Négociations en accéléré dans le secteur public

Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé

La négociation se corse dans le secteur public, à quelques heures de l’échéance des conventions collectives, le 31 mars, et de plusieurs primes que touchent notamment les travailleurs dans la santé, le 30 mars — le tout dans le contexte de la crise du coronavirus.

En conférence de presse, le premier ministre François Legault a assuré qu’il ne voulait pas décréter les conditions de travail des employés de l’État et qu’il souhaitait toujours s’entendre avec les syndicats.

Ces négociations concernent 550 000 employés de l’État, dans la santé, l’éducation et la fonction publique.

« Les discussions se poursuivent de façon intensive avec tous les syndicats en vue du renouvellement des conventions collectives, mais je n’en dirai pas plus à ce sujet, puisque nous ne négocierons pas sur la place publique », a fait savoir lundi le président du Conseil du trésor et ministre responsable de l’Administration gouvernementale, Christian Dubé.

Les syndicats, eux, donnent un tout autre son de cloche. Ils rapportent que les discours encourageants du premier ministre et du ministre Dubé ne se traduisent pas en offres concrètes aux tables de négociation.

 

Il faut dire que ces négociations accélérées, lancées il y a quelques jours, sont entremêlées de la négociation de mesures pour protéger les travailleurs du coronavirus et leur verser une prime de reconnaissance dans ce contexte.

Les primes

 

Plusieurs primes prévues dans des lettres d’entente, dont celle aux salariés qui travaillent auprès de la clientèle en soins de longue durée — comme les préposés aux bénéficiaires — viennent à échéance le 30 mars.

Pour les préposés, la prime est de 180 $ par bloc de 750 heures de travail.

Il existe plusieurs autres primes qui prennent aussi fin le 30 mars, en vertu de lettres d’entente annexées aux conventions collectives : celle versée aux salariés qui travaillent auprès d’une clientèle ayant des troubles graves du comportement, une autre pour les psychologues, une autre de 10 % pour des ouvriers spécialisés qui travaillent dans les établissements de santé, par exemple.

Le gouvernement Legault avait déjà indiqué que ces primes qui arrivaient à échéance devraient être renégociées avec les syndicats.

De plus, les syndicats veulent obtenir une « prime ange gardien » pour leurs membres qui sont confrontés au risque du coronavirus.

« Nous travaillons aussi ardemment à soutenir le personnel du réseau de la santé, parce que les éléments qui touchent à sa protection sont, quant à eux, non négociables », a ajouté le ministre Dubé.

CSN déçue

 

À la CSN, deux fédérations sont sorties « extrêmement déçues », lundi après-midi, de leurs discussions au sujet des mesures liées au coronavirus.

La centrale demande le retrait de toutes les travailleuses enceintes ou immunosupprimées qui pourraient s’exposer au coronavirus. Elle demande aussi du soutien psychologique pour ses travailleurs dans la santé face au coronavirus.

Pourtant, le ministre Dubé assure que le gouvernement a « pris des engagements envers l’ensemble de notre personnel et tous les efforts nécessaires sont actuellement déployés pour donner à nos anges gardiens les outils dont ils ont besoin pour se défendre contre ce virus et affronter les prochaines semaines ».

CSQ insatisfaite

 

La CSQ se dit aussi « insatisfaite des paramètres de la prime pour coronavirus », qu’elle juge « trop limitative ». Les infirmières qui font les prélèvements, par exemple, en seraient exclues.

En fin d’après-midi lundi, la CSQ a aussi affirmé s’être fait dire que la prime des psychologues ne serait pas renouvelée.

Pour le reste, la Centrale des syndicats du Québec dit sentir « très peu de place pour des contre-propositions ».

FTQ discrète

 

La FTQ a eu des discussions avec le Conseil du trésor lundi matin, mais n’a pas voulu qualifier l’évolution de celles-ci.

En fin d’après-midi lundi, elle affirmait que « les canaux sont toujours ouverts avec le gouvernement ».

Préposés aux bénéficiaires

 

Lors de sa conférence de presse quotidienne, lundi, le premier ministre Legault a réitéré sa volonté d’accorder une rémunération plus élevée aux préposés aux bénéficiaires.

Ceux-ci touchent dans le secteur public 20,55 $ au premier échelon, jusqu’à 22,35 $ au cinquième et dernier échelon.

Il a même évoqué le fait que leurs primes puissent être intégrées à leur échelle salariale — ce qui déséquilibrerait toutefois le système des rangements salariaux prévu par l’équité salariale.

Dans les résidences pour aînés qui appartiennent à des entreprises privées — où le premier ministre Legault espère un « effet domino » engendré par le secteur public — les préposés gagnent souvent 13 à 14 $ l’heure. Les exigences de formation y sont toutefois moins élevées que dans le secteur public.

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