Les médias américains minent la confiance des Québécois anglophones, dit Legault

La couverture de la crise sanitaire faite par les médias américains a miné le moral des Québécois d’expression anglaise, a observé le premier ministre François Legault.
La programmation des réseaux d’information américains, qui sont « très négatifs » à l’égard de la gestion de la pandémie par le gouvernement Trump, a attisé l’inquiétude des anglophones québécois à l’endroit de la COVID-19, estime M. Legault. « Parfois, avec raison, on est très durs à l’égard de la gestion de Donald Trump et ça inquiète la population. Ça inquiète la population américaine et ça inquiète aussi la population québécoise anglophone qui écoute CNN et les médias américains », a-t-il soutenu en commission parlementaire jeudi.
Sur l’île de Montréal, 50 % des francophones, mais 72 % des anglophones et 66 % des allophones craignaient de contracter le nouveau coronavirus en mai dernier, selon un coup de sonde dévoilé par Quebec Community Groups Network et l’Association d’études canadiennes.
Cela dit, M. Legault n’en démord pas : le reporter à la santé du quotidien The Gazette, Aaron Derfel, porte lui aussi une certaine responsabilité dans l’inquiétude qui a gagné de façon disproportionnée la population anglophone depuis l’arrivée du coronavirus en sol québécois.
La couverture faite par le journaliste du média anglophone — « qui est le journal peut-être le plus lu [en anglais au Québec] » — explique en partie les résultats du sondage, a-t-il fait valoir jeudi. « J’ai calculé au moins 10 articles différents où M. Derfel m’accusait d’avoir menti directement ou indirectement. Évidemment, je ne suis pas d’accord avec M. Derfel », a-t-il déclaré durant l’étude des crédits du ministère du Conseil exécutif. Le chef du gouvernement a invité les membres de la Commission des institutions à jeter un œil aux gazouillis et aux articles publiés par le journaliste pour s’en convaincre. « Même les gens de l’opposition vont trouver que ça penche pas mal toujours du côté de “tout ce que fait le gouvernement n’est pas bon” », a-t-il lancé dans le Salon rouge.
Cela dit, « de façon générale, les articles qui sont publiés par The Gazette […] sont objectifs, sont bien faits », a convenu M. Legault.
« Ça me semble un peu court comme explication de dire qu’il y a quelques tweets et quelques articles, même une dizaine, qui expliquent des statistiques aussi fortes », a rétorqué le député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois.
Le co-porte-parole de Québec solidaire a invité M. Legault à expliquer aux parlementaires ce qu’il compte « faire de mieux » advenant le déferlement d’une seconde vague de COVID-19 « pour que les Québécois, les Québécoises qui parlent anglais soient rassurés », et ce, plutôt que de continuer à « blâmer les médias ». M. Legault est « le premier ministre de tous les Québécois, les Québécoises, même les gens au Québec qui parlent en anglais », a rappelé M. Nadeau-Dubois.
M. Derfel a souligné jeudi soir sur les réseaux sociaux que « la dernière chose qui [le] préoccupe » lorsqu’il rédige un article ou une enfilade de gazouillis sur Twitter est la réaction du premier ministre à ses reportages. Il a promis de continuer à faire son travail « en posant des questions difficiles durant cette pandémie et vérifiant les affirmations du premier ministre et d’autres responsables ».
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