Les producteurs de grains craignent de faire les frais des nouvelles règles

Le déficit des producteurs québécois avec leurs concurrents américains s’élève à environ 20 000 $ par ferme, peut-on lire dans le mémoire des Producteurs de grains du Québec.
Photo: Getty Images Le déficit des producteurs québécois avec leurs concurrents américains s’élève à environ 20 000 $ par ferme, peut-on lire dans le mémoire des Producteurs de grains du Québec.

L’encadrement de pesticides doit tenir compte des coûts supplémentaires que cela impose aux agriculteurs, selon les Producteurs de grains du Québec (PGQ). Son président, Christian Overbeek, témoignait mercredi dans le cadre de la commission parlementaire sur les répercussions de l’utilisation abusive des pesticides sur la santé et l’environnement.

« Lorsque le gouvernement amène de la nouvelle réglementation, il arrive à l’occasion que les impacts économiques n’aient pas été suffisamment évalués et ça peut entraîner des charges supplémentaires auprès des producteurs, a-t-il fait valoir. Ça diminue d’autant leur compétitivité dans un marché des grains qui est basé sur des éléments internationaux. »

Le déficit des producteurs québécois avec leurs concurrents américains s’élève à environ 20 000 $ par ferme, peut-on lire dans le mémoire des PGQ. La réglementation actuelle sur les pesticides « coûte en moyenne 9000 $ par ferme ». Même facture pour l’aménagement des bandes riveraines.

Le gouvernement devrait donc éliminer les prescriptions agronomiques qui représentent un fardeau administratif pour les producteurs et améliorer l’accompagnement pour lutter contre les insectes ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes.

« S’il y a des éléments qui entraînent des charges supplémentaires auprès des producteurs, que ce soit expliqué à la société et que le gouvernement vienne en appui aux agriculteurs pour répondre aux attentes sociétales », a suggéré M. Overbeek en mêlée de presse.

Son témoignage a causé certaines tensions lorsqu’il a insinué que la commission parlementaire était biaisée. « Nous, nous souhaitons que l’ensemble des membres de cette commission n’exprime pas certains éléments avant la fin de la commission », a-t-il dit avant de répondre aux questions des élus. Il faisait référence à la prise de position lundi de la députée de Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien qui espère que les travaux aboutiront à un « plan pour sortir notre agriculture des pesticides ». « Je peux vous rassurer qu’il n’y a eu aucune discussion sur aucune conclusion hâtive », lui a répondu le caquiste Mathieu Lemay qui présidait les échanges. « C’est assez grave, ce que vous mentionnez, M. Overbeek, lui a répondu à son tour la députée libérale Marie Montpetit en lui demandant « d’être clair dans ses propos et de ne pas faire des allusions à peine voilées ».

Le président des PGQ a également déploré que la commission, qui a visité certaines fermes de la Montérégie, « n’ait pas daigné venir à notre rencontre sur une ferme qui était représentative de la production de grain au Québec ». « Notre réalité quotidienne demande beaucoup plus de nuances que des idées toutes faites élaborées dans le confort de son salon sans contact direct avec l’agriculture », a-t-il souligné en appelant à une meilleure reconnaissance envers ce secteur de l’économie.

Aucun député à la commission n’a posé de questions à M. Overbeek sur la controverse survenue au Centre de recherche sur les grains dont il était le président jusqu’en avril.

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