L’opposition veut interroger le directeur du projet de tunnel Québec-Lévis

Les questions fusent sur le projet de tunnel Québec-Lévis, et l’opposition presse le gouvernement Legault d’autoriser le directeur du projet à répondre aux questions des élus en commission parlementaire, comme l’avait fait le directeur de la Santé publique Horacio Arruda.
« Depuis plus de deux ans, on demande au ministre [des Transports François Bonnardel] de questionner le directeur du bureau de projet en commission parlementaire. Les 10 milliards sont assez importants pour justifier cette commission », a fait valoir le député libéral de Marquette Enrico Ciccone lors de la période de questions, mardi.
Le gouvernement caquiste n’a pas indiqué clairement s’il comptait accepter. Le ministre Bonnardel a quant à lui laissé entendre que le Parti libéral du Québec (PLQ) n’avait qu’à en faire la demande. Or, la demande a été transmise, il y a une semaine, à la Commission parlementaire des transports et de l’environnement.
Le directeur du bureau de projet du tunnel, Frédéric Pellerin, a été nommé en 2018 pour travailler exclusivement sur ce mandat au ministère des Transports. Avant cela, il était responsable des dossiers touchant la région de Chaudière-Appalaches au même ministère.
C’était la première fois, mardi, que les députés québécois siégeaient depuis l’annonce du projet de tunnel dont les coûts sont estimés à près de 10 milliards de dollars. Après l’expression très galvaudée de « tramway nommé désir », on parle désormais du « tunnel nommé délire » au Salon bleu, où les trois partis d’opposition ont vivement attaqué le projet lors de la période de questions.
Tirs groupés
« Le projet ne tient tout simplement pas la route. Aucune étude scientifique, aucune donnée, rien pour appuyer le choix », a lancé d’entrée de jeu la cheffe libérale, Dominique Anglade.
Le premier ministre François Legault a rétorqué qu’il y avait « un problème de mobilité entre la Rive-Nord et la Rive-Sud de Québec », et que Mme Anglade n’avait aucune solution constructive à y apporter. « La cheffe de l’opposition avait promis qu’elle ferait de la politique autrement, qu’elle ne ferait pas juste chialer », a-t-il laissé tomber, ce qui lui a valu un avertissement du président de l’Assemblée.
Rires, moqueries et bruits de fond : François Paradis a d’ailleurs dû intervenir à plusieurs reprises pour garder l’ordre durant la période de questions.
Qualifiant le premier ministre de « déconnecté », la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, lui a demandé de parler « aux 266 000 familles mal logées au Québec » et « aux 36 000 familles qui attendent un logement ». « J’aimerais qu’il leur dise dans quel univers c’est la priorité de jeter l’argent des Québécois dans un gros tunnel à 10 milliards. »
À plusieurs reprises, le ministre François Bonnardel a reproché aux critiques de mettre à tort « le tunnel en opposition avec n’importe quel projet au Québec ». De son côté, le premier ministre a rétorqué à Manon Massé qu’elle manquait d’écoute envers les gens de Québec et de Lévis. « Elle n’a aucun député dans Chaudière-Appalaches, et ça va rester comme ça. »
Il a réservé le même traitement au Parti québécois quand Pascal Bérubé s’en est pris à son tour au projet en demandant si François Legault, « le comptable », pouvait assurer aux Québécois qu’il s’agit d’une « utilisation judicieuse des fonds publics ».