Pas de compromis pour Guy Nantel, plaident ses adversaires potentiels

L’humoriste Guy Nantel ne devrait pas demander d’accommodements pour la course à la direction du Parti québécois (PQ), selon certains de ses adversaires potentiels. Le député Sylvain Gaudreault, l’historien Frédéric Bastien et l’avocat Stéphane Handfield estiment tous que les règles qui seront adoptées samedi ne devraient pas être ajustées en fonction des demandes d’un candidat.
« Je pense que ce n’est pas à un candidat d’exiger que le PQ s’adapte à lui, a indiqué M. Bastien. Moi, je suis professeur à temps plein. Donc, j’enseigne, puis je fais ma course. C’est très demandant et je n’ai pas demandé d’accommodements à personne. C’est à moi de m’arranger. »
« Je crois que les règles de la course à la chefferie du PQ ne doivent pas être aménagées en fonction de l’agenda d’un candidat, a fait valoir M. Handfield dont la réflexion se poursuit. Tous les candidats ont des obligations professionnelles. Il faut donc faire des choix. »
« Je pense que parfois il peut y avoir des aménagements à la marge pour s’entendre sur un certain nombre de choses, a reconnu M. Gaudreault qui a été le premier à se lancer. Mais sur le fondamental — sur les dates de débat et ensuite sur qui a le droit de vote avec quelles conditions — ça c’est le parti qui fixe ça. C’est les militants, les instances démocratiques et reconnues du parti. Alors, moi je vais m’adapter à ça, puis je pense que c’est aux candidats de s’adapter aux règles du parti et non l’inverse. »
Paul St-Pierre Plamondon, qui a officiellement lancé sa course mardi soir, a souligné avoir mis son gagne-pain de côté pour se porter candidat. « Bien honnêtement, moi j’attends les règles, puis je vais suivre les règles, a-t-il dit. J’ai déjà suspendu ma pratique du droit pour les fins de la course. »
Carrière atypique
Guy Nantel songe toujours à tenter sa chance pour devenir le prochain chef du PQ et cherche à savoir s’il pourrait conjuguer sa tournée de spectacles avec le calendrier de la course à la direction.
Le président de l’association de circonscription de Sainte-Marie — Saint-Jacques, Christian Généreux, qui est en contact avec l’humoriste, a récemment proposé des amendements aux règles à l’exécutif national du parti. Il suggère, par exemple, que les dates de débats soient choisies par consensus entre les candidats et la présidente de l’élection, Agnès Maltais. En l’absence de consensus, il propose qu’elles soient fixées par tirage au sort.
« La raison est très simple, a justifié M. Généreux. M. Nantel n’a pas une carrière typique d’un politicien ou de quelqu’un qui veut se lancer dans une campagne électorale. Quand on est avocat, qu’on est professeur, on travaille le jour. On ne travaille pas le soir. M. Nantel, lui, sa carrière c’est le soir et les débats, c’est le soir. »
Il se défend de demander des accommodements puisqu’une telle décision pourrait également permettre à « n’importe qui d’autre dans une situation similaire de pouvoir se présenter » et éviterait au PQ d’avoir « l’air fou » de planifier un débat un jour où M. Nantel serait absent « pour des raisons professionnelles et contractuelles ».
Une conférence de coordination formée des neuf membres de l’exécutif national, des neuf membres du comité national des jeunes et des 18 présidents de région déterminera les règles finales.
Le nom du prochain chef du Parti québécois qui succédera à Jean-François Lisée sera connu le 19 juin.
Gaétan Barrette à la défense de Guy Nantel
Sans vouloir se prononcer sur les enjeux internes du Parti québécois, le député libéral Gaétan Barrette a défendu mardi une éventuelle candidature de Guy Nantel lorsqu’un journaliste lui a demandé si la candidature de l’humoriste faisait sérieux.« La réponse, c’est oui, a-t-il répondu. Pourquoi le citoyen Nantel serait-il incapable de faire de la politique ? C’est quoi cette affaire-là ? Moi, je ne la comprends pas. Ça ne se peut pas que ce gars-là soit intelligent, soit capable d’avoir et d’argumenter un discours politique ? »
Une personne comme Guy Nantel au PQ — ou Alexandre Cusson au PLQ — qui ne milite pas depuis des années au sein du parti qu’il songe à diriger et qui n’a jamais été élu a tout à fait sa place, selon M. Barrette.