500$ pour voler vers les régions

Pour relancer l’aviation régionale, le gouvernement Legault table sur de nouveaux rabais qui permettront à tous les Québécois de s’envoler vers les régions pour 500 $ ou moins à compter de cet été. Attendu depuis près de deux ans, le plan doit être dévoilé officiellement ce mardi à Mont-Joli.

Avec cette approche, le gouvernement souhaite contrer la perception parfois fondée voulant qu’il en coûte davantage pour faire Montréal-Gaspé que Montréal-Paris.

« L’idée, c’est de donner accès aux Québécois à tout le territoire québécois », a expliqué une source proche du dossier. « En intervenant sur le prix, on pense pouvoir créer une nouvelle demande. »

Dès cet été, les compagnies qui adhéreront au programme auront l’obligation d’afficher des vols aller-retour de 500 $ maximum, tous frais compris. Les transporteurs seront en quelque sorte indemnisés par l’État pour l’écart dans les prix sans que le consommateur ait à faire de démarches pour se faire rembourser, a appris Le Devoir.

Le moment choisi n’est pas anodin. Le gouvernement attendait le printemps pour associer le dévoilement du plan avec la promotion de la saison touristique. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, était d’ailleurs attendue aux côtés du ministre des Transports, François Bonnardel, pour l’annonce ce matin à Mont-Joli.

Plus d’une vingtaine de liaisons seront admissibles dans les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de l’Abitibi-Témiscamingue, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec.

Cela comprend les vols entre grands centres et régions (Montréal–Sept-Îles, par exemple), les vols entre régions (Gaspé–Mont-Joli) et les vols vers les destinations les plus isolées du territoire (vers Blanc-Sablon ou encore Anticosti).

Dans certains cas, cela ne changera rien puisque les prix sont déjà sous la barre des 500 $. Or les prix ont tendance à beaucoup augmenter actuellement, surtout pour les réservations de dernière minute, fait remarquer notre source.

Ces billets à bon prix ne seront toutefois pas illimités. Dès lors, le travailleur minier qui fait des allers-retours réguliers entre Montréal et Fermont n’aura pas accès à des rabais pour chacun de ses voyages. Au-delà d’un certain nombre d’achats par année (deux ou trois selon nos sources), les consommateurs devront payer les prix habituels, la clientèle visée étant d’abord touristique.

Ce plan était très attendu depuis l’annonce, à l’été 2020, du retrait d’Air Canada de plusieurs destinations en région comme Val-d’Or, Baie-Comeau, Mont-Joli, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine.

À l’époque, le ministère des Transports, François Bonnardel, avait créé une « cellule de crise » avec des représentants de l’industrie et des experts dans le but de repenser le modèle québécois de vols régionaux. « Tout est sur la table », avait-il répété. Depuis, une série de propositions ont circulé : création d’un système d’appels d’offres, régies régionales d’aviation… Dans un rapport remis l’an dernier au ministère, l’expert Jacques Roy avait quant à lui suggéré qu’on structure les services autour de trois transporteurs (Pascan, Air Creebec et Air Inuit).  Il proposait en outre de donner un rôle de pivot à l’aéroport Jean-Lesage à Québec.

Air Canada admissible

 

Entre-temps, le contexte a en partie changé. Air Canada a rétabli partiellement ses services, et la coopérative TREQ, avec son projet de vols à bas prix, récoltait des appuis, notamment du Parti québécois et de certains syndicats. Selon notre compréhension, rien n’empêcherait un groupe comme TREQ de participer au nouveau modèle qui serait offert à tous les transporteurs offrant des vols vers et à partir des régions. Ce qui veut dire que même Air Canada pourra être admissible au programme. Le ministère des Finances a débloqué 261 millions de dollars sur cinq ans pour financer ce nouveau programme.

Quant au programme de réduction des tarifs aériens, qui permettait aux résidents de régions éloignées ou privées du réseau routier de se faire rembourser entre 30 et 50 % des prix de leurs billets, il sera maintenu, mais adapté.

Les mesures de soutien aux transporteurs et aux aéroports liés à la pandémie seront, elles aussi, renouvelées d’ici la fin de l’année financière. C’est le cas notamment du Programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels en période d’urgence sanitaire, qui permettra de rembourser les déficits d’exploitation des entreprises responsables des dessertes essentielles si de nouvelles vagues surviennent.

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