Les Québécois sont prêts à élire un premier ministre homosexuel, selon Sylvain Gaudreault

Sylvain Gaudreault a déjà été chef intérimaire du PQ, de mai à octobre 2016, pendant la course qui a mené à l’élection de Jean-François Lisée.
Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Sylvain Gaudreault a déjà été chef intérimaire du PQ, de mai à octobre 2016, pendant la course qui a mené à l’élection de Jean-François Lisée.

Les Québécois sont prêts à élire un premier ministre homosexuel, estime le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qui s’est lancé lundi dans la course à la direction du Parti québécois (PQ).

Il a fait l’annonce de sa candidature dans sa circonscription au Saguenay, devant une centaine de partisans, dont plusieurs anciens ministres et députés péquistes.

Alors que des médias rapportaient la réticence de certains libéraux à choisir comme chef Dominique Anglade, une femme d’origine haïtienne, M. Gaudreault, qui est ouvertement homosexuel, soutient pour sa part que les Québécois sont respectueux et sont ouverts à son égard.

Selon lui, les Québécois regardent d’abord et avant tout qui ils ont devant eux en se posant ces questions: est-ce quelqu’un de responsable? Crédible? Qui a livré la marchandise? Qui croit à la lutte à la crise climatique? Branché sur les régions?

«Le reste, la vie privée, les gens au Québec sont très respectueux de ça, alors bien sûr, les Québécois sont prêts» à élire un premier ministre gai, a-t-il déclaré en mêlée de presse.

M. Gaudreault a été élu pour la première fois aux élections générales de 2007, à l’époque où le chef du PQ était André Boisclair, qui avait eu des déboires en campagne électorale. C’était la première fois qu’un chef de parti s’affichait comme ouvertement homosexuel.

Méthode Gaudreault

 

Réélu sans interruption depuis 2007, devenu tour à tour ministre et chef intérimaire de l’Opposition, M. Gaudreault a dit qu’il est rendu à l’étape «d’exporter la méthode Gaudreault». Perçu comme enraciné dans sa circonscription, il a expliqué que sa méthode est d’être à l’écoute, d’asseoir les gens ensemble et de trouver des solutions.

«Les solutions ne sont pas toutes entre mes mains, elles sont entre les mains des gens. [...] Il y a une différence entre Jonquière et le Québec, a-t-il reconnu, mais j’ai le goût d’exporter cette façon de faire», qu’il a qualifiée de «leadership de proximité».

Il a affirmé haut et fort son credo indépendantiste en émettant le souhait que le Québec soit le premier pays au monde à faire son entrée à l’Organisation des Nations unies (ONU) avec une économie verte.

«Nous devons remettre l’indépendance au sommet des priorités du Québec», comme seul moyen de défendre la laïcité et la langue française, seul moyen de refuser un oléoduc imposé par le fédéral, taxer les géants comme Netflix et Google, a-t-il évoqué entre autres.

«Je travaille pour gagner»

M. Gaudreault dit toutefois être «conscient» du défi. Le PQ est passé de 28 élus à la dissolution du Parlement en 2018 à neuf aujourd’hui. Il croit que c’est possible de former le prochain gouvernement et de réaliser l’indépendance. «Je travaille pour gagner», a-t-il dit, mais en lançant un avertissement aux militants.

«Préparez-vous à travailler», a-t-il prévenu, en disant qu’il n’y aura pas un plan d’action, mais 125, un par exécutif de circonscription, pour aller parler aux gens, rapprocher les adversaires, écouter les préoccupations et les traduire en objectifs pour les élus en Chambre. «C’est ça, la méthode Gaudreault», a-t-il résumé.

À titre de premier ministre, il affirme que son premier geste serait de déposer un projet de loi qui affirme que l’environnement est de la compétence exclusive du Québec, «pour tout ce qui se passe et passe sur notre territoire».

Le poste de chef du PQ est vacant depuis la démission de Jean-François Lisée, le soir de la défaite historique du parti aux élections générales du 1er octobre 2018.

 

M. Gaudreault avait déjà manifesté son intérêt et avait jaugé ses appuis au dernier congrès spécial du PQ à Trois-Rivières, en novembre.

Sa feuille de route

 

Le député de Jonquière a déjà été chef intérimaire du PQ, de mai à octobre 2016, pendant la course qui a mené à l’élection de M. Lisée. Il a d’ailleurs laissé entendre que cet intérim lui avait donné le goût de la chefferie.

Un ancien candidat dans la course à la direction du PQ de 2016, Paul Saint-Pierre Plamondon, est aussi pressenti pour se lancer dans la course actuelle. Le nom de l’historien Frédéric Bastien circule également.

Le nouveau chef du Parti québécois sera choisi en 2020. Les règles de la course seront déterminées par les instances du parti au début de l’année prochaine.

Élu pour la première fois en 2007, M. Gaudreault a été ministre des Transports et des Affaires municipales du gouvernement Marois de 2012 à 2014.

Dans l’opposition, il s’est souvent démarqué comme porte-parole péquiste en matière d’environnement. Il est toujours titulaire de ce dossier à l’Assemblée nationale pour le PQ, en plus de celui de la santé.

Aux élections de 2018, M. Gaudreault est le seul élu péquiste à avoir gardé son siège dans la région très nationaliste du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a basculé dans le giron caquiste.

Un député de Jonquière a déjà été chef du PQ: en janvier 1996, Lucien Bouchard avait démissionné de son poste de chef du Bloc québécois aux Communes et de député fédéral de Lac-Saint-Jean pour devenir chef du Parti québécois peu après, puis être élu député péquiste de Jonquière lors d’une élection complémentaire en février.

Le PQ forme le troisième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, avec neuf députés.


Sylvain Gaudreault en bref

Né en 1970

Diplômé en droit et ancien professeur d’histoire au cégep de Jonquière

Élu député de Jonquière pour la première fois aux élections générales de mars 2007, il y a été réélu sans interruption depuis.


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