Les cibles climatiques de Québec solidaire ne tiennent pas la route, selon le ministre Charette

Québec solidaire rate la cible en rehaussant ses objectifs de réduction de gaz à effets de serre dans un contexte où il sera même exigeant d’atteindre les seuils actuels, affirme le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
Le deuxième parti d’opposition a voté cette fin de semaine en congrès afin de faire grimper ses cibles vertes. Québec solidaire (QS) s’engage désormais à réduire les émissions d’au moins 55 % en 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Le plan solidaire parlait au départ d’un objectif de 45 %.
Au cours du week-end, plusieurs hauts placés du gouvernement de François Legault s’étaient moqués du nouvel engagement adopté par les militants de QS. Mercredi, le ministre Charette en a rajouté une couche. « Techniquement, financièrement, économiquement parlant, ce n’est pas réaliste », a-t-il tranché en mêlée de presse à la sortie d’une séance du Conseil des ministres.
« Ça voudrait dire, essentiellement, retirer l’équivalent de toutes les voitures de nos routes. Ça voudrait dire réduire de deux tiers les émissions du secteur industriel », a-t-il énuméré devant une poignée de journalistes. L’élu peine par ailleurs à s’imaginer les coûts que cela constituera.
« Déjà , avec des investissements de 60 milliards, on n’a pas identifié tout le travail qui nous reste à faire. Donc, imaginez », a-t-il analysé.
Or, selon la députée solidaire Émilise Lessard-Therrien, porte-parole en matière d’environnement, ce sont les propos du ministre qui ne tiennent pas la route. Les solutions existent pour assurer une transition énergétique efficiente, et elles seront chiffrées dans la plateforme de son parti, a-t-elle dit au Devoir.
« Le ministre brandit l’épouvantail, a affirmé l’élue. Lui, il ne ventile ça que sur les secteurs des transports, de l’industrie et de l’agriculture. Mais il y a plus de gestes à poser que ça. »
Mme Lessard-Therrien évoque la protection massive des milieux naturels et la réduction du gaspillage alimentaire. « Actuellement, on va rater nos cibles et on n’est pas plus ambitieux », a-t-elle ajouté.
« Défi colossal »
Pour le moment, le gouvernement du Québec promet qu’en 2030, il aura réduit les émissions de gaz à effets de serre de 37,5 % par rapport à 1990. Déjà , la « cible est extrêmement ambitieuse », a souligné M. Charette, précisant qu’une augmentation de ce seuil n’avait pas raison d’être actuellement.
En 2018, le Québec avait réduit ses émissions totales de 6 % depuis 1990. À l’approche du bilan 2019 – prévu dans les prochaines semaines –, Benoit Charette appelle les oppositions à faire preuve de pragmatisme.
« Notre bilan 2019 devrait confirmer que la marche est excessivement haute, a souligné le ministre. On garde notre cible, mais ça sera déjà un défi colossal à atteindre. »
 Dans un contexte d’urgence climatique, a rétorqué Mme Lessard-Therrien, il faut plutôt accélérer le pas.
« Montréal a une cible de 55 %, le Royaume-Uni a une cible à 68 %, l’Union européenne a une cible à 55 %. C’est le gouvernement qui est irresponsable en maintenant ses cibles actuelles. Ce n’est pas assez », a-t-elle souligné.