Des remous sur la loi 96 au conseil national de Québec solidaire

Samedi, le co-porte-parole de QS Gabriel Nadeau-Dubois a voulu s’amender, même si la « loi 96 » contient « plusieurs propositions qui sont conformes [au] programme » du parti en matière de protection de la langue française.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Samedi, le co-porte-parole de QS Gabriel Nadeau-Dubois a voulu s’amender, même si la « loi 96 » contient « plusieurs propositions qui sont conformes [au] programme » du parti en matière de protection de la langue française.

Québec solidaire (QS) « entend le mécontentement » d’une partie de sa base militante quant au projet de loi 96 sur la réforme de la Charte de la langue française. Le parti s’est engagé samedi à retirer le délai de six mois imposé aux immigrants et à « reconnaitre [ra] officiellement un statut particulier » pour les langues autochtones, s’il est porté au pouvoir.

Réunis en conseil national une dernière fois avant les élections d’octobre, les militants du parti de gauche se sont prononcés sur une proposition d’urgence mitoyenne, dans laquelle le parti dénonce certaines dispositions du texte de loi. Selon une poignée de membres de QS, l’aile parlementaire a eu tort de voter en faveur de la réforme de la « loi 101 » proposée par la Coalition avenir Québec.

« Je pense qu’on est tombés dans le piège » en appuyant un projet de loi qui « s’attaque particulièrement aux immigrants et aux peuples autochtones », a martelé une militante, Hélène Bissonnette, samedi matin.

« Le seul message qu’on [leur] envoie, c’est qu’on est prêt à leur piler sur les pieds », a-t-elle dit. Un autre membre, Sam Boskey, « trouve ça très décevant que personne n’ait pensé que ça valait la peine de consulter » la base militante avant de se prononcer.

La candidate de QS dans Bonaventure, Catherine Cyr Wright, s’est dite « déçue » de l’appui du parti au projet de loi. David Touchette, porte-parole de Québec solidaire Montréal, a dit s’être présenté à la manifestation contre le projet de loi 96 avec son macaron du parti, et a vivement dénoncé le positionnement de son parti.

« Maturité politique »

Samedi, le co-porte-parole de QS Gabriel Nadeau-Dubois a voulu s’amender, même si la « loi 96 » contient « plusieurs propositions qui sont conformes [au] programme » du parti en matière de protection de la langue française. « On entend les craintes, on entend le mécontentement », a signifié l’élu, qui a déposé la proposition d’urgence.

La motion, adoptée à majorité par les militants solidaires, « dénonce le refus du gouvernement du Québec de faire suite aux revendications des peuples autochtones en matière de langue ». Dans les jours précédant l’adoption du texte législatif, nombre de communautés ont exhorté le gouvernement à reculer – ou à exempter les Premières Nations des dispositions de la loi. Sans succès.

La proposition solidaire confirme aussi l’engagement électoral suivant : si QS accède au gouvernement, il modifiera la loi pour faire tomber les articles qui obligent les nouveaux arrivants à échanger en français avec l’État après six mois. « C’est un acte de maturité politique », a dit la présidente du parti, Alejandra Zaga Mendez, aux militants.

En point de presse samedi après-midi, Gabriel Nadeau-Dubois a «pris acte des inconforts» de certains des militants solidaires. «Ce qui est important pour moi, c’est qu’on s’unisse derrière cet engagement à corriger les erreurs du projet de loi 96», a-t-il dit devant les journalistes.

Concilier les positions des membres solidaires avec l’aile parlementaire est un «défi constant», a convenu le chef parlementaire de QS. En 2019, la Loi sur la laïcité de l’État avait créé des remous dans les rassemblements partisans de la formation de gauche, qui avait finalement décidé de rompre avec le compromis Bouchard-Taylor pour condamner toute interdiction des signes religieux.

QS perdra-t-il des plumes ?

À quatre mois du scrutin d’octobre, le conseil national de Québec solidaire ouvre – avec un congrès de la CAQ et un rassemblement péquiste – la saison électorale. Malgré la stagnation des partis d’opposition dans les sondages, Québec solidaire ne subira aucune perte, assure M. Nadeau-Dubois.

En mêlée de presse, samedi, il a même parlé de « gains ». « Il y a quatre ans, les modèles mathématiques qui nous donnent aujourd’hui moins de sièges nous en donnaient quatre. On en a fait élire dix », a observé le député de Gouin.

« On va faire des gains aux prochaines élections, j’en suis profondément convaincu », a-t-il ajouté, sans se fixer d’objectifs chiffrés.

Comme lors du congrès solidaire du mois de novembre, M. Nadeau-Dubois a parlé de son parti comme de l’« alternative » à la Coalition avenir Québec. « Je pense qu’on a des chances de surpasser n’importe qui. On ne part pas en campagne en se disant : “on va arriver troisièmes” », a-t-il dit.

Le site d’agrégation des sondages Qc125.com projette que QS perdra deux sièges cet automne. Dans la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, la députée Émilise Lessard-Therrien, est loin d’être assurée de conserver son siège, selon les données du site Web.

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