Jolin-Barrette veut stopper net la croissance des cégeps anglophones

Simon Jolin-Barrette a déposé mercredi soir un amendement au projet de loi 96 qui vise à limiter la capacité du réseau collégial anglophone à 30 834 places.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Simon Jolin-Barrette a déposé mercredi soir un amendement au projet de loi 96 qui vise à limiter la capacité du réseau collégial anglophone à 30 834 places.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, propose de stopper net la croissance du réseau collégial anglophone.

Il a déposé mercredi soir un amendement au projet de loi 96 qui vise à limiter la capacité du réseau collégial anglophone à 30 834 places. « On gèle le nombre de places », a-t-il déclaré à la Commission de la culture et de l’éducation.

Les cégeps anglophones accueilleront 14,2 % de tous les étudiants en 2029-2030, mais 11,2 % tous les étudiants en 2039-2040, selon les prévisions gouvernementales. « On ne réduit pas le nombre de places dans le réseau anglophone », a précisé M. Jolin-Barrette mercredi soir avant l’ajournement du débat sur l’amendement qu’il a soumis.

Dans sa première mouture, le projet de loi 96 proposait de limiter la possibilité de croissance des places dans les cégeps anglophones à un maximum de 8,7 % des nouvelles places de l’ensemble du réseau collégial. « La mesure proposée [mercredi soir] permettra d’inverser rapidement la tendance historique du déclin du réseau francophone et de valoriser la langue française comme langue normale des études supérieures au Québec », soutient le gouvernement.

Le ministre responsable de la Langue française a également modifié le projet de loi 96, sur la recommandation du Parti libéral du Québec, afin de « rendre la réussite d’un minimum de trois cours en français conditionnelle à l’obtention du Diplôme d’études collégiales (DEC) pour les étudiants inscrits à un programme offert en anglais ». « Ces trois cours doivent être spécifiques au programme d’études, et ne peuvent être des cours de langue d’enseignement, de langue seconde et d’éducation physique », a fait remarquer le cabinet du ministre.

M. Jolin-Barrette a aussi rappelé vouloir, au moyen du projet de loi 96, imposer une épreuve uniforme de français aux étudiants du réseau collégial anglophone, sauf à ceux étant déclarés admissibles à l’enseignement en anglais à l’école primaire et secondaire, en plus de limiter la possibilité de croissance des places dans les cégeps anglophones. « Ce que nous proposons va véritablement changer le visage de l’enseignement au niveau collégial », a-t-il soutenu.

Non à l’application de la loi 101 au collégial

Pascal Bérubé a fait chou blanc mercredi dans la Salon rouge de l’hôtel du Parlement. Le député péquiste a cherché à convaincre le ministre Simon Jolin-Barrette d’amender le projet de loi 96 afin d’appliquer la Charte de la langue française à l’enseignement collégial, mais en vain.

« J’accuse ce gouvernement de non-assistance à une langue en danger, rien de moins », a lancé Pascal Bérubé en commission parlementaire.

L’élu a déposé mercredi un amendement au projet de loi 96 stipulant que « l’enseignement collégial doit se donner en français, sauf pour les ayants droit », soit les enfants dont le père ou la mère a reçu un enseignement primaire en anglais au Canada.

Selon lui, le déclin du français au Québec commande de fermer les portes des cégeps anglophones aux francophones et aux allophones. « Ce gouvernement, qui nous a demandé d’écouter la science, qui nous a dit qu’il écoutait toujours la science, choisirait de ne pas regarder franchement les chiffres en disant : “Les mesures les plus structurantes, on ne va pas aller de l’avant, parce qu’il y a peut-être un coût politique à payer” », a déploré le député de Matane-Matapédia.

Les députés de la Coalition avenir Québec, du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire se sont tour à tour opposés à l’idée d’assujettir les cégeps à la loi 101.

Pascal Bérubé a dit regretter de voir Simon Jolin-Barrette — qu’il soupçonne d’appartenir à l’« aile de plus en plus rachitique de la CAQ, qui pratique un nationalisme homéopathique », — « passe [r] à côté de l’histoire » avec son projet de loi « pas costaud ». Il y voit une « capitulation honteuse » de la part des « nationalistes » de l’équipe de François Legault.

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