Taschereau, théâtre d’une lutte fraternelle entre solidaires

Étienne Grandmont et Madeleine Cloutier sont tous deux candidats à l’investiture de Québec solidaire dans Taschereau, à Québec.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Étienne Grandmont et Madeleine Cloutier sont tous deux candidats à l’investiture de Québec solidaire dans Taschereau, à Québec.

Madeleine Cloutier et Étienne Grandmont ont des profils des plus différents. Pourtant, ils tentent chacun de conquérir les coeurs des militants de Québec solidaire dans la circonscription de Taschereau, devenue le théâtre d’une lutte fratricide dans les dernières semaines.

Sur le terrain, l’heure est à la mobilisation à quelques jours du vote d’investiture qui déterminera le candidat solidaire appelé à succéder à Catherine Dorion. Porte-à-porte, appels téléphoniques : tous les moyens sont bons pour convaincre les quelque 1500 militants qui détiennent une carte de membre du parti de voter pour son équipe.

Au bar Le Drague, à deux pas de la colline Parlementaire, une centaine de curieux sont venus assister au « rassemblement festif » de Madeleine Cloutier. Il fait chaud, en cette soirée de début du mois de juin, mais encore plus à l’intérieur.

Sur un écran en fond de salle, les mots « brillante et redoutable » flottent au-dessus d’un cliché de la candidate croqué lors d’une manifestation. Vêtue d’un manteau de jeans, Catherine Dorion est venue assister à la soirée organisée par celle qu’elle voit devenir sa dauphine. « Ça va être comme un show de rock ce soir », lance Madeleine Cloutier sur la scène teintée d’orange « solidaire ».

« Danse féministe », musique et poésie sont au menu. Le tout entrecoupé de discours de la candidate à l’investiture : « Taschereau, ça peut être l’épicentre de la révolution », lance Madeleine Cloutier à un public convaincu.

Dans le clan Grandmont…

Étienne Grandmont ne chôme pas non plus. À deux pas de là, quelques jours plus tard, se tient son propre rassemblement militant. Le format détonne. Dans une formule 5 à 7, les participants discutent autour d’une bière de la crise du logement, de climat et du tramway de Québec.

« La ministre [Laforest] ne fait rien » pour résorber la crise du logement, le gouvernement a « tout fait pour mettre des freins » au projet de tramway, entendra-t-on au cours de deux heures de discussion truffées de questions des citoyens du coin. « Ce sont des enjeux que je porte beaucoup, et les gens m’en parlent spontanément », soutient Étienne Grandmont en entrevue avec Le Devoir dans les minutes précédant son événement.

Il reste alors moins de deux semaines avant le vote, prévu le 18 juin. La lutte est sans relâche.

« Je suis un peu fatigué, j’avoue », convient Étienne Grandmont. « J’ai rarement vu autant de gens s’intéresser à une investiture », affirme Madeleine Cloutier en entrevue. Depuis le début de la campagne, des centaines de personnes se sont ajoutées au bassin d’électeurs admissibles.

Taschereau n’a pas toujours appartenu à Québec solidaire. C’est Catherine Dorion qui a percé la première dans cette circonscription qui couvre une bonne part de la haute et de la basse ville de Québec. À quatre mois des élections générales, cependant, le site d’agrégation des sondages Qc125 donne dix points d’avance au parti de gauche dans Taschereau.

Madeleine Cloutier était la colistière de la conseillère municipale Jackie Smith lors des élections municipales de novembre. Formée en arts dramatiques, elle se décrit comme une militante de la première heure. « Je suis quelqu’un qui a envie de faire de la politique dans la rue, avec la rue, qui appuie la rue et qui s’appuie sur la rue », lance-t-elle.

Directeur général de l’organisme Accès transports viables et anciennement de Vivre en ville, Étienne Grandmont « apporte un bagage d’expérience basé sur 17 ans d’ancrage dans le quartier », dit-il. « J’ai un réseau qui est essentiellement basé dans Taschereau, une connaissance fine des dossiers. »

« Nos façons de faire de la politique sont différentes, mais rendu là, c’est le monde qui va trancher », constate Madeleine Cloutier.

C’est la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, qui a approché en premier Étienne Grandmont. En parallèle, Catherine Dorion donnait le mois dernier son appui à Madeleine Cloutier, « une winner », selon la députée sortante.

« J’ai été un peu déçu, admet candidement Étienne Grandmont. Mais en même temps, Catherine est membre de Québec solidaire et a le droit d’appuyer qui elle veut. Moi, mes appuis, je suis allé les chercher, vraiment, dans le milieu. Je n’ai pas l’impression que j’ai été en déficit d’appuis. »

Le candidat ou la candidate qui recevra l’appui des militants solidaires samedi deviendra le 100e candidat investi en vue des élections.

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