Le «TSO», pas un obstacle au recrutement d’infirmières étrangères, assure Québec
![«Évidemment, il y a des circonstances exceptionnelles, mais tout est mis en place pour diminuer [les heures supplémentaires obligatoires]», a dit mercredi le ministre Jean Boulet.](https://media2.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1126176_908379/image.jpg)
Visé par une plainte à l’international pour «travail forcé» imposé dans le réseau de la santé, le gouvernement de François Legault se croit tout de même capable d’attirer mille infirmières en provenance de l’étranger d’ici 2023.
Les ministres de l’Immigration et de la Santé, Jean Boulet et Christian Dubé, ont lancé mercredi une mission de « reconnaissance » dans le but de recruter du personnel en Algérie, au Cameroun, au Maroc, en Tunisie et à l’île Maurice. Déjà, plus de 300 personnes ont été sélectionnées à l’aide de ce programme, qui coûtera 65 millions de dollars à Québec.
« On a besoin d’un soutien supplémentaire », a indiqué le ministre Dubé, lors d’une conférence de presse à Québec.
Le gouvernement Legault s’est donné l’automne dernier l’objectif d’attirer et de retenir 4000 infirmières dans le réseau public de la santé. Dans des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, la pénurie de personnel se chiffre par centaines. En se tournant vers l’international, Québec veut s’assurer de régler le problème dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Baie-James et de l’Outaouais.
Mais depuis cette semaine, ce même gouvernement fait l’objet d’une plainte devant l’Organisation internationale du travail (OIT) pour « travail forcé » envers ses travailleurs de la santé. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui a déposé le grief, reproche à Québec de « tolér [er] et même [de] favoris [er] » l’utilisation des heures supplémentaires obligatoires (aussi appelées temps supplémentaire obligatoire, TSO).
« Les conditions de travail au Québec sont extrêmement attrayantes, a rétorqué le ministre Jean Boulet, mercredi. Évidemment, il y a des circonstances exceptionnelles, mais tout est mis en place pour diminuer [les heures supplémentaires obligatoires]. »
Le ministre de la Santé se déçoit que ces dernières soient « devenues une méthode de gestion » au cours des années. Mercredi, il s’est de nouveau engagé à s’en éloigner « de façon importante ».
Ottawa suivra-t-il ?
Le programme de recrutement lancé mercredi par Québec prévoit que les candidates seront accueillies dans les cégeps des régions ciblées pour recevoir une formation d’appoint d’une durée de 9 à 12 mois qui mènera à une reconnaissance de leur formation et de leur expérience clinique par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). On leur permettra de travailler jusqu’à 20 heures par semaine comme préposées aux bénéficiaires durant leur formation.
Les candidates recevront aussi une allocation de 500 dollars par semaine pour la durée de la formation et les frais de scolarité. Les frais de demande d’équivalence à l’OIIQ et le coût de la formation d’appoint seront tous couverts par le ministère de l’Immigration.
En novembre dernier, Le Devoir rapportait qu’un nombre grandissant d’étudiants étrangers — surtout en provenance d’Afrique — se voyaient refuser l’entrée au Québec par le gouvernement fédéral. Puis, le mois suivant, le ministre canadien de l’Immigration, Sean Fraser, affirmait en entrevue qu’il souhaitait régler ce « problème ».
« Il y a un enjeu avec Ottawa », a convenu M. Boulet, mercredi, lorsqu’interrogé sur les possibilités de succès de son programme d’attraction, qui s’appuiera fortement sur des infirmières africaines.
« C’est une des raisons pour lesquelles je discute fréquemment avec mon collègue M. Fraser. [Sur] le taux de refus des étudiants, la situation est à se redresser », a-t-il ajouté.
Avec La Presse canadienne