.

Il souligne aussi le nombre élevé d’indécis, chiffré à 38 % selon Léger. « La campagne n’a pas encore commencé, conclut M. Duhaime. S’il doit y avoir du mouvement, c’est certain que ça n’arrivera pas en plein été, quand les gens ont une bière entre les jambes. »

La CAQ contre le reste

 

Si la CAQ est seule en tête de peloton, l’identité de son plus proche concurrent demeure floue. Le Parti libéral (PLQ) arrive deuxième dans les intentions de vote avec 18 % des voix, Québec solidaire (QS) se hisse au troisième rang avec 15 % des suffrages, et le Parti québécois (PQ) ferme la marche avec 10 % d’appui.

« Clairement, dans les intentions de vote, il y a la CAQ d’un bord, et, de l’autre, l’option de rechange à la CAQ, qui demeure indéfinie. Autant QS que le PCQ semblent représenter une option face aux caquistes. Même s’ils sont aux antipodes politiquement, ils incarnent tous les deux le changement », note Philippe Dubois.

Gabriel Nadeau-Dubois fait bonne figure auprès de l’électorat. Le politicien de 31 ans a su, selon le politologue, se défaire de son image de leader étudiant pour apparaître comme « un père de famille et un politicien habile, compétent ». La campagne « pourra lui être profitable parce que nous allons le voir davantage, après deux ans de pandémie où le gouvernement a accaparé les projecteurs ».

Autant QS que le PCQ semblent représenter une option face aux caquistes. Même s’ils sont aux antipodes politiquement, ils incarnent tous les deux le changement. 

 

Ruba Ghazal, élue solidaire dans Mercier, note que son parti parvient à « consolider son potentiel de croissance ». Pour preuve, selon elle : la formation demeure première chez les jeunes. « Ce sera important d’inciter les électeurs à voter, indique-t-elle. La campagne permettra de mettre encore plus Gabriel en lumière. Nous sommes confiants », conclut-elle, convaincue que son parti demeure le seul à agir sur les dossiers « urgents et proches des gens », comme la crise du logement.

Le PQ en deuxième choix

 

Le PQ a de quoi se réjouir, puisque le plus récent sondage de Léger indique qu’il s’agit de la formation la plus prisée en deuxième choix. « Le PQ, c’est le parti avec le plus fort potentiel de croissance, parce que c’est lui qui revient comme le deuxième choix des gens. Son défi, c’est de changer ce deuxième choix en premier dans les urnes », explique Philippe Dubois.

À son avis, « ce n’est pas le temps d’acheter des fleurs pour le cercueil du parti ».  La formation menée par Paul St-Pierre Plamondon jouit toujours d’une importante base de donateurs et de partisans. « S’il fait une bonne campagne, il pourrait faire des gains », prédit M. Dubois.

Quant aux libéraux, menés par Dominique Anglade, ils évitent une nouvelle dégringolade dans les intentions de vote, à la lueur du dernier coup de sonde Léger. Ils demeurent loin, toutefois, d’avoir la puissance d’autrefois dans le paysage politique québécois, conclut Philippe Dubois.

« Le réalignement des forces politiques au Québec a été très dommageable pour le PQ, mais a aussi atteint les libéraux. Ils demeurent associés, dans la tête des gens, à un vieux parti qui ne propose rien de différent et dont les repositionnements n’ont pas toujours été clairs. »

À voir en vidéo