Le PLQ veut nationaliser la production d’hydrogène vert

La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade

Dominique Anglade a donné le coup d’envoi du 34e congrès des membres du Parti libéral du Québec (PLQ) vendredi en proposant de nationaliser la production et la distribution de l’hydrogène vert.

Afin de « relever le défi climatique », les libéraux misent sur des investissements de 100 milliards de dollars d’ici 2050 — de la part du public et du privé — dans un plan d’économie environnementale qu’ils appellent « la vision ÉCO ».

« ÉCO, c’est le passage vers le monde sans pétrole. ÉCO, c’est le passage vers la carboneutralité en 2050 », a lancé la cheffe libérale, installée derrière un lutrin où était inscrit le mot « Audacieux ». L’expression allie les mots « économie » et « écologie ».

En mêlée de presse, Mme Anglade n’a pas voulu dire quelle part des 100 milliards de dollars serait investie par l’État si son projet allait de l’avant. « L’ampleur du défi qu’on a devant nous est colossale. Et si veut être sérieux par rapport à ça, il va falloir qu’on en fasse une priorité, qu’on investisse des moyens », a-t-elle indiqué. « Le message à lancer, c’est d’abord et avant tout qu’on veut une vision. Ce soir, ce ne sont pas des chiffres et des montants exacts. »

Dans son discours aux militants réunis au Centre des congrès de Québec, la cheffe a dit voir dans Hydrogène Québec « une solution pour remplacer les énergies fossiles lorsque l’électrification est impossible ». Il s’agit aussi d’une façon d’être « maîtres chez nous », a-t-elle affirmé.

Mme Anglade a souligné que l’hydrogène représentera « jusqu’à 24 % de la demande énergétique mondiale » d’ici 2050. « Les experts prédisent que la partie devrait se jouer d’ici 2035 pour déterminer qui seront les leaders de l’hydrogène vert de demain. Le Québec doit se positionner », a-t-elle plaidé.

La cheffe libérale a dit imaginer de « l’équipement lourd alimenté à l’hydrogène » à Fermont, « un minerai transporté jusqu’à Sept-Îles » par un train propulsé à l’oxygène ou encore, des centrales thermiques — de la Basse-Côte-Nord, de la Haute-Mauricie et du Nunavik — qui pourraient « être converties à l’hydrogène ».

Le PLQ a aussi profité de son congrès pour faire de la protection de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques la neuvième valeur libérale. Les élus avaient ouvert la porte toute grande à cette proposition de leur Commission-Jeunesse en 2018. Le parti entend par ailleurs bonifier ses cibles climatiques en proposant des réductions des gaz à effet de serre (GES) de 40 % à 45 % en 2030 par rapport au niveau de 1990.

Dans son discours, Mme Anglade a aussi proposé de doubler les redevances sur l’eau et d’utiliser « l’entièreté de ces sommes pour financer des mesures de protection de notre eau ». Elle a également déclaré que le parti souhaite réduire le gaspillage énergétique des deux tiers d’ici dix ans. La population ne doit cependant pas s’attendre à des mesures drastiques pour autant, a assuré Mme Anglade. L’objectif libéral est « raisonnable et ambitieux », a-t-elle résumé.

Un virage… ou pas ?

Dans son discours, Dominique Anglade a reconnu que le PLQ « traverse un moment de redéfinition ». « Est-ce qu’on a une côte à remonter ? Oui, on a une côte à remonter. On a une montagne de travail devant nous », a-t-elle aussi admis. « Nous avons la responsabilité d’être prêts », a-t-elle lancé juste avant, non sans rappeler le « Nous sommes prêts » de l’ex-chef libéral Jean Charest.

« Le Parti libéral, ne sera jamais, et je dis bien jamais, la pâle copie de quoi que ce soit ou de qui que ce soit », a aussi déclaré la cheffe, dont la déclaration a été accueillie par une ovation des militants.

Avant Mme Anglade, des élus de son caucus ont relativisé la transformation que subit la formation politique.

« Le Parti libéral, c’est le Parti libéral. Il n’y a pas de nouveau, il n’y a pas un ancien parti », a notamment déclaré le député de Nelligan, Monsef Derraji. Il a néanmoins ajouté que « c’est dans le choc des idées qu’on va avancer ». « C’est clair qu’aujourd’hui, on ne peut pas voir l’avenir avec les mêmes lunettes du passé. C’est clair que la pandémie nous a donné une leçon », a-t-il ajouté.

Le député de Robert-Baldwin, Carlos Leitão, a quant à lui souligné que le PLQ « a toujours été le parti de son temps ». « Et le temps aujourd’hui, c’est l’environnement, c’est la transition énergétique qui est l’élément crucial, non seulement pour le Québec, mais pour toute la planète », a-t-il poursuivi.

Devant les journalistes, les élus ont rejeté l’étiquette de « Québec solidaire fédéraliste ». « QS, ce sont des gens qui ont de la misère à compter, visiblement. Ça n’a rien à voir avec ce que nous faisons », a lancé le député de Mont-Royal–Outremont, Pierre Arcand. « QS a prouvé lors de leur congrès la semaine passée qu’ils ont des cibles [de réduction de GES] qui sont totalement irréalistes. »

Le député de Pontiac, André Fortin, a de son côté reproché à QS d’être « un parti qui est radical, marginal ». « Il n’y a pas si longtemps, ils proposaient la nationalisation des banques, alors il n’y a pas de comparaisons à faire », a-t-il indiqué.

Quant à Hélène David, elle a dit partager le côté progressiste du parti qu’a représenté sa sœur Françoise. « [Je suis] très contente des orientations que ma cheffe prend, c’est-à-dire progressistes — ça doit être dans l’ADN de la famille — avec un petit côté nationaliste que je ne nie pas », a-t-elle affirmé. « Je trouve que c’est très important de dire qu’on peut être fédéraliste et protéger la langue française », a-t-elle ajouté.

Mme Anglade a résumé la vision solidaire de cette façon : « il suffit d’enlever tout ce qui roule avec un moteur et de fermer tout ce qui fait travailler du monde et qui a une cheminée ». Elle s’en est aussi prise à la CAQ dans son discours. Le parti de François Legault représente selon elle « le siècle dernier » puisqu’il a « abandonné nos aînés pendant la crise », qu’il « refuse de reconnaître la pénurie de main-d’œuvre » et n’a pas « de vision économique et environnementale », a-t-elle énuméré.

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