L'annulation des grands événements prolongée jusqu'au 31 août

Pour evenko, l’annonce de Québec suppose notamment de reporter ou de rayer du calendrier le festival Osheaga, un des rassemblements estivaux les plus courus.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Pour evenko, l’annonce de Québec suppose notamment de reporter ou de rayer du calendrier le festival Osheaga, un des rassemblements estivaux les plus courus.

Le Festival de jazz, Juste pour Rire, les Francos… De multiples grands rassemblements avaient déjà déclaré que leur édition 2020 n’aurait pas lieu. Vendredi, c’est devenu officiel. Le gouvernement du Québec a demandé l’annulation dans la province de tous les événements publics sportifs et culturels intérieurs comme extérieurs, incluant les festivals. Et ce, jusqu’au 31 août. « C’est contre nature ce qu’on fait. Et ce n’est pas de gaieté de cœur », a précisé au Devoir la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, qui s’est chargée de cette annonce avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, et la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest.

« Ça va carrément à l’encontre de l’essence de la culture et du tourisme, a-t-elle ajouté. Mais dans les festivals, il faut être près les uns les autres, en grand groupe… Donc on dit : non. On ne peut pas faire ça pour un bout. Parce que, ce qu’on craint, c’est une résurgence du virus si on ouvre la porte trop rapidement à une reprise partout en même temps. »

À l’instar de la date sur la fermeture des commerces non essentiels, cette date du 31 août, risque-t-elle d’être repoussée ? Les Québécois peuvent-ils être certains de pouvoir assister à un concert, et prendre un bain de foule sitôt septembre arrivé ? « Écoutez, si je le savais… ! On l’ignore. On ignore tout. Ce qui est important, c’est que cette pause des festivals d’été, on la fait parce que la seule façon de ralentir cette pandémie, c’est la distanciation sociale. Le but ultime, c’est de sauver des vies. Ce n’est que ça. On veut s’assurer qu’il n’y ait pas des milliers de Québécois qui meurent. »

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Éviter le brouillard

 

Si l’annonce est d’une infinie tristesse pour la vie culturelle et sportive au Québec, elle était néanmoins attendue par de nombreux organismes. Ces derniers souhaitaient éviter le cas par cas et le brouillard décisionnel. Comme le dit Martin Roy, président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI) : « On n’est pas des épidémiologistes ; on est des organisateurs d’événements. On est bons en promotion et en programmation. Mais la santé publique, ce n’est ni de notre domaine ni de notre ressort. »

Jusqu’à la mi-juillet, la plupart des membres du REMI avaient déjà mis une croix sur la tenue de leur édition estivale, remarque Martin Roy. « Mais après, on était dans le gris. On n’arrivait pas trop à savoir : qu’en serait-il avec les événements se déroulant en août ? »

La réponse est désormais claire : aucun d’entre eux ne pourra avoir lieu.

Du côté d’evenko, cela suppose notamment de reporter ou de rayer du calendrier ÎleSoniq et Osheaga, rassemblements musicaux courus se tenant la première et la seconde semaine du mois d’août. Confirmant que les événements prévus jusqu’à la date demandée par le gouvernement ne se tiendront pas, la compagnie a affirmé « poursuivre sa réflexion ». « Nous voulons prendre le temps de réfléchir à chaque [événement] et évaluer nos options », a précisé le président-directeur général Jacques Aubé par voie de communiqué.

Pistes de solutions à l’examen

Dans la foulée, le Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) a avisé que le salon PLEIN ART, qui devait se tenir dans la ville de Québec du 28 juillet au 9 août, était annulé, lui aussi. Le rassemblement devait célébrer son 40e anniversaire.

« Est-ce qu’il va reprendre vie sous une autre forme ? Est-ce qu’on va le repousser ? Je n’ai pas la réponse aujourd’hui », confie Julien Silvestre, directeur général du CMAQ.

L’an dernier, 165 000 visiteurs avaient assisté à PLEIN ART. Cet été, 140 artisans devaient y présenter le fruit de leur travail. « On pense organiser des événements de vente et de promotion en ligne, dit Julien Silvestre. Mais dans le travail de l’artisan, il y a un enjeu. Son produit, c’est aussi lui-même. De pouvoir en parler, d’avoir un contact humain, c’est important. On a tendance à l’oublier en cette ère numérique. »

Vendredi, le gouvernement du Québec a rappelé « prévoir et explorer diverses formes d’accompagnement et de soutien aux festivals et aux événements ». Martin Roy sent-il une réelle ouverture en ce sens ? « Oui. Mais les confirmations et les intentions, c’est toujours deux choses, répond le président-directeur général du REMI. J’attends que ce soit confirmé à tous les niveaux de gouvernement, avec tous nos partenaires, tous nos subventionnaires. Partout. Les festivals ont des revenus sur une période extrêmement courte. De trois à dix jours. Si les subventionnaires ne sont pas au rendez-vous, il nous reste zéro revenu. »

Exemptions sportives

 

Malgré la demande gouvernementale de mettre un terme à « tous les événements sportifs », en fin de journée vendredi, L’Impact de Montréal a envoyé un communiqué stipulant que « le bureau de la ministre du Tourisme a précisé que cette demande d’annulation du gouvernement ne s’adresse pas aux ligues de sport professionnel ».

Affirmant suivre la situation de près, l’équipe a déclaré que le « retour au jeu et les reprises des activités de la saison 2020 seront dictés par la MLS [Major League Soccer], en consultation avec les autorités de santé publique ».

Les organisateurs de la Coupe Rogers ont indiqué dans un communiqué qu’ils se prononceraient samedi sur la tenue de l’événement, mais son directeur, Eugène Lapierre, a confirmé vendredi soir à La Presse que le volet féminin prévu à Montréal n’aura pas lieu début août.



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