Des organismes réclament une commission parlementaire sur le bilan du BEI

Les organismes ont mis en doute l’indépendance réelle du BEI et soutenu que ses règles de fonctionnement protègent davantage les policiers responsables de gestes malheureux que le public.
Photo: iStock Les organismes ont mis en doute l’indépendance réelle du BEI et soutenu que ses règles de fonctionnement protègent davantage les policiers responsables de gestes malheureux que le public.

Une coalition d’organismes estime que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) doit rendre des comptes au grand public et réclame une commission parlementaire pour faire le bilan de ses trois premières années d’activité.

Les organismes, avec à leur tête la Ligue des droits et libertés, ont dénoncé lundi à Montréal le manque de transparence du BEI.

Il y a plusieurs insatisfactions; il y a aussi un manque de confiance. La transparence n’est pas au rendez-vous

En compagnie de parents de deux victimes de bavures policières, ils ont mis en doute l’indépendance réelle du Bureau et soutenu que ses règles de fonctionnement protègent davantage les policiers responsables de gestes malheureux que le public.

« Quand [les enquêteurs du BEI] sont partis, ils m’avaient convaincue que leur enquête se ferait avec rigueur, intégrité et transparence », a affirmé Tracy Wing, dont le fils de 17 ans, Riley Fairholm, a été abattu par des policiers de la Sûreté du Québec en juillet 2018 à Lac-Brome alors qu’il se trouvait dans le stationnement d’un restaurant désaffecté avec un fusil à air comprimé.

Cette confiance s’est toutefois rapidement effritée quand Mme Wing, en quête de réponses, a trouvé des témoins que le BEI n’avait jamais contactés et qu’elle a elle-même avisé le BEI de leur existence et de leur disponibilité. Et surtout, lorsque le BEI a publié un bref communiqué en mai dernier relatant « les faits » et qu’elle a constaté qu’« aucun de ces faits n’est corroboré par les déclarations des témoins que j’ai mentionnés ».

« J’ai deux questions pour madame la ministre [de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault] : quand est-ce que le public va être informé de la version des témoins et non seulement la version des policiers ? Et, madame la ministre, qu’est-ce qui se passe au BEI ? »

Depuis sa première enquête, en juillet 2016, le BEI a été appelé à se pencher sur 138 dossiers. Aucun de ces dossiers n’a donné lieu à des poursuites du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) contre des policiers.

Jusqu’ici, le DPCP a fermé 77 dossiers sans porter d’accusations et 28 autres sont en attente d’une décision. Le BEI n’a pas terminé son enquête dans les 33 autres cas.

« Il y a plusieurs insatisfactions ; il y a aussi un manque de confiance. La transparence n’est pas au rendez-vous », a déploré Ève-Marie Lacasse, de la Ligue des droits et libertés.

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