Québec compte toujours privatiser ses données

Le ministre québécois délégué à la Transformation numérique gouvernementale, Éric Caire, croit que la consolidation des centres de données permettra de rehausser leur sécurité puisqu’ils seront beaucoup moins nombreux.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le ministre québécois délégué à la Transformation numérique gouvernementale, Éric Caire, croit que la consolidation des centres de données permettra de rehausser leur sécurité puisqu’ils seront beaucoup moins nombreux.

La fuite de donnée chez Capital One est préoccupante, mais elle ne remet pas en question la privatisation des centres de données du gouvernement québécois dont est responsable le ministre Éric Caire.

« C’est sûr que c’est inquiétant de voir de grandes organisations comme ça être dans une telle situation, mais je pense que ça nous force collectivement à comprendre à quel point la cybersécurité est un enjeu important », a-t-il affirmé en entrevue au Devoir.

Je ne peux pas garantir aux Québécois le risque zéro

Le gouvernement Legault prévoit de stocker 80 % des informations de ses centres de données dans des serveurs du secteur privé. Les 20 % de données considérées comme très critiques, par exemple la liste des délateurs de la Sûreté du Québec, demeureront dans des serveurs appartenant à l’État. Un responsable de la cybersécurité vient d’être embauché pour s’assurer que ces renseignements seront protégés adéquatement. Mais qu’en est-il du reste des informations que les Québécois fourniront au gouvernement ?

« Je ne peux pas garantir aux Québécois le risque zéro, ça, c’est vrai, et il n’y a aucune organisation qui pourrait le garantir, a-t-il reconnu. Par contre, ce qu’on peut garantir, c’est qu’on peut mettre en place des processus, des façons de faire, des applications qui vont rendre ça tellement complexe que ça va être assez rare. » Il envisage l’usage de cartes à puce et de données biométriques.

M. Caire croit que la consolidation des centres de données permettra de rehausser leur sécurité puisqu’ils seront beaucoup moins nombreux. Le gouvernement croyait initialement qu’il en possédait 457, mais il s’est récemment rendu compte que ce chiffre était plutôt de 550 ! « Ça veut dire qu’on avait une centaine de centres qui n’étaient même pas répertoriés », a constaté le ministre. Difficile dans une telle situation de savoir s’il y a des intrusions malveillantes, selon lui. « Si toutes tes choses sont dispersées, tu n’es pas capable de voir s’il y a un mouvement qui n’a pas d’allure », a-t-il résumé.

Le gouvernement devra donc s’assurer que les entreprises auxquelles les contrats pour l’infonuagique seront accordés aient des processus de détection et d’intervention rapide en cas d’intrusion.

La première phase de ce projet consiste à consolider 120 centres de données d’ici 2023. Un projet de 150 millions de dollars qui devrait générer 100 millions d’économies annuelles à la fin du mandat caquiste, selon les estimations gouvernementales.

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