Legault entrevoit la fin de l’état d’urgence sanitaire

Le gouvernement du Québec entrevoit la fin prochaine du recours aux pouvoirs exceptionnels que lui procure depuis plus de 18 mois la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, a déclaré mardi le premier ministre François Legault.

Dans son discours d’ouverture prononcé à l’Assemblée nationale, il a pour la première fois fixé un horizon au décret qui, tous les dix jours, doit être renouvelé pour lui permettre de prendre des décisions hors des cadres prévus.

« On va lever cette urgence sanitaire après la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, a-t-il déclaré. On n’est jamais à l’abri des surprises avec la pandémie mais, si tout va bien, cette vaccination devrait être terminée au début de 2022. »

Le premier décret déclarant l’urgence sanitaire a été adopté au moment où le Québec a été mis « sur pause », en mars 2020. L’état d’urgence permet au gouvernement de fermer les écoles, de conclure des contrats sans appels d’offres ainsi que d’ordonner « toute autre mesure nécessaire pour protéger la santé de la population ».

Au cours des derniers mois, le gouvernement a été la cible de demandes répétées des partis de l’opposition, de juristes et de manifestants jugeant excessif le recours à ces pouvoirs par décret du Conseil des ministres.

La cheffe libérale, Dominique Anglade, estime que le gouvernement utilise un prétexte pour maintenir l’état d’urgence. « C’est une façon de gagner du temps parce que la seule façon dont il le justifie maintenant, c’est la vaccination des enfants, a-t-elle dit. C’est la seule raison. »

Québec solidaire croit qu’une loi transitoire aurait permis de mettre fin à l’état d’urgence. « Ça a été fait ailleurs dans le monde et on aurait pu le faire au Québec », a rappelé le chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, continue de craindre les risques de corruption parce que le processus d’attribution de contrats peut être contourné.

Décentralisation

 

En esquissant une voie de sortie vers la fin de l’état d’urgence sanitaire dans son discours mardi, M. Legault a souligné tous les défis auxquels le réseau de la santé fait encore face.

M. Legault croit que la solution passe par une décentralisation de la gestion vers les régions du Québec. La responsabilité du ministère de la Santé et des Services sociaux se limiterait à fixer des objectifs de performance et de suivre les résultats.

C’est une façon de gagner du temps parce que la seule façon dont il le justifie maintenant, c’est la vaccination des enfants.

« Les personnes qui sont les mieux placées pour choisir les meilleurs moyens pour atteindre ces objectifs, ce sont les personnes qui sont sur le terrain, les personnes qui sont proches de l’action », a dit le premier ministre.

Aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre, le réseau de la santé devra cesser de dépendre de l’apport des agences privées de placement de personnel. « On travaille actuellement sur un mécanisme de dépannage à même le réseau public, a-t-il dit. On ne doit plus dépendre des agences privées. »

Les problèmes de prise en charge des patients par les médecins de famille ne sont pas réglés, a souligné le premier ministre, qui souhaite changer leur mode de rémunération.

 

« Je commence à m’impatienter et les Québécois aussi, a-t-il dit. J’ai toujours pensé qu’il valait mieux s’entendre avec les médecins. Mais s’il le faut, on ne va pas hésiter à imposer une conclusion. »

Le président de la Fédération des omnipraticiens du Québec, Louis Godin, a affirmé que les discussions continuent sur une nouvelle rémunération par laquelle les médecins seraient payés en fonction du nombre de patients qu’ils suivent. « Une approche discriminatoire et coercitive qui viserait un groupe de médecins plus qu’un autre, ce n’est pas la solution  a-t-il dit en entrevue.

Par ailleurs, M. Legault a annoncé que le gouvernement mandatera la commissaire à la santé et au bien-être pour qu’elle se penche sur les façons de faire dans les soins à domicile.

« Je suis convaincu que vieillir à la maison, c’est ce que souhaite la grande majorité des Québécois », a expliqué le premier ministre, tout en rappelant les milliards de dollars prévus pour la construction des maisons des aînés.



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