François Legault fait un Justin Trudeau de lui-même, dénonce le MDN

La CAQ renonce à sa promesse de réformer le mode de scrutin, dénonce le Mouvement démocratie nouvelle.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La CAQ renonce à sa promesse de réformer le mode de scrutin, dénonce le Mouvement démocratie nouvelle.

Après avoir promis de ne pas marcher dans les traces de Justin Trudeau, le premier ministre François Legault imite son homologue fédéral et renonce définitivement à sa promesse de réformer le mode de scrutin, a dénoncé vendredi le Mouvement démocratie nouvelle (MDN).

Le président de MDN, Jean-Pierre Charbonneau, affirme qu’il en a été informé vendredi après-midi par le cabinet de M. Legault.

« C’est scandaleux, a tonné M. Charbonneau dans une entrevue au Devoir. C’est vraiment trahir sa parole, trahir sa signature, trahir tout ce qu’il a dit et faire le contraire de ce qu’il avait promis, au prix d’encourager le cynisme des citoyens. »

Déposé en 2019, le projet de loi 39 visait à remplacer le mode majoritaire uninominal à un tour par un nouveau mode de scrutin mixte avec compensation régionale, qui permet notamment aux partis de récolter une plus grande proportion de sièges au Parlement que le nombre de circonscriptions remportées.

En 2018, alors dans l’opposition, M. Legault avait personnellement adhéré à une coalition formée du Parti québécois (PQ), de Québec solidaire (QS) et du Parti vert du Québec (PVQ) vouée à mettre fin à ces distorsions. Il avait pris cet engagement public après que le premier ministre Justin Trudeau eut renoncé, une fois au pouvoir, à sa propre promesse de réformer le mode de scrutin.

« On ne fera pas comme Justin Trudeau », avait promis M. Legault lors d’une conférence de presse.

M. Charbonneau s’est indigné du fait que M. Legault renonce à sa promesse après avoir ainsi dénoncé M. Trudeau.

« Legault a décidé qu’il faisait lui aussi un Justin Trudeau de lui-même », a-t-il dénoncé.

Le cabinet de M. Legault a informé M. Charbonneau que la CAQ n’avait pas l’intention de garder cette proposition à son programme électoral, une information confirmée par une source proche du dossier. M. Legault défendra désormais le statu quo.

« Le premier ministre aurait pu avoir le courage de m’appeler, je suis un de ses anciens collègues et ça fait des années qu’on se bat pour ça », a dit M. Charbonneau, ancien député péquiste.

Avant M. Legault, le premier ministre libéral Jean Charest avait lui aussi renoncé à son engagement de réformer le mode de scrutin. Les libéraux avaient refusé de se joindre à la coalition de la CAQ, du PQ, de QS et du PVQ.

Le gouvernement caquiste a ensuite décidé de soumettre la réforme à un référendum qui aurait eu lieu aux élections de 2022. Mais la ministre responsable de la réforme, Sonia LeBel, a reconnu au printemps dernier que le projet de loi ne pourrait pas être adopté à temps pour une consultation populaire.

Selon les informations obtenues d’une source proche du dossier, le gouvernement caquiste laissera mourir le projet de loi 39 au feuilleton sans jamais le nommer d’ici le prochain scrutin.

La décision de M. Legault témoigne de la difficulté pour les partis politiques de réformer un mode de scrutin qui les a portés au pouvoir, constate M. Charbonneau. « Les députés de la CAQ veulent le pouvoir et veulent le garder le plus longtemps possible. »

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