La maîtrise de l’immigration, «une question de survie», dit Legault

À quatre mois des élections générales, François Legault fait de l’obtention de nouveaux pouvoirs en matière d’immigration une condition sine qua non à la survie de la nation québécoise.
Le chef de la Coalition avenir Québec propose de hisser le thème de l’immigration parmi les principaux sujets de discussion de la campagne électorale — qui battra son plein à la fin de l’été — afin que « les Québécois comprennent bien l’urgence de rapatrier les pouvoirs » de sélection de quelque 11 000 immigrants inscrits au programme de regroupement familial, qui lui échappent à l’heure actuelle.
Si la « moitié » des participants du programme de regroupement familial continuent de bouder le français comme ils le font présentement, « ça peut devenir une question de temps avant qu’on devienne une Louisiane », a soutenu M. Legault dimanche, tout en évoquant des études gouvernementales sur le sujet.
« Je demande, aux prochaines élections, un mandat fort pour aller négocier ça avec le gouvernement fédéral », a-t-il fait valoir lors du discours de clôture du congrès national de la CAQ, à Drummondville.
François Legault s’est par la suite abstenu de préciser, devant les journalistes, les contours du « mandat fort » qu’il sollicite auprès de l’électorat québécois le 3 octobre prochain. « À partir du moment où on a l’appui d’une majorité de Québécois, c’est dur pour les partis politiques fédéraux de refuser cette demande-là [et] de gagner au fédéral sans appui au Québec », s’est-il contenté de dire.
« Avec tout ce qui se passe chez les conservateurs », un nouveau parti politique plus sensible aux revendications québécoises pourrait apparaître sur la scène politique fédérale d’ici le prochain scrutin fédéral, a-t-il dit.
Référendum sectoriel
Le chef du gouvernement québécois a rejeté l’idée avancée par des membres de la CAQ au cours du week-end de tenir un « référendum sectoriel » en immigration afin d’établir un rapport de force plus favorable. « Ce n’est pas dans les plans », a-t-il mentionné. « Ça suffit le niaisage ! […] La première initiative de la prochaine législature devra être l’organisation d’un référendum sur l’immigration », avait fait valoir le militant de Terrebonne Kevin Serafini samedi. « Bravo ! » avait spontanément crié une sympathisante caquiste. Les membres se sont toutefois bien gardés de l’ajouter dans le cahier de 23 propositions qu’ils ont remis au gouvernement de François Legault.
En revanche, ils se sont par exemple dits favorables à l’idée d’ajouter un cours obligatoire d’histoire et de culture du Québec au programme collégial, de concevoir un « catalogue de grandes œuvres artistiques québécoises » pour les enseignants et de mettre sur pied un musée de l’Histoire nationale du Québec. Le président régional Saguenay–Lac-Saint-Jean de la Commission Relève de la CAQ, Samuel Massicotte, y voit notamment une occasion de donner tort à Lord Durham, selon qui les descendants des Français formaient un « peuple sans histoire et sans littérature ». « On survit encore, malgré certaines tentatives d’un autre ordre de gouvernement de nier notre langue, de nier nos droits. On continue de s’accrocher », a souligné l’enseignant en histoire.
Turbulences économiques ?
À l’approche du rendez-vous électoral, François Legault a exhorté les électeurs québécois à rejeter les propositions des oppositions de gauche, convaincue que « l’argent pousse dans les arbres », et de droite, muette face aux changements climatiques. « Quand les temps sont pleins d’incertitudes, de turbulences et de dangers économiques, ce n’est pas le temps de se lancer dans des aventures avec des idéologues de gauche ou de droite. En fait, quand la mer est houleuse, c’est le temps de confier la barre à une équipe compétente, expérimentée, solide ! » a-t-il déclaré sur la scène du Centrexpo Cogeco, entouré de la plupart des personnes qui brigueront les suffrages sous la bannière de la CAQ. La présidente-directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger, était dans le lot.
Le premier ministre a plus tard expliqué son changement de ton sur les perspectives économiques québécoises en parlant de projections d’économistes évoquant « 40 % de chances » de récession mondiale. D’ailleurs, la hausse graduelle du taux directeur de la Banque du Canada « n’est rien pour aider l’économie », a-t-il fait remarquer aux médias.
Dans un deuxième mandat, un gouvernement caquiste pratiquera une « gestion rigoureuse des finances publiques », ce qui ne l’empêchera pas de donner un coup de pouce aux Québécois pour « passer au travers » de la hausse du coût de la vie, a indiqué M. Legault devant des centaines de militants gonflés à bloc. Ceux-ci avaient reçu pour consigne de frapper leurs bâtons gonflables, un bleu, un blanc, à l’appel du mot « fierté ». « Sans la prospérité, la fierté manque de moyens. Puis sans la fierté, la prospérité manque de sens. Ça prend les deux », a insisté le chef caquiste en précampagne électorale.
Le PQ garde le cap sur l’indépendance
Le Parti québécois (PQ) doit garder le cap sur l’indépendance au cours de la prochaine campagne électorale, malgré l’« adversité » à laquelle fait face le projet, a clamé Paul St-Pierre Plamondon, samedi. Le chef péquiste s’exprimait devant des délégués du PQ dans le cadre du conseil national du parti qui a eu lieu à Boucherville en vue des élections d’octobre. Il les a invités à assumer pleinement leurs convictions et à rester authentiques, ce qui fera gagner des votes au parti, selon lui.La Presse canadienne
Le projet de loi 96 dans la mire de QS
Québec solidaire (QS) a tenu samedi, à Montréal, son conseil national pendant lequel des désaccords au sujet du projet de loi 96 ont fait surface au sein d’une portion de sa base militante. Le parti, s’il est porté au pouvoir, s’est par ailleurs engagé à retirer le délai de six mois imposé aux immigrants et à « reconnaître officiellement un statut particulier » pour les langues autochtones. Dimanche, la militante autochtone Maïtée Labrecque-Saganash a annoncé qu’elle briguerait l’investiture du parti dans la circonscription d’Ungava.
Le Devoir