Le libéral Mathieu Gratton avait considéré se lancer avec la CAQ

Mathieu Gratton, qui briguera les suffrages dans Laporte avec le Parti libéral du Québec (PLQ) a sollicité une rencontre avec la direction générale de la CAQ.
Valérian Mazataud Le Devoir Mathieu Gratton, qui briguera les suffrages dans Laporte avec le Parti libéral du Québec (PLQ) a sollicité une rencontre avec la direction générale de la CAQ.

Le candidat libéral qui a reconnu chez François Legault des traits de « manipulateur narcissique » cette fin de semaine avait envisagé de se lancer en politique… pour la Coalition avenir Québec (CAQ).

C’est ce qu’a pu confirmer Le Devoir lundi. Mathieu Gratton, qui briguera les suffrages dans Laporte avec le Parti libéral du Québec (PLQ), avait sollicité une rencontre avec la direction générale de la CAQ à la mi-avril. « Il y avait un intérêt de sa part pour notre formation politique », a indiqué une source caquiste à l’interne.

Selon nos informations, l’humoriste a décidé « à la dernière minute » d’annuler son entretien en personne avec les troupes caquistes. Il a confirmé la semaine dernière qu’il se joignait à l’équipe de Dominique Anglade.

Samedi, au conseil général du PLQ, M. Gratton — qui avoue avoir voté pour la CAQ en octobre 2018 et jamais pour le PLQ — n’y est pas allé avec le dos de la cuillère lorsqu’est venu le temps de critiquer la gestion de François Legault. Il a même laissé entendre que le premier ministre avait des traits de « manipulateur narcissique » qui « s’isole […] pour mieux régner » et agit avec « un charme manipulateur ».

« On a des candidats très authentiques », a reconnu la cheffe libérale, Dominique Anglade, interrogée lundi sur les propos de son candidat. « C’est vrai quand même qu’on peut dire que François Legault manipule les chiffres », a-t-elle ajouté en entrevue avec Le Devoir moins de deux jours après le conseil général de sa formation.

« Réflexe de citoyen »

Joint en fin d’après-midi, M. Gratton a dit s’être fié à son « réflexe de citoyen » lorsqu’il a écrit à la CAQ. « Je voyais bien que la CAQ était en avance dans les sondages. Je me disais que, peut-être, mes projets auraient avancé davantage si j’y allais », a affirmé au téléphone ce résident de l’Estrie. Selon M. Gratton, le parti du gouvernement aurait évoqué une candidature à Sherbrooke. C’est finalement l’ex-mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire qui s’y présente.

M. Gratton, qui se considère comme fédéraliste, « aime le Canada », « revient [tout juste] de Vancouver » et « va occasionnellement à Toronto », s’est tourné vers l’équipe de Dominique Anglade il y a « deux ou trois semaines ». « Ce que propose le Parti libéral me rejoint directement », a-t-il soutenu lundi.

Je voyais bien que la CAQ était en avance dans les sondages. Je me disais que, peut-être, mes projets auraient avancé davantage si j’y allais.

 

Mme Anglade ne reproche pas à son candidat d’avoir évalué ses options politiques. « Je pense que les gens se rendent très vite compte que, pour avoir un parti qui est à l’écoute, un parti qui n’est pas arrogant, un parti qui unit plutôt que diviser, il faut venir ici, a indiqué la cheffe libérale. Pour moi, c’est très parlant qu’il ait choisi de venir au Parti libéral. »

Mathieu Gratton n’est pas seul. Samedi, au rassemblement du PLQ, la candidate dans Maskinongé, Alexandra Veilleux, a convenu avoir « flirté » avec le Parti québécois et avec Québec solidaire avant de rejoindre les rangs du parti de l’opposition officielle.

Pas de regrets

 

En début de journée, lundi, le premier ministre François Legault s’est dit « surpris que Dominique Anglade [n’ait] pas rappelé à l’ordre » son candidat après qu’il l’eut comparé à un « manipulateur narcissique ». « Mais je vais laisser ça aux libéraux. »

Mathieu Gratton « va toujours dénoncer le manque de respect », mais n’a « pas de regret » par rapport à ses propos de samedi. « Comme n’importe quel parti le fait dans une assemblée, il y a des pointes qui sont lancées aux autres partis. Je l’ai fait sur ce ton-là, a-t-il dit en entrevue. Le seul regret que j’ai, c’est que […] les gens ne savent pas vraiment le ton que j’ai utilisé. »

Avec Étienne Paré et Marco Bélair-Cirino

À voir en vidéo