Claire Samson devient transfuge conservatrice
La députée Claire Samson portera les couleurs du Parti conservateur du Québec à l’Assemblée nationale d’ici aux prochaines élections générales. Elle en fera l’annonce à l’occasion d’une conférence de presse dans l’hôtel du parlement vendredi sur le coup de 10 heures, a appris Le Devoir.
À ses yeux, l’équipe d’Éric Duhaime forme « le seul parti qui propose une véritable alternative » à la Coalition avenir Québec, dont elle a été expulsée mardi soir. Le chef du PCQ vous accompagnera-t-il dans l’enceinte du parlement vendredi matin ? lui a demandé Le Devoir jeudi soir. « Vous verrez ça demain, mon cher monsieur ! » a-t-elle répondu pleine d’aplomb, préférant entretenir le suspense.
Claire Samson s’est faite discrète sur la colline parlementaire depuis la formation du gouvernement de François Legault — duquel elle avait été écartée — à l’automne 2018. À l’instar des autres députés caquistes sans portefeuille ministériel, elle avait été « reléguée », selon elle, dans « un rôle de béni-oui-oui docile et obéissant » l’empêchant de s’exprimer publiquement. « Vous ne pourrez pas dire que j’ai abusé de cette tribune depuis 2014, mais ça risque de changer », avertira l’ex-caquiste selon une ébauche de discours dont Le Devoir a obtenu copie jeudi soir.
La députée d’Iberville s’affichera comme députée « conservatrice » à compter de la reprise des travaux parlementaires, en septembre prochain. Dès lors, son chef, Éric Duhaime, et ses idées pourront jouir d’une tribune exceptionnelle à l’intérieur du parlement. En effet, l’ex-animateur de radio pourra accompagner Claire Samson dans ses sorties médiatiques devant la presse parlementaire, en plus de lui proposer des questions à poser aux membres du gouvernement, des projets de loi à déposer ou encore des discours à prononcer sur des projets de motions soumis à son attention. « Si je rejoins les rangs du Parti conservateur, il est évident qu’il [Éric Duhaime] se retrouve dans la même situation que Paul St-Pierre Plamondon, dans le sens où il peut avoir accès aux conférences de presse, il peut entrer à l’Assemblée nationale, utiliser les tribunes et tout ça. Donc, je comprends tout ça très bien, mais je ne pense pas qu’il essaie de me manipuler », a-t-elle indiqué dans un échange avec Le Devoir mercredi.
La femme de 66 ans y voit une façon de participer au rétablissement de la « démocratie » — qui a été « mise à l’arrêt et muselée » sous la gouverne de François Legault autour duquel le « pouvoir [est] centralisé » — en suscitant de « réels débats » à coups d’« opinions », d’« idées », de « choix » rarement entendus sur la colline Parlementaire.
Soulagement
Claire Samson se sent « délivrée » depuis son exclusion de la CAQ mardi soir, après la mise au jour d’un don de 100 dollars au PCQ, qui est dirigé par Éric Duhaime depuis le 17 avril dernier. Dans ce « véritable parti d’opposition », elle dit avoir retrouvé sa « marge de manœuvre, sa parole et sa liberté ».
À moins d’un an et demi du prochain scrutin, Claire Samson vante l’« énergie », l’« intelligence », l’« engagement » et la « volonté de servir les Québécois et les Québécoises » de l’ancien adéquiste Éric Duhaime. À ses côtés, elle pourra « mieux servir le Québec » et la population de la circonscription d’Iberville, en Montérégie, est-elle persuadée après avoir rencontré Éric Duhaime « en personne » à quatre reprises, notamment jeudi soir. Ce dernier s’était mis à la tâche de trouver une « représentation parlementaire » au PCQ. Il s’est entretenu avec « beaucoup » de députés. Ils l’ont pour la plupart envoyé « promener », « deux trois autres » l’ont écouté, a-t-il dit sur les ondes de Radio-Canada. Force est de constater que Claire Samson s’est laissé courtiser.
Plus de 15 mois après le début de l’état d’urgence sanitaire, le Parti conservateur bénéficie de l’appui de 6 % des Québécois, selon un sondage mené par Léger. Cela dit, il recueille 14 % des intentions de vote dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, ce qui le place au second rang… loin derrière la CAQ.
Selon le parti de François Legault, le PCQ « conteste et rejette la science et les mesures sanitaires en place ».
Claire Samson avait fait le saut en politique après une longue carrière professionnelle dans la gestion des médias, de Télémédia à l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec, en passant par TVA, TQS et Radio-Canada.