Le PLQ demande à Legault de faire une profession de foi fédéraliste

Selon Marc Tanguay, M. Legault doit préciser sa pensée, au risque de créer l’impression que les Québécois sont exposés à un référendum sur la souveraineté du Québec.
Jacques Boissinot La Presse canadienne Selon Marc Tanguay, M. Legault doit préciser sa pensée, au risque de créer l’impression que les Québécois sont exposés à un référendum sur la souveraineté du Québec.

Agitant le spectre référendaire, le Parti libéral du Québec (PLQ) a demandé jeudi au premier ministre François Legault de faire une profession de foi fédéraliste.

Le député libéral Marc Tanguay a soulevé des doutes sur les allégeances de M. Legault après le refus par la Coalition avenir Québec (CAQ) d’un amendement à une motion dénonçant le rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne, il y a 40 ans.

Même si le PLQ dénonce cette opération d’Ottawa, la formation souhaitait ajouter que le fédéralisme a profité à la société canadienne, ce que la CAQ a refusé.

« Ce que je constate, ce matin, c’est que M. Legault n’a pas réaffirmé que l’avenir du Québec était au sein de la fédération canadienne, a-t-il dit en point de presse. Ce que nous avons déposé comme amendement aurait exprimé cette idée-là. »

À défaut de le faire, M. Legault risque de créer l’impression que les Québécois sont exposés à un référendum sur la souveraineté du Québec, estime M. Tanguay.

« Pourquoi François Legault ne voit-il pas, aujourd’hui, les succès du Québec au sein de la fédération canadienne ? Est-il en train de nous préparer un référendum, François Legault ? Est-ce qu’il pense que l’avenir du Québec ne devrait pas passer au sein du fédéralisme ? Pourquoi avoir donné l’ordre de voter contre cet amendement-là ? Je ne la comprends pas », a-t-il martelé.

Selon Marc Tanguay, le premier ministre, un ex-péquiste, devrait faire une profession de foi envers le fédéralisme. « François Legault devra, suite au refus de ce matin, préciser sa pensée », a dit M. Tanguay jeudi.

Cet amendement aurait permis aux libéraux de faire entendre leur voix pour dénoncer avec les autres partis le rapatriement de la Constitution par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, le 17 avril 1982, sans l’accord du Québec.

« Ça a toujours été dans la ligne historique du Parti libéral du Québec de désapprouver et de dénoncer le fait qu’il y avait eu un rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne », a assuré M. Tanguay.

ADN du PLQ

 

L’amendement des libéraux visait à modifier une motion déposée par le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, à la fin de la période des questions, au Salon bleu. Sur les réseaux sociaux, M. Jolin-Barrette a jugé « déplorable » que les libéraux n’aient pas appuyé sa motion.

« Le PLQ de Dominique Anglade a mis fin à plus de 40 ans de consensus pour défendre le Québec en refusant cette motion, a-t-il écrit. Le PLQ renie sa propre histoire et l’héritage de Robert Bourassa. »

Le cabinet de M. Legault a accusé les libéraux d’avoir renié un « virage nationaliste » attribué à la cheffe Dominique Anglade.

« Chassez le naturel, il revient au galop, a répondu l’attaché de presse Ewan Sauves. Le Parti libéral de Dominique Anglade avait l’occasion ce matin de prouver que son virage nationaliste n’était pas qu’une simple façade. »

M. Tanguay s’est défendu de vouloir raviver la polarisation souverainiste-fédéraliste qui a permis aux libéraux de marquer des points en brandissant notamment le spectre d’un référendum sur la souveraineté.

« L’intervention que nous faisons comme groupe parlementaire, ça ne relève pas de la stratégie politique, ça relève de notre ADN au Parti libéral du Québec », a-t-il dit.

Dans le passé, le premier ministre Jean Charest a déjà accusé M. Legault d’être « un souverainiste de gauche », après la création de la CAQ, en 2011.

En 2016, les caquistes avaient adopté une résolution qui modifie la constitution du parti pour préciser que la CAQ souhaite développer le Québec « à l’intérieur du Canada ».

« Je suis fier d’être Canadien, avait ensuite déclaré M. Legault. Je suis fier de ce qu’on a construit et le Canada, ça a commencé ici au Québec. »

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