Nationaliser les CHSLD privés, plus compliqué que prévu

Le projet de nationalisation des CHSLD envisagé par le gouvernement Legault se révèle plus compliqué que prévu, tant et si bien que la ministre Marguerite Blais s’est plutôt engagée vendredi à « mieux encadrer » les établissements privés du Québec.
« C’est complexe », a répondu la ministre responsable des Aînés lorsque le député Harold LeBel lui a demandé où en était le projet de nationalisation des CHSLD. Elle a ensuite énuméré quelques-uns des écueils auxquels elle se trouve confrontée, « même si on a des sommes d’argent ».
À la fin avril, peu de temps après la mise au jour de la tragédie du CHSLD privé Herron de Dorval, le premier ministre François Legault avait évoqué la possibilité de nationaliser les CHSLD privés. Dans l’échéance prochaine des contrats de divers CHSLD privés conventionnés, il avait dit voir une occasion de « transférer ces CHSLD au public de façon relativement facile ».
Or, la tâche se révèle plus compliquée que le gouvernement ne l’avait anticipé. Tous les CHSLD « n’ont pas le même contrat » ; Québec loue des places dans le milieu non conventionné ; certains immeubles sont « plus récents » et d’autres le sont moins, a énuméré la ministre Blais.
« Est-ce que certains CHSLD seront nationalisés, est-ce qu’on va tous les conventionner ? Ça dépend aussi des installations », a-t-elle déclaré. « Notre but, c’est de mieux encadrer tout ce qui est privé à travers le Québec au niveau de nos établissements. »
Un problème de confiance ?
Au terme de l’étude des crédits — pendant laquelle les oppositions invitent les élus à rendre des comptes —, la députée libérale de Fabre, Monique Sauvé, a laissé entendre que la ministre Blais n’avait plus sa confiance.
« Moi, je représente mes citoyens et quand je les entends [dire] qu’ils n’ont plus confiance en elle, j’ai pas mal le goût de les suivre », a-t-elle affirmé.
La députée Sauvé a dit juger que la ministre maîtrisait mal ses dossiers, notamment parce qu’elle a admis ne pas s’intéresser au coût des transactions d’achat de terrains pour les futures maisons des aînés.
« […] Elle a perdu le contrôle de la crise, [elle] ne connaît pas les chiffres de ses annonces. Finalement, elle n’a aucune réponse », s’est-elle désolée. « On est en étude de crédits. C’est sûr que la confiance est pas mal effritée. »
Harold LeBel a lui aussi fait appel aux responsabilités de la ministre, afin qu’elle fournisse des questions à ses réponses. « La ministre a le cœur à la bonne place, elle est dédiée, mais elle est imputable », a-t-il insisté. « L’ex-ministre de la Santé a payé pour [NDLR : en perdant son poste à la faveur de Christian Dubé], mais vous êtes encore là et vous avez des réponses à donner. »
Face aux questions du député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, la ministre Blais a dit avoir « pris [sa] part de responsabilité » dans la crise qui a secoué les centres d’hébergement pour aînés. Elle avait posé un geste de contrition semblable en mai, après s’y être refusée auparavant.