La réintégration de Montpetit dans le caucus libéral est déjà compromise, selon Anglade

Les allégations d’abus de pouvoir qui pèsent sur Marie Montpetit sont accablantes, au point où sa réintégration au sein du caucus libéral est déjà compromise, a indiqué mardi la cheffe libérale, Dominique Anglade.
Alors que les allégations contre Mme Montpetit s’accumulent, Mme Anglade s’est défendue d’avoir pris à la légère les situations conflictuelles qu’elle a eu à gérer à propos de son ex-collègue, qu’elle a expulsée du caucus lundi.
Lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale, la cheffe libérale a expliqué que l’abondance d’informations reçues ces derniers jours compromet le retour de la députée, et ce, même si cette dernière exprimait une volonté de changer, faisait amende honorable ou présentait des excuses.
« Avec la quantité d’informations que j’ai aujourd’hui, avec les faits qui m’ont été présentés, je ne vois pas de quelle manière ça se produirait, a-t-elle dit. C’est ce que je peux vous dire. »
Dominique Anglade a fait le même constat à propos d’une éventuelle candidature de Mme Montpetit dans la circonscription montréalaise de Maurice-Richard.
« Avec les informations que j’ai aujourd’hui, je ne vois pas comment elle pourrait être candidate », a ajouté la cheffe libérale.
Le Devoir a rapporté les témoignages de huit employés ou ex-employés qui ont travaillé avec Mme Montpetit. Ils parlent d’un climat de travail délétère qu’elle créait, avec des insultes, des cris et du dénigrement.
La whip en chef libérale, Filomena Rotiroti, a fait référence mardi au processus d’enquête entourant les plaintes de harcèlement en place à l’Assemblée nationale, sans préciser si des plaintes formelles ont été reçues ni si une enquête est en cours.
« Notre rôle comme officiers, c’est de nous assurer qu’on accompagne les gens qui viennent nous voir, qui souhaitent porter plainte, et de les soutenir dans la démarche », a-t-elle dit.
« J’ai l’obligation de réagir »
Mme Anglade a affirmé qu’elle n’avait accordé aucun traitement de faveur à Mme Montpetit, qui a coprésidé sa course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) en 2020.
« Ce qu’on veut, c’est faire en sorte que les gens se sentent bien quand ils viennent travailler, a-t-elle expliqué. Puis, c’est indépendamment des relations individuelles que l’on peut avoir avec quelqu’un. »
Mme Anglade n’a pas détaillé quelles ont été les interventions menées auprès de Mme Montpetit avant son expulsion.
« On se rend compte que la situation ne s’est pas réglée, a-t-elle dit. Conséquemment, elle ne peut plus faire partie de notre caucus. »
Mme Anglade assure qu’elle ignorait tout des écarts reprochés à Mme Montpetit avant d’être élue cheffe du PLQ.
« À partir du moment où je suis cheffe du parti et où je suis responsable de ma formation politique, et où des faits me sont apportés, j’ai l’obligation de réagir et j’ai l’obligation de poser des gestes » a-t-elle dit.
De son côté, le président du caucus libéral, Pierre Arcand, ignorait également tout des situations rapportées alors qu’il était chef intérimaire, avant l’élection de Mme Anglade.
« J’avais des rencontres régulières avec les officiers de ma formation politique et je n’ai pas entendu, à l’époque, de plainte au sujet de Mme Montpetit », a-t-il assuré.
Témoignage troublant
Les témoignages se multiplient depuis que Mme Montpetit a été rappelée à l’ordre par Dominique Anglade parce qu’elle avait critiqué publiquement son collègue Gaétan Barrette, la semaine dernière.
La députée Christine St-Pierre a déclaré dans une entrevue à QUB Radio qu’elle avait reçu, vendredi, les confidences d’une personne, non identifiée, qui a subi le comportement de la députée.
« Ce témoignage m’a beaucoup troublée, c’était de l’ordre du dénigrement, a-t-elle affirmé. De ce que cette personne m’a dit, c’était méchant. »
Selon Mme St-Pierre, Marie Montpetit est intelligente et peut rebondir. « Elle a quelque chose à apporter à la société », a-t-elle assuré.
Marie Montpetit, qui a réclamé une enquête indépendante sur les allégations qui la visent, s’est défendue ces derniers jours en déclarant qu’elle a « toujours placé le respect au cœur de [ses] relations professionnelles. »