Les «choix» du gouvernement ont contribué aux «décès massifs» en CHSLD, selon Shirley Dorismond

Shirley Dorismond s’est opposée par le passé à plusieurs positions de François Legault.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Shirley Dorismond s’est opposée par le passé à plusieurs positions de François Legault.

La candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Marie-Victorin, Shirley Dorismond, n’a pas toujours cautionné la gestion pandémique du gouvernement de François Legault. Dans une vidéo datée de mai 2021, elle trace une ligne directe entre le manque d’équipement de protection individuelle dans le réseau et l’hécatombe dans les CHSLD.

Lors d’un débat virtuel organisé en mai 2021 par l’Institut Santé et société de l’Université du Québec à Montréal, l’infirmière de formation critique vivement la gestion de crise du gouvernement, notamment dans les centres de soins de longue durée.

Voyez des extraits dans la vidéo ci-dessous :



« Si on avait fourni une protection adéquate depuis le début, des [masques] N95, des gants, des uniformes, et ce, dans tous les secteurs […], je crois sincèrement qu’on aurait évité tous ces décès massifs en CHSLD », peut-on l’entendre dire dans la vidéo, qui a resurgi mardi.

« Le gouvernement a fait le choix de remettre l’équipement aux hôpitaux en premier lieu, poursuit-elle. On a laissé pour compte les CHSLD. »

Shirley Dorismond représentera la CAQ lors de l’élection complémentaire dans la circonscription longueuilloise. Ce n’est pas la première fois qu’elle s’oppose publiquement aux positions de celui qui est désormais son chef. L’automne dernier, l’infirmière et représentante syndicale en santé accusait François Legault d’être « complice d’une violence organisationnelle subie par les membres de [sa] profession, composée à 90 % de femmes ».

Elle a aussi affirmé qu’il « n’y aura pas de justice sociale tant que le racisme systémique existera ». François Legault nie l’existence même de ce concept.

« Pas drôle »

Dans l’extrait du débat qui a refait surface mardi, Mme Dorismond n’y va pas de main morte envers la gestion de crise. « Je vous le dis : au début de la pandémie, les infirmières en soutien à domicile, ce n’était pas drôle. Elles ne pouvaient même pas avoir des masques de procédure. Elles se fabriquaient des masques en tissu et se mettaient des sacs-poubelle pour se protéger. »

On l’y entend aussi plaider pour une plus grande autonomie de la Santé publique. Dans la foulée du départ d’Horacio Arruda, les groupes d’opposition à l’Assemblée nationale ont réitéré récemment leur désir de voir apparaître une muraille de Chine entre le gouvernement et les autorités de santé publique.

« Elle devrait être autonome. L’impartialité, le côté imputable, on se questionne vraiment… » lançait-elle.

Dimanche, en présentant Mme Dorismond aux médias, M. Legault a défendu sa candidate. « Quand on est responsable d’un syndicat, on est responsable de défendre ses membres », avait-il indiqué. Mardi, la principale intéressée s’est justifiée en donnant une réponse qui correspondait presque mot pour mot à celle du premier ministre. « Mon travail était de défendre les membres de mon syndicat », a-t-elle affirmé dans une communication écrite.

« J’estime que dans les circonstances, devant une telle crise sans précédent, le gouvernement a agi dans le meilleur intérêt des Québécois et des travailleurs de la santé, avec les informations qu’il avait », a-t-elle ajouté.

Le débat se transporte en Chambre

 

Les opinions de sa nouvelle collaboratrice ont suivi François Legault jusqu’au Salon bleu, mardi après-midi. En période de questions, la cheffe libérale, Dominique Anglade, a tenté de soulever les contradictions entre son discours et celui de Mme Dorismond. « Est-ce que le premier ministre est d’accord avec sa candidate ? » a-t-elle demandé.

François Legault maintient qu’une députée comme Shirley Dorismond à l’Assemblée nationale permettra de « continuer à améliorer les choses en santé ». Il n’a toutefois pas statué sur la date du vote de l’élection partielle dans Marie-Victorin.

La circonscription a été laissée vacante en novembre, quand la députée qui y siégeait, Catherine Fournier, a remporté le scrutin municipal à Longueuil. La loi exige que le gouvernement déclenche une élection complémentaire d’ici l’été.

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