Les candidats antiavortement n’ont pas leur place au Québec, dit Legault

Aucun des 76 députés de la CAQ ne s’oppose à l’avortement, a assuré François Legault mercredi, en se dirigeant d’un pas rapide vers le Salon bleu.
Photo: Francis Vachon La Presse canadienne Aucun des 76 députés de la CAQ ne s’oppose à l’avortement, a assuré François Legault mercredi, en se dirigeant d’un pas rapide vers le Salon bleu.

Les arguments antiavortement n’ont pas de raison d’être sur la scène politique québécoise, selon le premier ministre François Legault. Et tous ses députés sont pro-choix, a-t-il dit mercredi.

« Il ne devrait pas y en avoir », a lancé le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) lorsqu’il a été interrogé sur la possibilité que des formations politiques présentent des candidats défavorables à l’interruption de grossesse aux élections générales d’octobre. La Cour suprême des États-Unis serait sur le point d’infirmer l’arrêt Roe v. Wade, qui offre une protection constitutionnelle au droit des Américaines de se faire avorter.

Au Québec, le Parti conservateur du Québec a déjà annoncé la candidature de Roy Eappan, un médecin qui a exprimé des opinions antiavortement sur un blogue dans le passé. « Je suis pro-vie. Je ne vais pas tuer des bébés ou des adultes, comme il a été prescrit par Hippocrate », écrivait-il en 2015.

Aucun des 76 députés de la CAQ ne s’oppose à l’avortement, a assuré François Legault mercredi, en se dirigeant d’un pas rapide vers le Salon bleu. En février dernier, son parti plaidait « l’erreur de bonne foi » lorsqu’il a été interrogé sur les dons de trois élus à des groupes qui découragent le recours à cette procédure médicale.

Selon la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, « on ne doit faire aucun compromis sur le droit des femmes ». Les candidatures antiavortement, « on ne devrait pas accepter ça », a-t-elle affirmé mercredi à l’Assemblée nationale. « Je peux vous assurer d’une chose, c’est que, dans ma formation politique, on n’aura aucun candidat qui va remettre en question le droit des femmes », a-t-elle ajouté.

Les portes ouvertes ?

Interpellé à l’entrée d’une séance du Conseil des ministres, mercredi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a indiqué qu’il n’y avait aucun compromis à faire dans le dossier. « Ce qui se passe aux États-Unis — ce n’est pas définitif… Mais si jamais ça devenait un enjeu, on va prendre tous les moyens nécessaires pour accommoder les femmes américaines qui viendraient chez nous pour un avortement », a-t-il dit.

Il faut […] s’assurer que les femmes du Québec ont un accès équitable et complet à l’avortement, ce qui n’est pas le cas au moment où on se parle

Selon le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, le contexte politique aux États-Unis doit forcer le gouvernement du Québec à réagir, mais aussi à s’assurer que les Québécoises ont elles aussi accès à ces services. « Il ne faut pas exclure du tout de venir en aide [aux Américaines] », a-t-il soulevé.

« Mais, avant d’aller plus loin, il faut une évaluation chiffrée sérieuse des impacts potentiels de cette décision-là sur le Québec, a-t-il enchaîné. Il faut […] s’assurer que les femmes du Québec ont un accès équitable et complet à l’avortement, ce qui n’est pas le cas au moment où on se parle. Dans plusieurs régions, l’accès est trop difficile. »

Mardi, au Salon bleu, les élus de l’Assemblée nationale avaient appuyé à l’unanimité une motion de la députée péquiste Méganne Perry Mélançon pour afficher leur « solidarité aux femmes américaines qui voient [le droit à l’avortement] être remis en question ». Au Québec, les femmes ont accès à l’interruption de grossesse depuis 1988.



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