Des détails restent à peaufiner

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, l’a répété dans leurs deux langues officielles du Canada : « C’est le statu quo pour la communauté anglophone, pour les institutions anglophones, pour les services qui sont donnés à la communauté anglophone, il n’y a absolument rien qui change[rait] » au lendemain de l’adoption du projet de loi 96.
« Là-dessus, [le ministre] était assez clair », convient la députée libérale Hélène David. Mais est-il parvenu à apaiser les inquiétudes des Québécois d’expression anglaise ? Elle en doute.
Chose certaine, M. Jolin-Barrette n’a pas su calmer les « inquiétudes » exprimées lors des audiences publiques — et pas seulement par des anglophones — sur les nouveaux pouvoirs de « perquisition sans mandat » accordés aux inspecteurs de l’OQLF, sur l’obligation pour l’État de correspondre uniquement en français avec un immigrant au plus tard six mois après son arrivée au Québec, ou encore sur l’utilisation « mur à mur » des dispositions de dérogation des chartes des droits pour blinder le projet de loi contre des attaques devant les tribunaux, souligne l’ex-ministre.
Mme David promet de faire, lors de l’étude détaillée du projet de loi, une « analyse intelligente » de chacun des articles et d’y proposer au besoin des amendements pour « aller chercher l’adhésion » sans pour autant tomber dans « l’obstination de la virgule ».
Pour Québec solidaire, le projet de loi 96 constitue un « bon pas en avant » pour renforcer le français. La députée Ruba Ghazal cherchera toutefois à convaincre Simon Jolin-Barrette d’assujettir les entreprises d’au moins 10 employés au processus de francisation de la loi 101, de « mieux baliser » l’exigence de l’anglais dans les offres d’emploi, et d’« obliger » les entreprises montréalaises à intensifier leurs efforts de francisation en y investissant, pour celles ayant une masse salariale d’au moins deux millions de dollars, 0,5 % de leur masse salariale.
Aux yeux de Pascal Bérubé, le projet de loi 96 « manque cruellement d’audace » dans sa forme actuelle. « Il faut impérativement aller plus loin et appliquer les dispositions de la loi 101 aux cégeps. Il faut aussi absolument exiger la maîtrise du français au point d’entrée à tous les immigrants économiques », fait-il valoir. L’élu du Parti québécois presse également le gouvernement caquiste de « retirer systématiquement le statut bilingue des municipalités [dont] moins du tiers des résidents [ont] l’anglais comme langue maternelle ».
À lire aussi
Nos textes Perspectives sur la réforme de la loi 101Simon Jolin-Barrette dit avoir constaté au fil des dernières semaines un « consensus » sur la « nécessité d’agir pour protéger et promouvoir la langue française ». Il a quitté les consultations de la Commission de la culture et de l’éducation avec une centaine de mémoires sous le bras. « On va probablement retenir certaines suggestions pour bonifier le projet de loi. »