McCann et Blais quittent la vie politique

Deux ministres intimement associées à la gestion de la première vague de la pandémie se préparent à quitter la vie politique. L’ex-ministre de la Santé Danielle McCann et la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, ne brigueront pas les suffrages aux élections générales de 2022.
Elles ont confirmé vendredi leur départ imminent, au terme d’une semaine marquée au fer rouge par les critiques à leur endroit concernant l’hécatombe constatée en 2020 au CHSLD dorvalois Herron.
Mme McCann — maintenant ministre de l’Enseignement supérieur — et Mme Blais deviennent les premières élues du Conseil des ministres à annoncer leur départ de la politique active. « J’aurais souhaité l’annoncer aux citoyens de mon comté en [premier], mais je ne me représenterai pas », a écrit la première sur son compte Twitter, quelques heures après que Le Journal de Québec eut rapporté la nouvelle.
« Je confirme qu’elle ne se représentera pas », a indiqué l’attaché de presse de Mme Blais au Devoir, quelques heures plus tard.
J’aurais souhaité l’annoncer aux citoyens de mon comté en 1er, mais je ne me représenterai pas. Je serai grand-mère au printemps. C’est une des plus belles nouvelles, et qui me pousse à me consacrer à ma famille. Je ferai le point devant les citoyens de Sanguinet prochainement.
— Danielle McCann (@MinistreMcCann) April 8, 2022
La cicatrice Herron
Danielle McCann pilotait le ministère de la Santé et des Services sociaux lorsque la première vague pandémique a frappé. De nouvelles révélations sur l’hécatombe constatée au CHSLD Herron lui ont valu d’être inondée de questions cette semaine. Interrogée à quatre reprises sur le fil des événements, mercredi, la ministre a chaque fois refusé de répondre.
« On va recevoir le rapport de la coroner, puis après ça, on verra, s’est-elle contentée de dire. Il faut respecter les étapes pour les familles, justement. Je pense qu’il y a eu là un processus rigoureux, complet, énormément de temps qui a été passé avec les différents acteurs. C’est vraiment le meilleur véhicule, et les familles vont avoir des réponses par cette commission d’enquête. »
C’est un passage express en politique pour la députée de Sanguinet, qui a été élue pour la première fois en 2018, et qui s’apprête à quitter son poste quatre ans plus tard. Formée en travail social, elle a fait carrière dans le réseau de la santé et des services sociaux avant de se lancer en politique avec la Coalition avenir Québec.
Vendredi, le premier ministre François Legault a salué le travail de la ministre, qu’il avait écartée de son poste à la Santéen 2020 pour donner un « deuxième souffle » au ministère. « Ce que nous avons traversé ensemble restera toujours marqué dans ma mémoire, a-t-il gazouillé. On a été chanceux de t’avoir eu à nos côtés pendant 4 ans ! »
Blais au cœur de la tempête
Quant à Marguerite Blais, elle s’est défendue bec et ongles cette semaine devant les critiques de l’opposition. L’élue affirme n’avoir rien à se reprocher dans sa gestion de l’éclosion à Herron.
Cette semaine, elle avouait ne pas avoir averti le bureau du premier ministre quand la situation s’est envenimée entre les murs de la résidence. « Les courriels avec [la mention] “urgence”, il y en avait comme ça pendant toutes les journées, jour après jour, parce qu’il y avait des éclosions dans plusieurs milieux de vie », a-t-elle expliqué pour se justifier.
« On nous disait que c’était pris en charge », a-t-elle renchéri.
La députée de Prévost s’est retrouvée sous le feu des critiques cette semaine. Qualifiée d’« incompétente » par le député du Parti libéral du Québec Pierre Arcand, jeudi, la ministre responsable des Aînés a eu de la difficulté à retenir ses larmes. « Il y a des mots qui nous touchent. On est des êtres humains… », a-t-elle lancé aux journalistes.
Élue une première fois sous la bannière libérale, Mme Blais est passée du rouge au bleu poudre en 2018, quand François Legault lui a proposé de faire équipe avec lui. La ministre caquiste a laissé entendre vendredi que le plan n’avait pas changé depuis. « J’ai décidé de revenir en [politique] en 2018 pour un seul mandat », a-t-elle indiqué sur Twitter.
Marguerite Blais a effectué une carrière de 30 ans à la télévision avant de se lancer dans l’arène politique. Elle aura 72 ans au moment de quitter son siège.