Pour Geneviève Guilbeault, la police doit regagner la confiance du public

Bernard Sévigny, ex-maire de Sherbrooke, présidera le comité consultatif mis sur pied par la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Bernard Sévigny, ex-maire de Sherbrooke, présidera le comité consultatif mis sur pied par la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, sollicite l’avis d’un comité consultatif présidé par l’ex-maire Bernard Sévigny sur les façons de développer « une police efficace, efficiente et moderne, en phase avec les attentes des citoyens et l’évolution de notre société ».

Pour engager cette « sérieuse réflexion », elle a dévoilé mercredi après-midi un livre vert sur la police dans lequel elle aborde notamment l’évolution de la criminalité, du droit, des technologies et des médias sociaux et, conséquemment, l’évolution des attentes à l’égard de l’intervention policière au fil des dernières années.

Dans le document de quelque 50 pages, Mme Guilbault demande, par exemple, « quels outils et moyens sont nécessaires aux policiers pour s’adapter à l’omniprésence des nouvelles technologies dans la société et contrecarrer les occasions criminelles qui en découlent ».

« La législation encadrant la prestation des services de police au Québec doit, de toute évidence, être revue et actualisée », a fait valoir la vice-première ministre, près de 20 ans après le dernier examen en profondeur des règles régissant la police au Québec. « Si les précédents gouvernements se sont confortés dans l’indifférence, le nôtre a plutôt choisi d’agir », a-t-elle ajouté.

L’ex-maire de Sherbrooke et ex-président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Bernard Sévigny, sera épaulé par la juge à la retraite Nicole Gibeault, l’ex-députée fédérale Marlene Jennings, l’ancien chef de police Alexandre Matte ainsi que l’ex-policier et consultant Louis Côté. « Modernité », « confiance » et « efficience » : « ces mots seront nos guides », a indiqué le coordonnateur du comité consultatif, M. Sévigny, mercredi après-midi.

Selon la ministre, les policiers « doivent, pour remplir pleinement leur large mandat, entretenir le sentiment de sécurité et la confiance du public ». Or, « avec tout ce qui s’est passé, tout ce qui se passe, toutes les enquêtes qui ont achoppé — on en nomme et on en nomme —, la confiance du public est au plus bas probablement », a mentionné l’ex-magistrate Nicole Gibeault, après avoir promis de ne pas se « mettr[e] la tête dans le sable ».

La législation encadrant la prestation des services de police au Québec doit, de toute évidence, être revue et actualisée

Le comité consultatif « va jeter un regard » sur l’Unité permanente anticorruption (UPAC), qui a été éclaboussée par son lot de controverses, dont la démission de son premier commissaire, Robert Lafrenière, en 2018, a indiqué M. Sévigny. Compte-t-il interroger M. Lafrenière dans le cadre de ses travaux ? « Le comité consultatif n’a pas le pouvoir de contraindre », a souligné M. Côté, tout en rappelant que l’ex-patron de l’UPAC était vu jadis comme « l’Eliot Ness du Québec ». « Si c’est pertinent de rencontrer M. Lafrenière, on va le rencontrer, a ajouté M. Sévigny. Il va y avoir des consultations publiques où les citoyens vont être appelés à venir nous parler, à déposer des documents, et un certain nombre de rencontres en amont qui vont se faire de façon un peu plus privée, bon, pour des raisons, je dirais, de sécurité », a précisé l’ex-élu municipal.

Geneviève Guilbault souhaite avoir le rapport du comité consultatif en main d’ici la fin de l’année 2020, et ce, afin de légiférer, si nécessaire, avant les prochaines élections générales.

Un exercice de relations publiques, dit QS

 

Québec solidaire dénonce « un exercice de relations publiques qui vise à noyer le poisson » un an de plus. Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, s’inquiète que des audiences se tiennent à huis clos en l’absence d’élus de l’Assemblée nationale. « En pleine crise de confiance, la ministre aurait dû avoir la transparence comme priorité de travail transversale », a déclaré le porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sécurité publique.

En plus de la Sûreté du Québec, le Québec compte 30 corps de police municipaux ainsi que 22 corps de police autochtones.

 

Les recommandations de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics de la Commission d’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées concernant aussi bien les corps de police autochtones et les relations entre la police et les Autochtones feront l’objet d’un « suivi distinct » par le gouvernement caquiste, peut-on lire dans le livre vert.

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