Sondage Léger-Le Devoir: la CAQ écrase la concurrence

La courbe de popularité du gouvernement Legault ne s’aplanit aucunement. Après sept mois de gestion de crise sanitaire — et économique —, la Coalition avenir Québec (CAQ) flirte avec des niveaux d’appuis populaires inédits depuis la fin du bipartisme, révèle un sondage Léger-Le Devoir.

La formation de François Legault aurait ainsi obtenu 50 % des appuis si des élections avaient eu lieu cette semaine, indique le coup de sonde réalisé en ligne entre le 16 et le 18 octobre. Les 1011 répondants soutiennent plus largement le travail que fait le gouvernement pour tenter de contrôler l’épidémie : les trois quarts d’entre eux (74 %) se disent satisfaits de sa gestion.

En prenant un pas de recul, on note que les appuis de la CAQ sont essentiellement aussi solides — et rares — que ce qui avait été enregistré à la mi-juin, alors que le Québec était en plein déconfinement. À l’époque, Léger accordait au parti politique 51 % d’appuis, et un taux de satisfaction de 76 %.

Or, le contexte actuel est fort différent. La majeure partie du Québec se trouve en zone rouge — celle d’alerte maximale. Les salles de spectacle et les bars sont fermés, les restaurants sont réduits au service à emporter. Chaque jour, près d’un millier de nouveaux cas de COVID-19 s’ajoutent au bilan. Mais tout ceci n’influence en rien le soutien au gouvernement.

« Un appui de 50 %, on ne voit plus ça depuis qu’il y a plus que deux partis, note Christian Bourque, vice-président de Léger. C’est très rare. » Et ça laisse peu d’intentions de vote pour les trois autres partis…

Les libéraux de Dominique Anglade pointent à 18 % — et à seulement 7 % dans le vote francophone, où la CAQ accapare 60 % des appuis. Le Parti québécois (PQ) ne profite pour le moment d’aucun effet lié à l’élection du nouveau chef, Paul St-Pierre Plamondon : à 16 %, le score est le même qu’à la dernière mesure prise par Léger au début septembre (17 %). Québec solidaire ferme la marche avec 13 %.

Mais il faut mettre ces résultats en perspectives. « Les courses à la chefferie des libéraux et du PQ sont passées largement sous le radar, rappelle Christian Bourque. Il y a très peu d’espace médiatique autour de la pandémie. Et avec un si fort taux de satisfaction, c’est difficile pour les partis d’opposition de se lever et de siffler une autre chanson que celle du gouvernement », pense-t-il.

Sans partage

 

La domination de la CAQ se mesure partout — à part, peut-être, chez les 18-34 ans, où Québec solidaire enregistre des appuis similaires. Mais chez les plus de 35 ans, que ce soit à Montréal, Québec ou ailleurs en régions, le territoire s’affiche bleu caquiste.

À 74 %, le taux de satisfaction déborde forcément du cadre partisan. Les électeurs péquistes (79 %) se disent largement satisfaits du travail du gouvernement Legault par rapport à la gestion de la pandémie. Ceux de la CAQ témoignent d’une appréciation quasi soviétique (97 %). Même les libéraux (58 %) accordent une bonne note au gouvernement. Les solidaires sont toutefois plus circonspects (46 % de satisfaction, et 53 % d’insatisfaction).

Les jeunes (18-34 ans) sont légèrement plus critiques (60 % de satisfaction) que les répondants de plus de 55 ans (82 %), mais sans être en porte-à-faux avec le sentiment général exprimé.

Les sondages menés en ligne ne comportent pas de marge d’erreur officielle, puisqu’ils sont non probabilistes. Mais un échantillon probabiliste de 1011 personnes aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20.

Le Bloc et le PLC en tête au fédéral

Au fédéral, le même sondage montre que le Parti libéral de Justin Trudeau et le Bloc québécois d’Yves-François Blanchet demeurent au coude à coude dans les intentions de vote : 33 % d’appuis chacun, en hausse de trois points depuis le dernier coup de sonde (8 septembre).

 

Cette progression respective se fait au détriment des conservateurs d’Erin O’Toole, qui sont en recul de sept points depuis septembre. « Il y a eu une embellie de deux ou trois après l’élection de M. O’Toole, mais c’est disparu », remarque Christian Bourque.

 

Avec le NPD à 12 %, M. Bourque remarque que « depuis le début de la pandémie, les partis fédéraux sont toujours dans les mêmes eaux au Québec. Ça ne bouge pas beaucoup. On ne sent pas d’appétit de changement. Et avec les résultats qu’on voit, on peut penser qu’une élection donnerait une carte similaire au Québec. »

 

Le taux de satisfaction à l’égard du gouvernement Trudeau et par rapport à la gestion de la pandémie est moins élevé que celui de Québec, mais 56 % des répondants donnent une bonne note aux libéraux fédéraux.

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