Pas d’accalmie dans la pandémie avant deux semaines, prévient le Dr Boileau

Le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau
Adil Boukind Le Devoir Le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau

La hausse des hospitalisations dues à la COVID-19 pourrait se poursuivre pendant encore deux semaines et avoir des effets sur « l’offre de services » dans le réseau de la santé du Québec, a déclaré vendredi le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau.

Il a une fois de plus demandé aux Québécois de faire un « effort de vigilance collectif », en rappelant que « les risques sont actuellement du côté des personnes les plus vulnérables », surtout celles de 70 ans et plus.

« Nos projections montrent que la vague va continuer — globalement pour l’ensemble du Québec — pendant deux semaines », a affirmé le Dr Boileau. Les projections actuelles ne laissent pas entrevoir une augmentation des hospitalisations de l’ampleur de celle observée en janvier, mais « il n’y a rien qui est impossible », a souligné l’expert.

La recrudescence des infections, de même que l’absence de plus de 13 000 travailleurs du réseau de la santé, pourrait entraîner encore davantage de délestage dans les hôpitaux et ailleurs dans le réseau, a reconnu le Dr Boileau.

Pas de nouvelles mesures

La Santé publique n’envisage pas pour autant d’imposer de nouvelles mesures pour freiner la propagation du virus. À l’approche de Pâques et en plein ramadan, les autorités ont dit s’en remettre aux Québécois afin qu’ils fassent « les bons choix », en s’isolant s’ils ont des symptômes, par exemple.

En date de vendredi, la hausse des cas se poursuivait dans la grande région de Montréal, en Outaouais, en Estrie, au Bas-Saint-Laurent, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans la Capitale-Nationale, en Chaudière-Appalaches ainsi qu’en Mauricie et au Centre-du-Québec. En Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord, ça « semble pour l’instant se stabiliser, mais les tendances demeurent incertaines », a dit le Dr Boileau.

Pour améliorer la précision des tests rapides de dépistage de la COVID-19, la Santé publique encourage désormais les Québécois à effectuer les prélèvements dans la bouche — entre la gencive et la joue, derrière la langue —, puis dans les narines. « Omicron est un virus qui attaque préférentiellement les voies respiratoires supérieures, et on sait qu’en allant chercher un peu de salive […], ça augmente un peu la sensibilité du test », a expliqué le Dr Jean Longtin, microbiologiste et expert clinique du ministère de la Santé.

Le Dr Boileau a également dressé, en point de presse, le portrait vaccinal des personnes récemment décédées de la COVID-19 : celles-ci sont « pour la plupart » âgées et vaccinées. « Et c’est normal, parce que le vaccin n’est pas efficace à 100 % », a-t-il rappelé. Reste que « si nous n’avions pas des populations vaccinées comme elles le sont, nous aurions des ravages énormes », a-t-il précisé.

Des patients non vaccinés meurent encore de la COVID-19, a ajouté le Dr Boileau. Ceux-ci sont « 10 à 15 fois plus à risque » de développer des complications, d’être hospitalisés aux soins intensifs ou de mourir, a-t-il énuméré.

Le Dr Boileau s’excuse

Le spécialiste de la santé publique s’est dit sensible aux décès dus à la COVID-19. C’est notamment à cette sensibilité qu’il a attribué les propos qu’il a tenus mercredi lors de la commission parlementaire sur le projet de loi mettant fin à l’état d’urgence sanitaire.

Le Dr Boileau a alors déclaré qu’en mettant fin abruptement à l’état d’urgence sanitaire, « on va tuer du monde ». Il s’est excusé vendredi pour son affirmation. « Je regrette d’avoir utilisé ces mots-là, c’était inapproprié et je m’en excuse. »

Le médecin a expliqué qu’il tentait de souligner les risques associés à une réduction des capacités de dépistage et de vaccination. Il a aussi déclaré qu’il voulait mettre en évidence « les risques de fragiliser » le réseau de la santé que poserait le retrait des leviers permettant le recours aux volontaires de l’initiative JeContribue.

« [Qu]’on lève la situation d’urgence [sanitaire], on comprend ça, on est d’accord avec ça. Mais de dire qu’on enlève toutes les autres mesures et que c’est fini, on n’est pas rendus là, on ne peut pas faire ça. Il y a trop de risques pour la population, on ne sera pas capables de la protéger. »

Les autorités sanitaires rapportent vendredi 1637 hospitalisations liées à la COVID-19 sur le territoire québécois, une hausse de 55 par rapport à la veille. Parmi celles-ci, 62 patients se trouvent aux soins intensifs, 2 de moins. Québec signale aussi 30 décès supplémentaires de la maladie et recense officiellement 3572 nouveaux cas de COVID-19.

À (re)voir:

La conférence de presse du Dr Luc Boileau




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