Une stratège politique pour le Dr Arruda

Le directeur national de santé publique Horacio Arruda
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le directeur national de santé publique Horacio Arruda

Ce n’est pas un hasard si le style de communication d’Horacio Arruda a changé depuis le début de la crise de la COVID-19 : Le Devoir a appris que le directeur national de santé publique profite en effet depuis la fin mars des conseils d’une stratège politique expérimentée, France Amyot.

« Mme Amyot a été engagée pour offrir des services-conseils stratégiques de communication au docteur Arruda, qui doit participer aux conférences de presse sur la COVID-19 en compagnie du premier ministre », a confirmé mardi Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Le contrat de France Amyot est en vigueur depuis le 26 mars, et pourrait s’étendre jusqu’au 26 septembre. Elle est payée 85 $ de l’heure, pour un maximum de 60 000 $. Mme Amyot relève de M. Arruda, qui a lui-même fait la demande pour « avoir un soutien à ce niveau », indique le ministère. Les deux se connaissent depuis plusieurs années et avaient déjà un lien de confiance.

Gestionnaire chevronnée, Mme Amyot est bien connue des cercles péquistes et bloquistes. Encore récemment, elle était directrice des communications du Bloc québécois (de mai à octobre 2019). Elle a aussi été directrice de cabinet de l’ancien chef du Parti québécois, Jean-François Lisée (de 2016 à 2018).

Avant cela, France Amyot avait dirigé plusieurs cabinets ministériels : celui de la Santé (sous Réjean Hébert, de 2012 à 2014), et ceux de la Culture, des Services sociaux ou de l’Éducation durant les années Bouchard-Landry. Elle a également été directrice des communications du Bloc de 2004 à 2011.

Son arrivée aux côtés de M. Arruda correspond au moment où le directeur de santé publique a commencé à s’effacer davantage dans les points de presse de 13h. Des données compilées par Le Devoir illustraient la semaine dernière que le Dr Arruda avait réduit de moitié le flux de ses interventions quotidiennes depuis le début de la crise (l’analyse s’arrêtait au 24 avril).

Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La stratège politique expérimentée, France Amyot

Bonne pratique

 

Pour l’ancien ministre de la Santé, Réjean Hébert, il est tout à fait normal qu’un directeur de santé publique s’adjoigne les services d’une experte comme France Amyot. « C’est une excellente conseillère en communication, pense-t-il. Et on enseigne à nos étudiants en santé publique l’importance de la communication et de la stratégie en politiques publiques », indique le professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Spécialiste de la communication politique, Mireille Lalancette (Université du Québec à Trois-Rivières) estime que l’arrivée de Mme Amyot illustre certes que « la crise se politise ». Mais elle souligne l’importance, en gestion de crise, « de contrôler le message, qu’il soit constant et cohérent. Ça fait partie des bonnes pratiques. »

Or, remarque-t-elle, M. Arruda offrait au départ « des réponses très longues, un message mal formaté. Il était très coloré, ce qui fait qu’on ne retenait pas nécessairement les faits, mais surtout les aspects plus spectaculaires ». Ce sont des éléments qui ont été améliorés, dit-elle.

Outre France Amyot, Horacio Arruda a aussi retenu les services de son ancien patron, Richard Massé, pour le conseiller durant la crise.

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