Québec investit 52 millions en prévention dans la lutte contre les armes à feu

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault

Le nombre d’événements liés aux armes à feu étant en forte augmentation à Montréal, le gouvernement du Québec a annoncé dimanche qu’il investira 52 millions de dollars afin de redoubler d’efforts en matière de prévention dans sa lutte contre ce type de criminalité.

Les fonds seront destinés à plusieurs projets, notamment des sommes de 11,3 millions sur cinq ans au Programme de prévention de la délinquance par le sport, les arts et la culture et de 20,2 millions sur quatre ans au nouveau Programme de financement de la mission des organismes communautaires de travail de rue en prévention de la criminalité.

Le gouvernement du Québec dit entendre les Montréalais qui ne reconnaissent plus leur ville. Au cours de la dernière année, quatre adolescents ont été tués par balle à Montréal.

« On comprend très bien que des gens soient inquiets et soient extrêmement bouleversés », a déclaré la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui a dit que cette annonce s’ajoute à celle faite précédemment de l’embauche de 107 policiers et experts pour lutter contre la violence liée aux armes à feu.

Mais la répression n’est pas la réponse à tout. « On pourrait mettre tous les policiers du monde, il reste que, le jour où une arme à feu arrive dans la main d’un jeune de 15 ans, c’est parce qu’on a échappé quelque chose avant », a lancé la ministre.

Québec veut donc éviter que les jeunes se laissent « séduire par des délinquants sans scrupules » et dit reconnaître que le travail de rue est « majeur » en matière de prévention.

Le programme visant à financer la mission même des organismes communautaires représente une nouvelle façon de faire pour le gouvernement, qui finance habituellement des projets. Cette méthode, a dit Mme Guilbault, va permettre « d’éradiquer le spectre constant de la discontinuité de services » qui plane sur eux.

Lors de la conférence de presse qui se tenait dans le quartier Saint-Michel, où ont eu lieu bon nombre de fusillades, certaines mortelles, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pour sa part dit estimer qu’il faut améliorer les « conditions sociales, économiques et urbanistiques ».

Cela améliore la qualité de vie et permet de mettre en place des « conditions gagnantes pour des milieux de vie qui sont stimulants, intéressants, et qui tiennent entre autres les jeunes loin du crime organisé ».

Il est nécessaire « plus que jamais » d’entreprendre des actions « très concrètes » pour mettre un frein à la vague de violence, a renchéri la ministre responsable de la région de Montréal et de la Métropole, Chantal Rouleau.

« On est face à un nouveau phénomène, notamment à cause de l’usage des réseaux sociaux, qui sont trop souvent utilisés pour glorifier et banaliser la possession et l’utilisation des armes à feu. Et là, il faut s’y attaquer de front », a-t-elle expliqué.

Autochtones

 

Au nombre des mesures financées, Québec versera 366 000 $ au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin qu’il crée un poste de conseiller en développement communautaire autochtone.

Une « spécialisation » dans ce domaine d’intervention représente un « ajout considérable » au corps policier, a noté Sylvain Caron, le directeur du SPVM.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, lui-même ancien policier à Montréal, a affirmé que, pour avoir patrouillé dans les rues de la métropole, il sait « à quel point il est important d’instaurer une meilleure compréhension mutuelle et un plus grand climat de confiance ».

La violence armée est actuellement « la priorité du service », a noté le chef de police, qui dit avoir déployé « tous les effectifs requis » pour la dompter.

M. Caron a profité de l’occasion pour demander aux jeunes ayant connaissance d’événements qui se trament de se confier à un adulte de confiance ou à un policier communautaire afin de permettre aux autorités d’intervenir « en amont, plutôt que d’être en réaction ».

La part du lion des fonds annoncés dimanche sera dépensée à Montréal puisque le problème y est particulièrement criant, mais des sommes seront également octroyées à d’autres grands centres urbains. « On ne veut pas attendre justement que ce soit aigu », a précisé Mme Guilbault.

Québec espère également qu’Ottawa sera de la partie. Une demande formelle de reconduction d’un programme sur la violence liée aux armes à feu et aux gangs sera faite. « À noter au passage qu’on est deux paliers de gouvernement avec vous aujourd’hui, mais qu’il en existe un troisième », a lancé la ministre.

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