Dubé défend la «prudence» vis-à-vis des tests rapides

La lenteur du gouvernement a été critiquée jeudi par les trois partis d’opposition, qui lui ont demandé de procéder sans plus tarder à l’usage des tests rapides pour lutter contre la pandémie.
Photo: George Frey Archives Getty Images/AFP La lenteur du gouvernement a été critiquée jeudi par les trois partis d’opposition, qui lui ont demandé de procéder sans plus tarder à l’usage des tests rapides pour lutter contre la pandémie.

Le gouvernement Legault a défendu jeudi son approche à l’égard des tests de dépistage rapide de la COVID-19, alors que les trois partis d’opposition le pressent d’utiliser ses stocks sans délai. Le Devoir révélait plus tôt dans la journée que moins de 1 % de ces tests livrés par le gouvernement fédéral avaient été utilisés au 21 janvier.

« On a voulu être prudents, puis on a voulu s’assurer qu’on les utilisait dans les bonnes circonstances », a plaidé le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse avec le premier ministre François Legault et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda.

« Quand un professeur vient nous dire qu’on est responsables de la mort de personnes, là, je trouve que c’est une accusation très grave, qui est irresponsable », s’est indigné M. Legault en faisant référence aux propos du microbiologiste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill Don Sheppard. Il avait qualifié l’approche du gouvernement pour le déploiement des tests rapides de « trop conservatrice, qui ne suit pas la science, qui a fait rater l’occasion de diminuer le taux de transmission et qui, sûr et certain, a coûté la vie à des Québécois. »

Joint jeudi soir, le Dr Sheppard a dit ne pas vouloir s’engager dans une guerre de mots avec le premier ministre. Il a toutefois maintenu que le gouvernement avait « manqué l’occasion d’utiliser les tests rapides dans les CHSLD pour diminuer le nombre d’infections de la COVID-19 ».

« Je pense qu’on peut avoir cette opinion-là, a indiqué le ministre Dubé. Moi, je pense plutôt qu’on a suivi toutes les recommandations de la Santé publique depuis le début. »

Incompréhension

 

La lenteur du gouvernement a été critiquée jeudi par les trois partis d’opposition, qui lui ont demandé de procéder sans plus tarder à l’usage des tests rapides pour lutter contre la pandémie. « L’immobilisme, ce n’est pas une solution, a affirmé la députée de l’opposition officielle Marie Montpetit. […] Si on veut se sortir de cette crise, pour nous, c’est limpide, il doit absolument augmenter et revoir ses stratégies de dépistage. »

Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois estime que le gouvernement a perdu un temps précieux depuis la première livraison de tests à la fin du mois d’octobre. « C’est un retard absolument inexplicable, d’autant plus qu’il est cumulatif », a-t-il souligné en faisant allusion au manque de rapidité du gouvernement sur la question des aérosols et de la ventilation dans les écoles.

« Dans quel monde est-ce qu’on est assis sur des millions tests et en plein cœur de la crise depuis des mois, on se dit : “j’ai une bonne idée, on ne les utilise pas” », a dénoncé le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.

Le ministre Dubé a dit avoir émis une directive récemment qui respecte les recommandations du comité d’experts mandaté par le ministère. « On a dit à tous nos p.-d.g., à tous nos établissements : “maintenant, voici dans quelles conditions vous pourriez utiliser des tests rapides qui seraient complémentaires” », a-t-il signalé. Ils seront utilisés, par exemple, lors d’éclosions importantes dans des usines ou des écoles pour faire un premier tri parmi les porteurs du virus de la COVID-19.

Ce rapport d’experts publié à la mi-janvier a mis en garde le gouvernement contre une « implantation précipitée de ces tests ». Ils permettent tous d’obtenir un résultat en 15 minutes ou moins, mais « pourraient ne pas diagnostiquer jusqu’à 30 % des personnes infectées », contrairement aux tests analysés en laboratoire.

« Si on fait des tests qui ne sont pas fiables, ça peut être encore plus dangereux », a fait valoir M. Dubé, qui dit craindre que cela donne un faux sentiment de sécurité à une personne qui recevrait un résultat négatif erroné et que celle-ci infecte davantage de gens.

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