Marguerite Blais mise sur des embauches massives pour améliorer les CHSLD

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, mise sur des embauches massives pour mettre en œuvre d’ici 2026 son Plan d’action pour l’hébergement de longue durée, qu’elle a présenté jeudi.
Devant les médias, l’élue a détaillé les 25 mesures de son plan sur cinq ans (de 2021 à 2026), qui est accompagné d’une enveloppe de 2,9 milliards de dollars.
« Au Québec, le soutien à domicile demeure l’option privilégiée », a-t-elle commencé. Mais l’hébergement doit tout de même être « à échelle humaine » et offrir des services « inclusifs, agréables et adaptés » aux « besoins et aux préférences » des résidents, a-t-elle poursuivi.
Le plan de la ministre Blais mise sur l’embauche de 370 gestionnaires de proximité : 280 d’entre eux sont déjà en poste, tandis que d’autres s’ajouteront une fois les maisons des aînés ouvertes.
Québec veut aussi que 200 pharmaciens, 67 chargés de projet au soutien clinique, 20 dentistes, 30 denturologistes et 59 hygiénistes dentaires s’ajoutent au personnel des ressources d’hébergement. « Peut-être que [pour certaines personnes auparavant], ce n’était pas grave de ne pas nettoyer les dents. Eh bien, c’est grave pour moi », a lancé Mme Blais.
Le budget du Plan d’action tient aussi compte de l’embauche de 10 000 préposés aux bénéficiaires. Il prévoit aussi un minimum de 10 millions de dollars pour « améliorer l’expérience repas des personnes hébergées ».
Déjà, Marguerite Blais a reconnu que l’ouverture des maisons des aînés et des maisons alternatives nécessiterait l’embauche de 3000 à 4000 personnes. En pleine pénurie de main-d’œuvre, elle a dit avoir bon espoir d’attirer des travailleurs, notamment parce que son plan permettra à son avis de « créer des milieux de vie agréables » pour les employés, d’en « prendre soin davantage » et de leur donner une meilleure « prévisibilité » pour améliorer la conciliation travail-famille.
« Je vais quitter bientôt la vie politique. Je considère que le plan qui a été déposé est un plan pour le présent et pour le futur. On a besoin de changer nos façons de faire […]. Ce n’est plus possible de continuer comme on l’a fait », a déclaré Mme Blais. À la différence des plans précédents, celui-ci est accompagné d’un montant substantiel, a-t-elle fait valoir. « Là, on parle de 2,9 milliards », a-t-elle souligné.
Vers des milieux de soins
Le plan d’action de la ministre Blais reprend les axes de la politique d’hébergement qu’elle a présentée l’an dernier. Il vise notamment à « consolider l’offre de soins médicaux en CHSLD », afin que ceux-ci deviennent des milieux de vie et de soins. Le gouvernement souhaite en effet diminuer les transferts vers les hôpitaux et soigner davantage de résidents dans leurs milieux.
Le plan vise aussi à « personnaliser les soins, les services et le milieu de vie ». La ministre Blais souhaite par exemple que les personnes hébergées puissent déjeuner et recevoir des soins d’hygiène à l’heure où elles le souhaitent.
« Une personne qui a été musicienne toute sa vie va pouvoir déménager son piano, son violon. Une personne qui a été peintre, pourquoi elle ne pourrait pas déménager ses canevas ? » a illustré l’élue. Elle a ensuite reconnu qu’il n’était pas pour le moment interdit de déménager un instrument de musique dans une ressource, mais que cela ne se faisait pas « d’office ».
Le plan de la ministre Blais s’applique à toutes les clientèles adultes résidant en centre d’hébergement et de soins de longue durée, en ressource intermédiaire, en ressource de type familial, en maison des aînés et en maison alternative. Québec mise sur son comité d’experts en hébergement pour assurer le suivi de la mise en œuvre du plan.
Un plan bien accueilli par le secteur privé
Le président de l’Association des établissements de longue durée privés du Québec, Paul Arbec, s’est dit « très heureux » de constater que le plan d’action du gouvernement s’adressait « aux clientèles de tous les milieux de vie ». « Notre association et ses membres attendent impatiemment les détails du conventionnement et rappellent l’urgence d’agir afin que les CHSLD [privés non conventionnés] puissent continuer de répondre adéquatement aux besoins des résidents et aux défis liés à la rareté de la main-d’oeuvre et au recours à la main-d’oeuvre indépendante », a-t-il réagi.
Luc Lepage, du Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être, a aussi souligné la vision de la ministre, dont le plan place « sur un pied d’égalité les établissements de longue durée publics et privés ». Il a souligné l’importance de « favoriser une plus grande participation du secteur privé » afin de « mieux répondre à la croissance des besoins pour les personnes âgées et vulnérables ». L’Association des établissements privés conventionnés s’est quant à elle réjouie de constater « que le plan d’action [est] centré sur la personne hébergée dans sa globalité ».
L’Association a insisté sur l’importance d’être impliquée dans le suivi de la mise en oeuvre du plan, dans le contexte où « d’ici 2024, le quart des lits en hébergement seront en CHSLD privés conventionnés ».
L’Alliance des patients pour la santé et le Regroupement provincial des comités des usagers du réseau de la santé et des services sociaux ont en revanche reproché au gouvernement de ne pas les avoir consultés avant de déposer son plan. Les deux organisations ont notamment critiqué le peu d’attention accordée dans le plan aux clientèles ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.