François Legault, 115 points de presse plus tard

Que ce soit par l’offensive publicitaire ou par la multiplication des points de presse, les efforts de communication faits par le gouvernement Legault pour informer la population au sujet de la pandémie de COVID-19 ont été globalement réussis, estiment des spécialistes, au moment où Québec comptabilise ce travail.
Entre autres données de fin d’année : celle indiquant que le premier ministre Legault a participé à un total de 115 points de presse liés à la COVID-19 depuis le 12 mars.
Son cabinet a recensé un total de 75 présences de François Legault aux rendez-vous de 13 h à Québec, une vingtaine à Montréal et une autre vingtaine en région. Ces chiffres n’incluent pas la conférence de presse donnée dimanche en compagnie du père Noël, un format qui n’avait pas été vu jusqu’ici…
À cela s’ajoutent 43 points de presse sur la COVID-19 donnés par d’autres ministres (notamment la vice-première ministre, Geneviève Guilbeault). Sur les quelque 200 jours ouvrables de la période, c’est donc près de 160 événements de presse qui ont été tenus.
Dimanche, le gouvernement a aussi dévoilé certains chiffres illustrant l’ampleur de l’effort fait sur le plan publicitaire. En placements média (achat d’espaces publicitaires), Québec dit avoir investi en moyenne 13 millions par mois depuis le début de la pandémie. Des annonces ont été placées dans 530 médias — ce qui a atténué les effets de la baisse des revenus publicitaires pour ceux-ci.
À cela s’ajoutent des frais de production pour les différentes publicités — frais que le ministère du Conseil exécutif ne détaille pas précisément. Mais pour neuf différentes campagnes (dont celle en cours sur l’importance de faire un effort collectif pour éviter les rassemblements à Noël), la facture de production dépasse 2 millions de dollars.
Le gouvernement évoque « la plus vaste campagne de communication jamais répertoriée dans l’histoire du Québec ». Plusieurs personnalités, artistes, médecins ou influenceurs ont participé à l’une ou l’autre des initiatives. Certains l’ont fait bénévolement, indiquait le ministère par courriel lundi. D’autres « ont reversé leurs cachets à des organismes », alors « que la majorité des artistes ont facturé le minimum prévu » pour respecter les conventions en vigueur.
« Le message est passé »
« Compte tenu de l’ampleur de la crise et de la nécessité de rejoindre absolument tout le monde, c’est normal que les coûts soient élevés », estime la professeure Mireille Lalancette (UQTR), membre du Groupe de recherche en communication politique.
« Ça semble être beaucoup d’argent, mais c’est ce que ça prend pour changer des comportements, des normes sociales, dans une aussi petite période », ajoute Louis Aucoin, qui dirige l’agence de relations publiques TESLA RP. Ce dernier note que, selon les données du gouvernement, la campagne publicitaire déployée depuis mars atteint un taux de notoriété de 96 %. « Pour arriver à ça, il faut avoir été présent partout. »
L’abondance de points de presse depuis le début de la pandémie est aussi saluée par Mme Lalancette et M. Aucoin. « Dans ce genre de contexte, c’est très important d’informer et de rassurer, mais aussi d’expliquer et de corriger le tir, souligne la première. Ça fait partie des éléments clés de la communication de crise. Et je pense qu’ils ont fait le maximum qu’ils pouvaient faire. »
« On peut leur donner une bonne note, ajoute-t-elle. On peut critiquer le ton, la façon de faire, la cohérence, mais compte tenu de tout ça, ils ont assuré une présence, ils ont informé, et le message est passé. »
Louis Aucoin rappelle qu’en début de pandémie, alors que s’imposait la « rupture de la normalité », « les gens avaient besoin de savoir que quelqu’un était en contrôle. C’est dans le livre de la gestion de crise : démontrer que tu es présent et que tu agis ». Et la présence continue depuis mars était nécessaire, dit-il. « Il n’y a pas eu un point de presse inutile. À un certain moment, le seul fait qu’il y ait un point de presse est un message. »
Mais M. Aucoin a « de gros bémols » à ajouter quant à la capacité du gouvernement à livrer un message clair au fil des semaines — la faute, notamment, à un manque de préparation en amont des points de presse. Les partis d’opposition ont d’ailleurs dénoncé tout l’automne les incohérences ou les imprécisions de certaines directives ou décisions. « Il y a eu beaucoup de confusion, juge M. Aucoin. À mon sens, le message n’a pas été toujours bien transmis… mais il a été quand même bien reçu par la population. »
En données
Québec a recensé lundi 2108 nouveaux cas de COVID-19 et 30 autres décès dus au virus. Des 30 décès recensés, 2 étaient survenus dans les 24 dernières heures, 27 entre le 14 et le 19 décembre, et 1 avant le 14. Le nombre d’hospitalisations augmente toujours : lundi, on en rapportait 38 de plus que la veille, pour un total de 1048.La Presse canadienne