La CSN cherche à s’attaquer aux préjugés sur le secteur public

À l’approche des négociations dans le secteur public, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) lance lundi une campagne pour briser l’image de privilégiés qui colle aux employés de l’État.
« Dans les services publics, combien de personnes gagnent moins que le salaire moyen du Québec ? » peut-on lire sur les nouvelles affiches diffusées par la CSN. Le lecteur a comme choix de réponses : « aucune, elles sont riches comme Crésus », mais la bonne réponse est « près de 200 000 ».
La CSN et les autres syndicats qui représentent les employés de l’État doivent présenter à la fin octobre leurs demandes au gouvernement en vue du renouvellement de la convention collective qui arrive à échéance le 31 mars.
À elle seule, la CSN représente 150 000 des 400 000 employés du secteur public, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Sa campagne vise à répliquer au discours de certains « chroniqueurs de droite » et politiciens sur les salaires « supposément exorbitants » et la sécurité d’emploi écrit Caroline Senneville, la responsable des négociations dans le journal interne de l’organisation.
Préposées aux bénéficiaires et cie
La CSN souhaite aussi répliquer au premier ministre François Legault, qui a cherché récemment à faire baisser les attentes des syndicats à l’approche de la négociation. « Les surplus n’appartiennent pas aux syndicats », avait-il dit. « Ils appartiennent aux Québécois, et, moi, j’ai promis de remettre beaucoup d’argent dans le portefeuille des Québécois. »
M. Legault avait aussi laissé entendre que les surplus dont jouit son gouvernement étaient déjà alloués à autre chose. Des propos jugés « méprisants » par la CSN. « Que dit M. Legault lorsqu’il s’exprime ainsi ? Que ses propres employés ne sont pas des citoyennes et des citoyens à part entière ? », dénonce Mme Senneville.
Possible front commun ?
Outre la CSN, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) sont les principales centrales actives dans le secteur public. Lors de la dernière négociation en 2014-2015, elles avaient constitué un front commun avec le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et l’Association du personnel professionnel et technique de la santé (APTS) et lancé une grève tournante commune. Or, on ignore pour l’instant si ce sera le cas cette fois-ci.
Des représentants des trois syndicats se sont rencontrés vendredi pour faire le point sur les consultations menées auprès de leurs membres. Mais la décision sur un éventuel front commun n’a pas encore été prise, selon nos informations.
La décision s’annonce d’autant plus difficile que, contrairement à ce qui se fait normalement, le Conseil du trésor ne souhaite pas consentir la même hausse de salaire à tous ses employés.
Le gouvernement Legault a plutôt l’intention de prioriser certains groupes d’employés, comme les préposés aux bénéficiaires au moyen d’une négociation « différenciée ».
Pour sensibiliser la population et le gouvernement, les syndicats répètent depuis des mois qu’ils ont subi durement les années « d’austérité libérale ». À la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), par exemple, le cahier de propositions adoptées par les membres s’intitule « Travailler à se rendre malade, c’est terminé ».
Au terme de la dernière négociation, les syndicats avaient obtenu des hausses salariales successives de 1,5 % (2016), 1,75 % (2017) et 2 % (2018). Pour les années 2015 et 2019, on leur avait consenti des montants forfaitaires (valides pour une seule année) de 500 $ en 2015 et 250 $ en 2019 avec l’équivalent de 2,4 % leur salaire pour les paiements de relativité salariale.