Québec ouvert à donner un autre coup de pouce aux agriculteurs

Les gros joueurs du monde agroalimentaire réclament une aide financière supplémentaire des gouvernements, prétextant que «les programmes actuels ne répondent absolument pas aux enjeux exceptionnels que nous traversons». 
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Les gros joueurs du monde agroalimentaire réclament une aide financière supplémentaire des gouvernements, prétextant que «les programmes actuels ne répondent absolument pas aux enjeux exceptionnels que nous traversons». 

Le gouvernement Legault est ouvert à donner davantage d’aide au secteur agricole, selon le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, qui est toutefois demeuré vague sur la forme que pourrait prendre ce coup de pouce.

« Ce qu’on a toujours dit, c’est que s’il fallait qu’il y ait des bouts de patinoire qui ne soient pas couverts, bien le gouvernement du Québec va être là pour accompagner [les agriculteurs] parce qu’à des situations exceptionnelles, naturellement, il y a des réponses exceptionnelles qui peuvent survenir », a-t-il affirmé lors d’une mêlée de presse virtuelle après son passage en commission parlementaire jeudi. Il s’agissait de la première fois que les partis d’opposition pouvaient questionner le ministre de l’Agriculture depuis le début de la pandémie.

Plus tôt dans la journée, six acteurs du secteur agroalimentaire avaient lancé un cri du cœur. L’Union des producteurs agricoles (UPA), Sollio Groupe Coopératif, Agropur Coopérative, l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) et Exceldor avaient réclamé une aide financière pour les aider à faire face à la précarité causée par la crise.

« Les programmes actuels ne répondent absolument pas aux enjeux exceptionnels que nous traversons, a déclaré le président général de l’UPA, Marcel Groleau, dans un communiqué. C’est induire en erreur les producteurs et les citoyens que de déclarer le contraire, comme le font nos gouvernements. »

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé 252 millions de dollars en soutient aux agriculteurs, aux entreprises alimentaires et aux transformateurs d’aliments. Or, la Fédération canadienne de l’agriculture demandait plutôt un fond d’urgence de 2,6 milliards.

« La filière alimentaire, c’est un mot, mais c’est une panoplie de secteurs qui ont des enjeux très différents, qui ont des réalités très différentes et puis le gouvernement du Québec est venu en soutien avec tous ces secteurs-là de différente façon depuis le début de la crise », a rappelé le ministre Lamontagne. Il a par la suite énuméré les différentes formes d’aides qui ont été offertes comme le programme de 45 millions de dollars pour inciter les Québécois à travailler dans les champs de même que les programmes de soutien aux travailleurs et aux entreprises des ministères des Finances et de l’Économie. Il s’est également félicité de la robustesse de la chaîne d’approvisionnement alimentaire au Québec puisque malgré la crise, les familles québécoises n’ont manqué de rien.

Le passage du ministre en commission parlementaire a laissé les partis d’opposition sur leur faim. « Le ministre semblait nous dire que tout allait bien en agriculture, qu’il ne semblait pas y avoir de grandes problématiques et que donc, les programmes répondaient au besoin, a déploré le député du Parti québécois, Sylvain Roy. D’un autre côté, ce qu’on entend c’est exactement le contraire : les agriculteurs ne vont pas bien. »

« J’ai été vraiment étonnée de constater à quel point le ministre de l’Agriculture semble ne pas tirer les mêmes conclusions qu’une grande partie de la population québécoise sur ce que nous révèle la crise de la COVID-19 sur la fragilité de notre système agricole de par nos importations, de par notre main-d’œuvre étrangère, de par nos filières qui sont dédiées à l’exportation qui rencontrent toutes sortes de problèmes, a souligné, pour sa part, la députée de Québec solidaire, Émilise Lessard-Therrien. Même nos productions sous gestion de l’offre qui sont censées être équilibrées ont fait les frais de la pandémie. »

« On voit encore qu’il y a une certaine improvisation dans l’appel aux champs qui a été fait, a dénoncé, quant à elle, la députée libérale, Marie Montpetit. Le ministre disait qu’il y avait plus de 7000 personnes qui s’étaient inscrites la semaine dernière, alors que ce matin on constate qu’il y en a 100 qui ont été appelés. Donc, c’est à se demander ce qui va arriver avec les autres personnes qui ont levé la main. »

Le ministre Lamontagne a indiqué que 85 % des travailleurs étrangers dont le secteur agricole a besoin présentement sont déjà au Québec malgré les difficultés causées par la pandémie. Le reste des besoins se feront sentir au fil de la saison estivale et les Québécois qui ont donné leur nom pourraient recevoir un coup de fil des entreprises agricoles à la recherche de bras.

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