Lise Thériault va quitter la vie politique à la fin de son mandat
La députée d’Anjou–Louis-Riel, Lise Thériault, a annoncé lundi son départ de la vie politique au terme de son présent mandat.
« J’ai pris la décision de ne pas solliciter de huitième mandat [en 2022] », a déclaré celle qui aimait se présenter comme « la doyenne de son caucus » — sans en être pour autant la plus âgée.
Après vingt ans en politique québécoise, Mme Thériault a dit juger qu’il était temps pour elle de tirer sa révérence, et de le faire avec « le sentiment du devoir accompli ».
« Je suis venue en politique pour aider les gens et finalement, j’ai passé la moitié de mon temps comme ministre, donc je devais être pas pire ! » a lancé l’élue, connue sur la colline Parlementaire pour son franc-parler. « La vie, c’est important aussi, et je veux en profiter. Je n’ai pas de plan, je n’ai pas de plan de carrière, je n’ai pas d’offres d’emploi non plus. On verra dans le temps comme dans le temps », a-t-elle ajouté.
À ses côtés, la cheffe libérale, Dominique Anglade, a salué « le travail remarquable » de sa collègue, dont elle a vanté « l’honnêteté, la fougue et la franchise ». Faisant fi de sa promesse antérieure de tenir des investitures ouvertes — à quelques exceptions près —, Mme Anglade a présenté Chantal Gagnon, celle qui briguera la circonscription d’Anjou–Louis-Riel sous la bannière libérale en 2022. Comme Mme Thériault, elle a qualifié l’actuelle directrice générale du Service d’aide et de référencement aîné (SARA) d’Anjou de « perle rare ».
Des tensions avec Anglade
Avec Marwah Rizqy, Lise Thériault était la seule élue du caucus libéral à avoir appuyé Alexandre Cusson lors de la course à la chefferie, en 2019. De récentes rumeurs prédisaient son départ de la politique, à la faveur d’un renouvellement au sein des rangs libéraux. « J’ai juste 54 ans. Je n’ai aucune raison de me retirer », avait alors affirmé Mme Thériault à La Presse canadienne.
Or « la pandémie a mis les choses en perspective », a affirmé la députée lundi. « Je pars sans aucune animosité, aucune pression du parti, aucune pression de l’entourage de la cheffe, de ma cheffe, aucune pression de mes collègues », a-t-elle assuré.
La députée a aussi dit avoir « d’excellentes relations » avec Mme Anglade, avec qui elle a eu d’importants différends en 2017, au point de vouloir démissionner « Ça fait vingt ans que je la connais. Je suis reconnue pour mon franc-parler, quand j’ai quelque chose à dire à ma cheffe, je le dis, mais je suis une fille d’équipe et je joue en équipe », a-t-elle lancé.
Mme Anglade a quant à elle contourné une question visant à savoir si le départ de Mme Thériault était le premier d’une longue série, en cette année préélectorale. « J’ai des conversations avec chacun de mes députés et je vais respecter le choix de chacun de mes députés. [Il y en a] plusieurs qui vont revenir, c’est certain, et pour le reste, on va le faire dans le plus grand des respects », a-t-elle dit.
Les « points sur les i » du féminisme
Appelée à citer les principaux changements qu’elle a observés au cours de son passage en politique, Mme Thériault a sans hésiter répondu : « les réseaux sociaux et le leadership au féminin ». Du Parti libéral, elle a dit avoir constaté qu’il est devenu « beaucoup plus humaniste ». Elle souhaiterait néanmoins qu’il devienne encore « plus proche des gens, des femmes, de l’humain », a-t-elle énuméré. « Je pense que Dominique, elle voit les choses de manière différente, c’est inévitable, c’est une femme », a-t-elle ajouté.
En 2016, alors en poste comme ministre de la Condition féminine, Lise Thériault avait causé une controverse en déclarant qu’elle n’était pas féministe. Cinq ans plus tard, « je pense que c’est peut-être important de remettre les points sur les “i” et les barres sur les “t” », a-t-elle lancé lundi. « Ce que j’ai dit, c’est que je ne voulais pas me réclamer du féminisme revanchard comme on l’a connu dans les années 1980, 1990 et au début des années 2000. Ce que j’ai dit, c’est que les femmes vont avancer avec la complicité des femmes, certes, mais qu’elles vont avancer avec la complicité des hommes », a-t-elle déclaré.
Lise Thériault a été élue pour la première fois en avril 2002, lors d’une élection partielle dans la circonscription d’Anjou. « Je suis la deuxième élue de l’Assemblée nationale, tout de suite en arrière de M. [François] Legault », a-t-elle fait remarquer lundi.
L’élue de l’est de Montréal est devenue ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles en 2005, trois ans après son élection. Elle a ensuite occupé, entre autres, les postes de ministre déléguée aux Services sociaux (2008-2010), du Travail (2010-2012) et de la Sécurité publique (2014-2016), en plus d’être vice-première ministre de 2014 à 2017.
Lise Thériault était notamment en poste, à la Sécurité publique, lors des dénonciations des femmes autochtones de Val-d’Or, qui l’avaient émue aux larmes. En 2012, le projet de loi éliminant le placement syndical qu’elle avait présenté en tant que ministre du Travail l’avait aussi entraînée dans un affrontement musclé avec la FTQ-Construction. Plus récemment, elle a multiplié les sorties publiques afin que les compagnies aériennes remboursent les clients dont les voyages ont été annulés en raison de la pandémie de COVID-19.