QS se dit en mesure de rendre «attirant pour toutes les générations» le mouvement indépendantiste

« Je ne vois aucune contradiction entre la croissance de Québec solidaire et l’affirmation de nos principes indépendantistes, bien au contraire », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois en marge du congrès de QS.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne « Je ne vois aucune contradiction entre la croissance de Québec solidaire et l’affirmation de nos principes indépendantistes, bien au contraire », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois en marge du congrès de QS.

S’il remporte les prochaines élections, Québec solidaire dérogera à la Constitution canadienne — un « torchon colonial », selon une militante — pour mettre en oeuvre son ambitieux programme.

Du coup, un gouvernement solidaire ignorera le partage des pouvoirs législatifs entre Ottawa et Québec prévu par la Loi constitutionnelle de 1867, frappera d’un impôt ou d’une taxe les géants du Web, bloquera tout projet d’oléoduc ou de gazoduc, imposera des mesures d’écofiscalité à une entreprise étrangère, ont averti Gabriel Nadeau-Dubois et Sol Zanetti en marge du congrès 2019 de leur formation politique, samedi soir.

Les délégués du parti de gauche s’étaient entendus quelques minutes plus tôt sur une série de « gestes de rupture » avec le Canada à poser par les membres d’un gouvernement solidaire dès le lendemain d’une victoire électorale. 

Aux commandes de l’État, QS percevra et redistribuera les impôts, taxes et contributions fédéraux payés sur le territoire québécois, et « planifiera l’intégration des fonctionnaires fédéraux québécois qui le souhaitent à la fonction publique d’un Québec indépendant », entre autres choses.

Exit la royauté

 

Ce n’est pas tout, un gouvernement solidaire montrera la porte au lieutenant-gouverneur, en plus d’abolir le serment d’allégeance des membres de l’Assemblée nationale à la Reine ou au Roi du Canada, ont décidé tous les délégués présents dans l’auditorium du cégep Édouard-Montpetit au moment du vote, samedi soir. 

Tant pis s’ils violent la Constitution canadienne chemin faisant. Il s’agit d’une constitution « illégitime » faite par « une gang de vieux lords saouls », a fait valoir l’ex-présidente d’Option nationale, Émilie Charbonneau, durant le débat. « Bref, un torchon colonial », a-t-elle résumé.

« Le Québec, un pays !, Le Québec, un pays ! » scandaient les militants après l’annonce des résultats.

Les délégués ont « clarifié » et « étoffé » la période de transition débutant avec l’élection d’un gouvernement de QS et terminant avec la tenue d’un référendum sur le projet de Constitution d’un Québec indépendant, qui aura été rédigé par une assemblée constituante. 

« Nous sommes conscients qu’une des faiblesses historiques du mouvement indépendantiste, ç’a été de ne pas avoir réponse à toutes les questions, notamment à la question de la transition vers l’indépendance : comment on passe d’un Québec-province à un Québec-pays ; à quel rythme » a affirmé M. Nadeau-Dubois.

Pour le militant François Saillant, « c’est important un moment donné de dire qu’on est capable de poser des gestes de rupture avec le fédéralisme ».

Un parti d’indépendantistes

Québec solidaire continuera de gagner des appuis dans la population en prônant un discours indépendantiste plus affirmé, est persuadé Gabriel Nadeau-Dubois. « Je ne vois aucune contradiction entre la croissance de Québec solidaire et l’affirmation de nos principes indépendantistes, bien au contraire », a-t-il dit à la presse.

QS est en mesure de « renouveler » et de rendre « attirant pour toutes les générations » le mouvement indépendantiste notamment « en mettant la question des changements climatiques au coeur du projet [de pays] », est d’avis l’homme de 29 ans.

M. Nadeau-Dubois a aussi indiqué aux journalistes n’avoir « jamais rencontré de fédéralistes de gauche » dans les rangs de QS. « On ne fait pas de Serment du Test quand les gens deviennent membres de Québec solidaire », a toutefois précisé le député de Gouin aux médias. « S’il y en avait, je leur demanderais de m’expliquer en quoi ils peuvent faire la transition écologique et la réconciliation avec les premiers peuples et la justice fiscale à l’intérieur du Canada », a-t-il poursuivi.

L’ex-chef d’Option nationale — et député solidaire de Jean-Lesage — Sol Zanetti se réjouit de voir sa nouvelle formation politique ne pas succomber à la tentation d’« essa[yer] de plaire à tout le monde ». « Il n’y a jamais eu un parti au Québec qui a eu une démarche indépendantiste aussi claire, aussi affirmée, aussi décomplexée que Québec solidaire », a-t-il fait valoir. « Probablement qu’il y en a aussi [des sympathisants] à Québec solidaire qui, sur le projet de société, sont d’accord [mais] ne sont pas tout à fait à l’aise d’être dans un parti indépendantiste. Je pense que ces gens-là sont bienvenus pourvu qu’ils se rallient au fait que le parti lui-même est indépendantiste », a-t-il déclaré. 

Une armée pour un Québec indépendant

Un gouvernement solidaire mettra sur pied une « force d’autodéfense hybride, à composantes civile et militaire, dont le rôle sera axé sur la sécurité collective et la dissuasion », ont convenu les délégués de QS samedi soir. Le Québec se dotera aussi d’une politique de défense qui « sera centrée sur la protection des personnes, des biens, des ressources, des infrastructures stratégiques et du territoire ». L’armée québécoise repousserait des attaques, mais n’en lancerait pas, a précisé l’état-major de QS.



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