St-Pierre Plamondon veut parler d’«avenir», mais pas des élections

Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, veut orienter la formation vers un nouvel « avenir » recentré sur l’indépendance, mais il n’a pas voulu parler des élections de 2022 dans son discours aux membres, en congrès à Trois-Rivières.
Lors d’un rassemblement express d’une journée, samedi, les membres du PQ ont adopté les grandes lignes du programme du parti, qui serviront à orienter sa plateforme du scrutin de l’automne prochain. Or, quand est venu le temps de s’adresser aux partisans péquistes dans une longue allocution en soirée, M. St-Pierre Plamondon n’a pas prononcé les mots « élections », « candidats » ou « vote » une seule fois.
Le ton tranchait avec les congrès politiques de l’automne, où, tour à tour, la Coalition avenir Québec, Québec solidaire et le Parti libéral avaient fait du scrutin de l’an prochain un enjeu phare. « Le congrès, c’est l’occasion de parler de ce qu’on veut faire de notre société. On est dans le contenu. On est dans l’avenir », a-t-il expliqué aux journalistes. Le « quotidien politique » viendra, a-t-il assuré.
En adoptant son « projet national » ce week-end, le PQ a tourné son regard vers un « avenir » idéal, loin des préoccupations de la Coalition avenir Québec, a martelé Paul St-Pierre Plamondon.
« Ce que nous propose la CAQ signifie ni plus ni moins que consentir à notre déclin », a-t-il lancé lors d’un discours d’une trentaine de minutes devant les militants.
« Le Québec a besoin de changer de cap rapidement si on veut assurer notre avenir », a-t-il ajouté, en référence au slogan du congrès d’orientation : « changeons d’avenir ».
Renouveau
Le rassemblement péquiste a lui-même mené à un changement de cap à l’interne, du moins en apparence. Le parti a présenté un nouveau logo, plus différent que jamais de ceux que proposait jusqu’ici la formation de René Lévesque, et habillé de la fleur de lys.
« C’est un logo ancré dans notre héritage, mais beaucoup plus dynamique. On voit le mouvement. Il faut actualiser notre message de la même manière qu’on actualise l’image », a signalé Paul St-Pierre Plamondon aux journalistes en soirée.
Si son prédécesseur à la tête du PQ, Jean-François Lisée, avait proposé de reporter le référendum pour la souveraineté à un deuxième mandat, les militants péquistes ont réitéré leur désir de le lancer dès le premier. Samedi, Paul St-Pierre Plamondon leur a emboîté le pas.

« On fait le choix de parler de l’indépendance comme étant l’incontournable d’un avenir meilleur pour notre nation », a-t-il dit lors de son discours.
L’avocat de formation souhaite « briser l’omerta » sur le discours souverainiste, en se posant notamment en adversaire au fédéralisme « communautariste » de Justin Trudeau. « Dans le Canada de Justin Trudeau, on divise les gens en les classant par religion, couleur de peau, différences individuelles, par des idéologies de plus en plus radicales », a-t-il lancé.
On fait le choix de parler de l’indépendance comme étant l’incontournable d’un avenir meilleur pour notre nation
Samedi, les militants péquistes ont unanimement condamné « le projet postnational canadien » et « la culture de l’annulation ». « L’avenir que propose le Parti québécois est encore une fois complètement différent : au lieu de diviser, nous allons unir les Québécois en misant sur ce qui nous rassemble : la langue, la culture, le sport, un drapeau, un hymne national », a signalé M. St-Pierre Plamondon.
Le chef péquiste croit le parti capable d’imposer la souveraineté dans le débat public à nouveau. Il l’a déjà fait avec le débat linguistique en se positionnant en faveur de l’application de la loi 101 au cégep, a soutenu l’avocat de formation.
Une nouvelle orientation verte
Sur le fond, les membres du PQ auront voté sur plus d’une centaine de propositions pour modifier leur programme ou y ajouter des éléments. Un militant a proposé samedi à ses collègues de carrément « réécrire la section sur les changements climatiques ». Ils ont accepté : les membres ont adopté de nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre et se sont engagés à « enchâsser […] la protection de la biodiversité dans la Constitution du Québec », notamment.
En environnement, le porte-parole du PQ en la matière, Sylvain Gaudreault, a rompu avec le discours ambiant, en s’aventurant sur le terrain des promesses électorales. Il veut « évaluer » une taxe sur les gros véhicules, a-t-il dit en mêlée de presse.
Une proposition qui a surpris son chef. « Est-ce que ç’a été débattu ? », a répondu M. St-Pierre Plamondon quelques heures plus tard, lui qui n’avait vraisemblablement pas été mis au courant de la promesse de son collègue. « On est à l’étape du programme. Ces questions-là vont être tranchées dans le cadre de la plateforme, en vue des élections », a-t-il affirmé.
Une centaine de positions
Samedi, les militants ont approuvé une proposition visant à « ajuster le nombre d’immigrants accueillis par le Québec chaque année, en fonction de [la] capacité réelle d’intégrer ». Ils ont voté en faveur d’un rabaissement de l’âge minimal pour consommer du cannabis à 18 ans et d’une fin graduelle « aux subventions publiques des écoles privées ».
Ils se sont opposés à un amendement visant à assurer la gratuité scolaire du primaire à l’université. Paul St-Pierre Plamondon s’est toutefois engagé à en discuter avec les militants, pour voir s’il y aurait moyen d’adopter une position moins « noir ou blanc ».
La fin du congrès péquiste concorde avec la fin de la saison des congrès politiques. Il reste environ dix mois avant le scrutin général de 2022.