Des syndicats estiment que la crise actuelle se prête mal à des négociations

Les négociations de renouvellement des conventions collectives dans le secteur public n’ont produit que « très peu d’avancées » au cours de la dernière semaine, a affirmé la CSN dimanche en déclarant que l’« entêtement » du gouvernement à vouloir boucler des ententes rapidement freine les autres discussions portant sur la protection du personnel qui se trouve sur les premières lignes contre la COVID-19. L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) demande pour sa part des mesures « d’ici lundi ».
Environ 550 000 employés du secteur public sont touchés par les négociations, que le gouvernement Legault souhaite mener plus rapidement que dans le passé, car les conventions collectives arrivent à échéance le 31 mars. Or, plusieurs centrales estiment que la crise actuelle se prête mal à des négociations accélérées sur des enjeux qui, soulignent-elles, ne se dissiperont pas lorsque le coronavirus aura disparu du radar de la santé publique et du quotidien.
Invité à dire s’il souhaite boucler l’ensemble de l’opération d’un coup, une autre option étant la mise en place de mesures pour assurer la santé du personnel exposé, le premier ministre François Legault s’est montré prudent dans ses propos dimanche. « À ce que je sache, du côté de la santé, on s’entend bien sur les façons de protéger le personnel. Évidemment, il faut toujours faire attention pour utiliser les équipements médicaux juste quand c’est nécessaire », a-t-il dit lors de sa conférence de presse quotidienne.
« Sur la rémunération, on le dit depuis le début, […] même avant la crise, ce qu’on souhaite, c’est d’augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires. Ce n’est pas simple, actuellement au Québec, quand on négocie des augmentations de salaire, on donne la même augmentation à tout le monde. Mais nous, on pense, et c’est encore plus vrai avec l’arrivée du chèque de 2000 $ par mois, faire quelque chose de spécial pour les préposés aux bénéficiaires. Donc ça fait partie des discussions avec les syndicats. Et je vais laisser les discussions à la table. »
Au cabinet du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, on affirme que ce dernier n’a pas évoqué d’échéance pour en arriver à des ententes.
Dans un message que la CSN a envoyé à ses syndicats, la centrale syndicale affirme que le gouvernement est revenu à ses offres du mois de décembre. « Aujourd’hui, en pleine crise, il nous demande d’accepter un statu quo sur les conditions de travail pour les trois prochaines années et il tient à boucler cet important exercice d’ici le 31 mars, alors qu’une telle opération s’étend généralement sur des mois, voire plus encore. » Une solution serait d’adopter des mesures, « dont certaines de nature financière », afin de mettre les discussions en veilleuse pour une période qui pourrait aller jusqu’à la fin de l’été 2021.
De son côté, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui représente 55 000 membres, a sommé Québec de mettre en œuvre d’ici lundi des mesures visant à assurer la protection de « nos anges gardiens, comme il se plaît à les nommer, et ça, c’est non négociable », selon sa présidente, Andrée Poirier. « Ironiquement, des discussions intensives se sont amorcées aujourd’hui, dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions, pour justement déterminer les mesures à prendre pour assurer la protection des technicien.ne.s et des professionnel.le.s du réseau de la santé et des services sociaux. Ces mesures doivent être prises en cohérence avec les consignes de la santé publique, et non dépendre d’un processus de négociation où la partie patronale cherche à tout prix à minimiser les coûts pour le gouvernement. »
La situation actuelle ne devrait pas donner des idées au gouvernement Legault, a signalé samedi la Fédération autonome de l’enseignement, qui représente 45 000 membres, lorsqu’elle a mis Québec en garde de ne pas « profiter de la crise sanitaire […] pour tenter un coup de force ».