Québec aura recours à un «passeport vaccinal» en cas d’éclosion cet automne

Le passeport vaccinal offrira ainsi «une alternative au confinement généralisé», a affirmé en conférence de presse le ministre de la Santé, Christian Dubé.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le passeport vaccinal offrira ainsi «une alternative au confinement généralisé», a affirmé en conférence de presse le ministre de la Santé, Christian Dubé.

Dès septembre, le gouvernement Legault entend accorder certains privilèges aux personnes entièrement vaccinées en cas d’éclosion de COVID-19. Québec espère ainsi éviter un nouveau confinement « généralisé » cet automne, notamment en incitant les jeunes à se faire vacciner en plus grand nombre.

Le gouvernement Legault se dit satisfait, dans l’ensemble, du progrès de la campagne de vaccination contre la COVID-19. 82 % des Québécois de 12 ans et plus ont jusqu’à maintenant reçu au moins une dose de vaccin. Ce pourcentage baisse cependant à environ 66 % chez les jeunes de 18 à 29 ans, et à un peu moins de 72 % chez les Québécois de 30 à 39 ans. Le taux de vaccination chez les jeunes est particulièrement bas dans certaines régions, notamment Laval, Montréal, l’Outaouais et la Mauricie–Centre-du-Québec, a indiqué jeudi après-midi le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors d’une conférence de presse à Montréal.

« Si vous voulez être adéquatement vaccinés [à deux doses] en septembre, ça commence à presser. N’attendez pas de vous voir interdire l’accès aux bars ou à des activités qui sont importantes pour vous, si la situation se détériore », a-t-il lancé à l’intention des jeunes qui tardent à prendre un rendez-vous pour une première dose.

Ainsi, le gouvernement Legault entend mettre en place un système de passeport vaccinal dès le 1er septembre, soit lorsque tous les Québécois de 12 ans et plus qui le souhaitent auront eu l’occasion de recevoir deux doses de vaccin. Cette mesure s’appliquera cependant « si et seulement si » des « éclosions » ou une montée de la transmission communautaire le justifient dans une région donnée, a insisté M. Dubé.

En cas d’éclosion, les Québécois entièrement vaccinés qui demeurent dans la région touchée auront alors un accès exclusif à certains services et commerces « non essentiels », comme les gyms, les bars, les restaurants, les salles de spectacle et certaines installations sportives.

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Pour entrer en ces lieux, il faudra alors présenter une preuve vaccinale sous forme de code QR, que les personnes vaccinées auront reçu par voie électronique. Les services jugés essentiels, pour leur part, seront accessibles à tous. « Cette façon de faire nous permettra, en cas de détérioration de la situation épidémiologique, d’agir de façon spécifique », a expliqué le ministre de la Santé.

Le passeport vaccinal offrira ainsi « une alternative au confinement généralisé » de l’an dernier, une avenue qu’écarte le ministre, tant pour des raisons économiques que pour préserver la santé mentale de la population.

« On est satisfait d’une déclaration très appuyée du ministre que le gouvernement voudra éviter de refermer l’économie », a affirmé au Devoir le p.-d.g. de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc. Ce dernier est toutefois « déçu » que les commerces qui le souhaitent ne puissent pas réclamer « dès maintenant » une preuve vaccinale à leurs clients.

« Il s’agit d’une forme d’assurance, en quelque sorte, parce qu’on se dit que peu importe la situation épidémiologique, on pourra tenir [de grands événements cet automne] », s’est pour sa part réjoui le p.-d.g. du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI), Martin Roy.

Mieux toucher les jeunes

 

En annonçant la mise en place d’un passeport vaccinal cet automne, le ministre Christian Dubé espère donc convaincre les jeunes de se faire vacciner en plus grand nombre pour atteindre un pourcentage d’au moins 80 % de l’ensemble de la population vaccinée à deux doses dans la province, au moment où la montée du variant Delta inquiète un peu partout dans le monde.

« [Les jeunes], ce n’est pas nécessairement qu’ils sont contre le vaccin, c’est souvent qu’ils sont très occupés et que ce n’est pas nécessairement une priorité dans leur vie », a laissé tomber le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. La Santé publique a d’ailleurs entamé des sondages afin de mieux comprendre leur réticence, a-t-il dit.

Jointes par Le Devoir, plusieurs associations étudiantes ont indiqué miser notamment sur les réseaux sociaux pour inciter les jeunes à se faire vacciner en plus grand nombre. Elles notent cependant des obstacles à l’accès à la vaccination parmi de nombreux membres.

« En ce moment, ce qu’on remarque, c’est qu’on ne peut pas changer la région administrative de son rendez-vous pour la deuxième dose », a notamment soulevé le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Samuel Vaillancourt. Or, plusieurs jeunes ont reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19 dans une région distincte de leur « région d’origine », où ils sont retournés pour l’été, a-t-il expliqué en entrevue.

Dans ce contexte, le milieu étudiant craint que la rentrée n’ait pas lieu en « présentiel » cet automne si le nombre de jeunes vaccinés n’est pas assez élevé. « C’est très préoccupant », a lancé le président de l’Union étudiante du Québec, Simon Poitras, qui rappelle que la tenue des cours à distance a été « excessivement difficile » pour la santé psychologique des étudiants l’an dernier.

« On a hâte d’accueillir les étudiants. [L’enseignement en présentiel], c’est là où on veut se diriger et on va tout faire pour que ce soit possible, a pour sa part assuré la porte-parole à l’Université de Montréal Geneviève O’Meara. Mais il y a une variable qui appartient à la collectivité, et c’est la vaccination. »